ILE DE PAQUES_6_puzzle rapanui_phase de peuplement_photos
EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Tue 19 Apr 2011 02:17
Sommaire du jour Le Peuplement de Rapa Nui L'aspect de l'île au moment du débarquement des premiers hommes Moyens de subsistance Habitat des pascuans Quelle densité de population? Quant aux oreilles? Fin de message et suivant (photos) Bonjour, Si le puzzle est incomplet quant à l'origine et à la datation de l'arrivée des premiers hommes en terre pascuane, la suite est plus lacunaire encore. La plupart des narrateurs s'en sortent en faisant appel aux multiples légendes glanées auprès de vieux rapanui. Il est vrai que les premiers habitants se transmettaient oralement, de génération en génération, l'histoire de leur peuple, les hauts faits des guerriers et surtout la généalogie des grands chefs. C'est une coutume très répandue en Polynésie également. Je n'évoquerai ici que les faits avérés et les questions en suspens. Le Peuplement de Rapa NuiL'aspect de l'île au moment du débarquement des premiers hommes Rapa Nui n'a pas toujours présenté l'air désertique qu'elle montre aujourd'hui. Lors de l'arrivée des premiers hommes, elle était recouverte d'une végétation endémique. Grâce aux analyses polliniques, les chercheurs ont été capables de désigner au moins huit espèces végétales présentes sur l'île. Dont les deux principales étaient l'acacia (sophora toromiro) et le palmier Paschallococos disperta. Ce palmier est caractérisé par une croissance lente. Il demande entre 40 et 60 ans avant de présenter ses premiers fruits et donc, son moyen de reproduction. Cette longévité est à comparer avec l'espérance de vie des Rapa Nui qui se situait autour de 30 années. Cette lenteur à se reproduire est à mettre en parallèle avec la dégradation que subit au fil des siècles, l'île entière. D'autres études ont permis de déterminer que l'île n'était pas seulement couverte de palmiers et d'acacias. Ainsi, l'étude des combustibles d'antan a révélé une flore ligneuse, et quatorze espèces d'arbres sont venues s'ajouter aux huit espèces découvertes au travers des analyses polliniques. Les dernières études ont également prouvé la brusque disparition des arbres entre le seizième et le dix-septième siècle. Moyens de subsistance Les premiers hommes ont apporté sur leurs pirogues le mode alimentaire qu'ils pratiquaient dans leurs îles d'origine : poules (rats comestibles?), igname, taro, banane, canne à sucre, arrow-root (Fécule comestible extraite des rhizomes ou des bulbes de diverses plantes tropicales) et la patate douce. Ces aliments de base les sauvèrent de la famine, lorsque plus tard la forêt fut dévastée. Au début de leur établissement, la présence de bois leur permit de construire des pirogues capables de les emmener en mer pêcher pour le clan. Habitat des pascuans Bien que l'île présente une végétation accueillante, elle est en tout point différente de la terre d'origine des Rapanui. Située vers le 27°sud, ils ne vivent plus dans un climat tropical qui facilite énormément le quotidien des Polynésiens, mais sur une île battue par les vents, où la température descend en hiver sous les 15 degrés, et où les pluies moins abondantes rendent le terrain plus aride. Autour d'eux, l'océan est le plus souvent déchaîné. Les Rapanui adaptent leur habitat aux conditions. Ils protègent leur famille des intempéries en choisissant des cavités naturelles engendrées par le sol volcanique, ils bâtissent des villages dont les maisons étaient de facture inaccoutumée. Le soubassement est fait de murets de pierres creusées de cavités celles-ci accueillent des perches de bois qui supportent un toit végétal. Une seule ouverture donne accès à l'intérieur. Celle-ci est si exiguë qu'il faut y pénétrer en rampant. Cette absence d'orifices est représentative d'une nécessité de se protéger contre les éléments. Ces maisons sont de forme ovale. La largeur maximum est d'à peine quatre mètres. En revanche, elles sont très longues, certaines mesurant plus de quarante mètres. Un tout autre type d'habitations est visible sur les sommets du volcan Rano Kau sur le site d'Orongo. A flanc de falaise, cinquante trois maisons de type presque troglodyte sont entièrement faites de pierres plates empilées et adossées à la pente du volcan. L'entrée est similaire à celles précitées. Les habitants durent renoncer à leurs toits traditionnels, car les matières végétales n'auraient pas résisté aux vents forts et constants de ce site. Ces maisons nous font beaucoup penser à celles qu'on trouve en Lozère et sont l'oeuvre d'un peuple doué d'une industrie de la pierre au plus haut de son art. Quelques maisons du même type se trouvent sur le site de Tahai, non loin du village principal. L'île était divisée en une dizaine de clans, tous organisés autour du "ahu", l'autel où étaient dressés les Moai. Les noms de ces clans étaient : Aka'hanga, Anakena, Heiki'i, Mahetua, Taha'i, Tepe'u, Tongariki, Va'i Mata et Vinapu (aujourd'hui, les principaux sites archéologiques de l'île). Quelle densité de population? Du creuset de la population initial naquit un nouveau peuple. Au vue de la quantité de soubassements de maisons trouvés, Jared Diamond a estimé le nombre d'habitants entre 9000 et 15 000 entre le XVIe siècle et le XVIIe siècle. Mais là encore, les experts se chamaillent, et certains ingénieurs agronomes, comme Daniel Taruno déclarent la chose impossible : "Il semble impossible qu’une société néolithique qui ne connaissait pas la roue et n’élevait pas de bêtes de trait ait pu développer la productivité agricole au point de nourrir 15 000 êtres humains sur 165 km², soit 90 habitants/km²". Selon Marcel Mazoyer et Laurence Roudart, auteurs de "la monumentale Histoire des agricultures du monde" : "une telle densité représenterait trois fois celles de la Grèce et de l’Italie antiques. L'agriculture pascuane se situerait ainsi presque au niveau de productivité du système agraire ultra-performant de l’Egypte pharaonique." Il reste une question de taille : Combien d'hommes se sont succédés sur les chantiers de sculpture des Moai? Car les 887 Moai sont bel et bien présents et attestent d'une dépense d'énergie qui nécessitait des hommes. Quant aux oreilles? Courtes ou longues? Esclaves ou dominants? Guerres de clans ou révolte des dominés? Tout le monde a en tête ce dessin d'un Rapanui aux longues oreilles. On lit de tout, sur la nation qui occupa l'île. Le refrain préféré est celui qui met en scène des hommes aux longues oreilles qui auraient exigé d'une caste inférieure (aux courtes oreilles) de bâtir les fameux Moai. Tout au plus, peut-on dire qu'il existait bel et bien une mode de la déformation de l'oreille sur l'île de Pâques. Le navigateur hollandais, Roggeveen en fait une description assez précise en 1722 : "Il faut savoir que dans cette population, les jeunes ont le lobe de l’oreille étiré, une petite partie est fendue et la rondelle blanche est insérée dans cette ouverture puis poussée vers la partie la plus large en la fermant. Quand ils étaient aux travaux des champs ou nageaient, ces pendants d’oreilles étaient incommodes. Ils les retiraient et relevaient le lobe de l’oreille vers le haut, ce qui leur donnait une étrange apparence comique." Alfred Métraux, ethnologue suisse, qui publia de nombreuses études qui font loi, rajoute quelques détails : "Le percement des lobes de l’oreille et l’agrandissement de ce trou par l’insertion de feuilles de canne à sucre roulées ou autres objets se font comme dans les temps anciens. Les plaques ornant les oreilles faites à partir de plantes ne sont pas les ornements les plus couramment remarqués, il y a des vertèbres de requin, des morceaux de bois ou d’os" Prochain épisode : Phase mégalithique ou l'âge d'or des Moai Nat et Dom www.etoiledelune.net Sources http://www.jeanhervedaude.com/Ile%20de%20Paques%20Toromiro2.htm Aux confins de la Polynésie, l'île de Pâques Michel Orliac Chercheur au CNRS Courtoisie : Archives d’Etat de Hollande Journal de Jacob Roggeveen Découverte de l’île de Pâques. L'île de Pâques Alfred Métraux Gallimard, Paris, Nouvelle édition 1980 Documentation du Musée Englert de Rapanui wikipedia_ile de Pâques |