DOSSIER INFO_Pacifique Sud_transoceanique_Ninio et Ninia_Moyens de communication

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Mon 6 Dec 2010 17:41

Le bon moment pour partir vers la Polynésie...

De quoi traite cet article ?

Ceci n'est pas un guide nautique ou météorologique, il ne détaille pas les théories très compliquées sur El Niño ou la Niña. Son but, simple, est de prendre en considération les conséquences des apparitions cycliques des épisodes météorologiques majeurs du Pacifique Sud, afin que vous puissiez déterminer les moments opportuns pour quitter le continent américain vers la Polynésie ainsi que les périodes de navigations sans risque. En fin de dossier, vous trouverez la liste des moyens de communication fonctionnant dans le grand océan, ainsi que celle des bulletins météo intéressants.

Sommaire

Introduction
La fréquence d'apparition des Niño-Niña
Comment savoir dans quel cycle on se trouve?
Quelles sont les zones cycloniques de la Polynésie?
Quand traverser et quand naviguer?

    Episode Niño :
        Stratégie Niño
        Départ du continent sud-américain :
        Pendant la saison cyclonique :
    Episode la Niña
        Stratégie la Niña
        Départ du continent sud-américain :
        Avantages d'un départ tôt dans l'année:
        Pendant la saison cyclonique :
    Année « normale ».
        Stratégie de navigation pendant les années « normales »
        Départ du continent sud-américain :
        Pendant la saison cyclonique :
Les sites sur le Net utiles :
Obtenir la météo
Les moyens de communication du bord

    IRIDIUM
    BLU
    WINLINK :
    SAILMAIL

Introduction

Le Pacifique ne fonctionne pas tout à fait comme l'Atlantique. Dans la Caraïbe, chaque année, la saison cyclonique pointe son nez vers juin/juillet et s'arrête fin octobre ou tout début novembre. Dans cette période, il vaut mieux fuir la zone, trouver abri sur les bordures. Pour le Pacifique Sud, les météorologues définissent des grandes zones cycloniques et leurs périodes à risque (de novembre à mai). Mais, il n'y a pas dans l'océan de réel « abri ». A moins de le traverser en six mois, il faut jongler avec les particularités de ce vaste océan pour trouver un programme de navigation adéquat.

La fréquence d'apparition des Niño-Niña
La fréquence de l'apparition des deux phénomènes semble se réduire de plus en plus. Les années Niño ne sont pas toujours suivies d'une année Niña. Mais sur ces vingt dernières années, il y eut 8 années Niño et 6 années Niña. Les années normales sont au nombre de 6. Durant cette période, cinq Niña ont directement suivi un Niño. Les manifestations de ces épisodes peuvent durer jusqu'à dix-huit mois. Leur impact dans le Pacifique est surtout important pendant la saison cyclonique générant plus ou moins de perturbations tropicales selon la phase dans laquelle on se trouve.

Niño = risque élevé de cyclones sur la Polynésie

Niña = risque très faible de cyclones sur la Polynésie


Années Niño                    Années Niña

1991-1992

1992-1993

1994-1995
                                                         1995-1996
1997-1998
                                                        1998-1999

                                                        2000-2001
2002-2003

2004-2005


                                                        Début de 2006
2006-2007


                                                        2007-2008
2009


                                                        la fin de 2010

Comment savoir dans quel cycle on se trouve?

Les sites Internet de la Noaa, et celui de  cyclonextreme seront les meilleurs alliés de ceux qui projettent de passer dans le Pacifique, consultez-les avant de vous y élancer. Dès le mois de juillet précédent votre passage du canal, vérifiez la phase de ENSO. Cela vous aidera à planifier vos navigations jusqu'en Polynésie, activant le pas ou le ralentissant selon le cas.

Quelles sont les zones cycloniques de la Polynésie?

Quelle que soit l'année, la cyclogenèse la plus active de la Polynésie concerne les archipels des Tuamotu, des Gambiers, des Australes et de la Société. Les Marquises sont réputées être « hors de la zone cyclonique ». Ce n'est pas tout à fait vrai. En 1983, deux cyclones sont nés autour de la ligne du 10 Sud entre le 132 et le 141 W :
- William débutant le 15 avril autour du 9 S 132 W (sur la route des Marquises)
- Nano débutant le 21 janvier sur le 10 S 141 W).
Les Marquises peuvent, lors des années Niño, être le siège de cyclones qui s'orienteront vers le sud-sud-est.

Quand traverser et quand naviguer?

Episode Niño :

En raison du réchauffement de la couche de surface de l'océan (60 mètres), la saison cyclonique sur l'archipel de la Polynésie présente un FORT potentiel d'être actif du mois de novembre au mois de mai avec un pic de risque de janvier à fin mars.

Cas extrême, en 1998 la saison a commencé le 10 octobre avec un cyclone précurseur et s'est finie le premier mai avec une dépression tropicale. Entre les deux perturbations tropicales, six phénomènes se sont baladés dans l'archipel.

De plus, ce cher Niño aura tendance à accélérer les alizés hors période cyclonique et à générer plus de tempêtes au nord et au sud du Pacifique générant des houles disproportionnées par rapport aux vents réels.

Stratégie Niño

Départ du continent sud-américain :
Pendant une année Niño, il est préférable de ne pas jouer au chat et à la souris avec les cyclones. Ne partez pas des Galapagos avant début avril, vous atterrirez sur Marquises en fin de mois.

Il convient, lors des années Niño de planifier correctement sa traversée, de prendre une météo quotidienne pendant la navigation, d'envisager de détourner sa route vers le nord pour contourner les éventuelles perturbations.

Pendant la saison cyclonique :
Pour les équipages qui bénéficient des nouvelles lois de séjour s'étendant à 24 mois, l'année Niño est difficile à gérer. Sans doute, la meilleure solution est d'assurer son bateau à terre et de s'offrir un voyage, ailleurs. Sinon, il faut tenter les Marquises et se dire que les statistiques comptent peu de départs de cyclones dans ces latitudes. Mais, il faut savoir qu'il n'y a, sur l'archipel, aucun mouillage à l'abri des houles.

Episode la Niña

La température de l'eau dans le sud-est et le centre du Pacifique Sud reste fraîche, et le risque de voir se développer un cyclone est rare. Les archipels exposés de la Polynésie restent les Gambiers ou les Australes. De 1973 à  2009, aucun cyclone ne s'est développé dans la zone Marquises, Tuamotu, îles de la Société, durant les années Niña.
A noter entre 1973 et 2010 pendant les épisodes Niña:
- 1976 au mois de février, le cyclone Frances traverse les Australes
- 2001 au mois de mars, Rita, une dépression tropicale modérée balaye les Gambiers.
En revanche, la partie sud ouest du Pacifique Sud (Fidji, Samoa, Vanuatu, Nouvelle Calédonie) sera plus exposée au risque de cyclone que la Polynésie pendant une année Niña.

Stratégie la Niña

Départ du continent sud-américain :
En principe, la Niña protège les marins. Ils pourront, dès lors, démarrer leur transhumance pacifique plus tôt dans l'année. Ce qui leur donnera d'autant plus de temps, pour traverser l'océan. Surtout pour ceux qui ne bénéficient pas des facilités de séjours octroyées aux Européens (Canadiens, Américains, Australiens, ... NZ...). Pour ceux qui visent de rallier la Nouvelle-Zélande avant la fin octobre, grignoter un ou deux mois au départ, n'est pas négligeable!

A noter qu'avant la fin de mars, la houle et le vent sur le parcours Galapagos-Marquises est plus faible. Il en manquera parfois, mais la traversée sera tranquille et non soumise, comme c'est le cas mi-avril, aux houles croisées générées par les tempêtes australes ou arctiques. Attention à ceux qui choisissent d'atterrir aux Gambiers, le mois de mars peut encore être difficile à gérer. Par la suite, l'hiver s'installera avec des dépressions qui parfois devront orienter les étraves plus au nord. (En 2010 trois bateaux-amis n'ont pu atteindre les Gambiers en raison des fortes dépressions qui se développaient dans la région)

Avantages d'un départ tôt dans l'année:
-Passez le canal de Panama en décembre ou tout début janvier et vous serez hors-saison (parfois tarifs plus avantageux, moins de monde au mouillage de Panama City)
-Profitez des Perlas avant que les grands rallyes (World Arc, Blue Water...) ne passent, vous serez tranquilles.
-Arrivez aux Galapagos en janvier ou février (moins de risques d'orages dans la ZIC, et à la faveur des fronts froids du Golfe du Mexique vous aurez du vent de NE sur une grande partie du parcours). Dans les mouillages de San Cristobal et de Isabella moins de voiliers (Puerto Ayora est toujours bondé).
-La traversée en mars ou avant devrait être calme, moins soumise aux houles croisées.
-Aux Marquises, le gros de la troupe des voiliers n'est pas encore arrivé, vous pourrez mieux profiter de la rencontre avec les insulaires, et des mouillages qui présentent une capacité restreinte.
-Lorsque le flot des voiliers arrivera sur Marquises, vous serez déjà partis sur Tuamotu, et là encore vous devancerez la plupart de vos collègues.

Pendant la saison cyclonique :

Pendant une année Niña, les marins pourront circuler plus librement. Ils choisiront leur lieu de villégiature dans un espace compris entre les Marquises, les Tuamotu et les îles de la Société. Mais, la présence de la Niña n'empêche pas de surveiller attentivement la météo et de ne pas oublier que nous nous promenons sur le terrain de jeu potentiel des cyclones même si aucun cas n'est recensé depuis près de quarante ans durant un épisode Niña. N'oubliez pas que malgré la rareté des cyclones, les Tuamotu et les îles de la Société sont en saison pluvieuse de décembre à mars (le risque d'orage est plus élevé)

Année « normale ».

Les cyclones sont rares, mais existants. Depuis 1973, seule l'année 1981 a vu passer une tempête tropicale, Diola qui a zigzagué du Nord Tuamotu au Sud Tuamotu entre le 27 et le 30 novembre. Dates précoces qui ont surpris tout le monde! Plus tard, en mars, un cyclone est passé sur le 20° sud, bifurquant vers les Australes.

Stratégie de navigation pendant les années « normales »

Départ du continent sud-américain :
Le départ vers Marquises pourra s'opérer tôt en saison. Tandis que ceux qui visent les Tuamotu et les Gambiers ne devront pas toucher les archipels avant début avril.

Pendant la saison cyclonique :

J'aurais envie d'écrire : à la grâce de Dieu. Le risque est minime, mais il est potentiel. Prendre la météo quotidiennement est un bon plan, tout en ne s'éloignant pas des trous à cyclones ou des chantiers capables de vous sortir de l'eau rapidement (c'est rare! Seul le chantier d'Apataki (Tuamotu) y consent)

Les Marquises seront considérées par la plupart des marins comme « hors zone cyclonique ». De plus, de novembre à mars, l'archipel est en saison sèche et les houles y sont moins importantes que pendant la saison des pluies d’avril à octobre.

Les sites sur le Net utiles :

www.cyclonextreme.com :
INCONTOURNABLE. En français. Le site est une mine d'or. Il vous donnera toutes les statistiques, des tableaux clairs relevant les années Niño et Niña, des schémas de suivi des cyclones sur la zone qui vous intéresse. Etc.

Le site internet de la Noaa : weather.gov

Obtenir la météo

- (A partir des Marquises) RFO diffuse un bulletin météo tous les matins entre 7h10 et 7h30 (heure des Marquises)

-Un abonnement buoyweather vous permettra d'apporter des précisions aux prévisions et de les recevoir à 7 jours sur demande. (nombreuses requêtes possibles depuis la messagerie du bord, sans surcoût) Prix : (environ) 90 dollars par an. Voir leur site Internet : www.buoyweather.com

-Sur Winlink et Sailmail, les fichiers grib sont fiables.
Dans le catalogue Sailmail, météo France donne un bulletin valable pour moins de 24 heures. Mais la requête sur winlink est plus complète, et relativement fiable pour 48 heures.

Dans le catalogue Winlink, sous l'onglet Global vous obtiendrez les requêtes valables pour toute la Polynésie (bulletins surtout utiles pendant la saison cyclonique) :

Code                                 Categorie                    Description                                                            volume
NWP_SEP.ACV3            METAREA XI            Tropical weather advisory Pacific                                1412
FRENCH POLY                S/PACIFIC_WX        french polynesia marine wx in french                           1720
NADI_WX_BULL            S/PACIFIC_WX         Nadi marine Wx Bull Area >EQ/25S
120w 180E        1415
                                                                                                                           
TC_ADVISORY                S/PACIFIC_WX        trop cyclone advisory                                                      2140
WEATHERGRAM            S/PACIFIC_WX        latest bob Mac Davitt NZ Yotres...                                 2988
FZPS40.PHFO                WX_HIGH_SEAS       s. mid Pacific                                                                 1910
GWIR.JPG                        SAT_PIX                    Western pacific southern hemisphereIR                       57901

Toutes ces requêtes peuvent être demandées par BLU, certaines, comme la photo satellite (gwir),  demandent un bon débit. Il est parfois plus opportun d'utiliser le satellite (type iridium) en quelques minutes toutes les requêtes sont livrées.

Les moyens de communication du bord

(A partir des Marquises) Le système de téléphonie portable se nomme VINI en Polynésie. On trouve des téléphones dans les petits magasins d'Atuona et des cartes SIM dans les postes de Nuku Hiva (Taiohae) et de Hiva Oa (Atuona)

Le préfixe des Marquises est le 689. Pour joindre la France, il faut composer l'international : 00 33

Aux Marquises, le Wifi est disponible dans le mouillage de Tahauku à Hiva Oa et de Taiohae à Nuku Hiva. Ailleurs, il est inexistant. Le prochain hotspot prévu serait Hanavave à Fatuiva. Impossible de donner une date précise pour l'installation du système dans la baie des Vierges. Deux pourvoyeurs de réseau : Iaorane et Hot Spot.

Pendant la traversée la BLU et le satellite fonctionnent bien. Arrivés aux Marquises, les plaisanciers qui disposent de la BLU ou de tout autre service de communication seront surpris du manque de couverture. Ils se poseront des questions sur l'état de marche de leur matériel, tant, à certains endroits, le signal est faible, voire inexistant.

IRIDIUM

Dans certaines vallées, la montagne cachait le satellite et nous perdions le signal iridium. Hors des montagnes, l'iridium est ce qui marche le mieux et évite les longues attentes en onde pour passer les messages ou recevoir la météo. N'oubliez pas que si vous avez les deux systèmes (BLU et Iridium) vous pouvez utiliser airmail et la fonction « Telnet » pour basculer sur le système satellite.

BLU
Les hautes montagnes, et l'encaissement des mouillages vous rendront la vie dure. Plus que jamais, aux Marquises, il vous faudra de la patience et respecter le tableau de propagation pour accrocher une station, et pour envoyer vos messages ou recevoir de la météo.

WINLINK :
C'est la guerre des ondes! Il y a de plus en plus de bateaux dans le Pacifique et beaucoup moins de stations que dans la Caraïbe. Au moment de la grande transhumance (entre mars et août), les Américains, Néo-Zélandais, et Australiens sont très présents sur les ondes. Il est difficile de trouver un créneau. Lorsqu'il est trouvé, une station essayera d'émettre en même temps que vous. Je vous rappelle que cela ne sert qu'à ralentir le débit de celui qui a accroché une station. Donc d'attendre encore plus longtemps ! (pendant cette période d'affluence, le satellite est un bon compromis)

Les stations qu'il est possible de crocher sont celles de :
Californie K6CYC ou KB6YNO (elles sont presque sur la même fréquence 14108,5 et 14108,9, ce qui ne facilitera pas votre tâche)
(k6xa est moins performant)
San Diego : W6IM
Parfois vous pourrez crocher Panama : HP2XBA
Honolulu K4XV, mais elle est  sur la même fréquence que W6IM.

La Nouvelle-Zélande et la station ZL2ABN sont encore trop loin. Il faut attendre les Tuamotu pour commencer à la joindre. Station très prisée pendant la saison cyclonique, car le gros des troupes est situé dans son rayonnement.

SAILMAIL

Le fait que les stations n'ont droit qu'à 10 minutes par jour limite d'autant l'affluence. Sur les Tuamatu, la station de Manihi donne des résultats variables, mais assez bons dans l'ensemble. Honolulu est encore joignable, Niu est souvent saturée.

Départ des Marquises vers Tuamotu
Au large, les possibilités de connexions s'ouvriront. Les Tuamotu bénéficient d'une assez bonne couverture. Par contre, en quittant les Tuam's vers les îles sous le vent, les stations d'Amérique du Nord seront de pus en plus difficile à joindre, l'ouverture se fera sur Nouvelle-Zélande. Là encore, le tableau de propagation est à suivre avec une bonne discipline sans quoi, c'est vraiment laborieux.

---------------------------------------------

Toutes ces données sont des suggestions de navigation, la décision finale appartient à l'équipage qui prendra le large.
 
Ce dossier sera mis en page prochainement dans le site internet du réseau du capitaine et de L'Etoile de Lune, disponible en version PDF, nous vous en aviserons.
Document écrit par Nathalie Cathala -Ve2Naq