TAHITI_tour de lile_ARUE_maison de James Norman Hall_Photo et Histoire
EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Sun 6 Feb 2011 01:52
Bonjour, Pour vous écrire, je me suis installée dans le cockpit, vue sur Moorea, grand ciel bleu. Il fait à 16 heures locales 36°C, pas un souffle de vent, la piscine, autour de notre Etoile, est translucide. Elle pose une auréole sombre sur le sable blanc... L'eau est à 27°, rafraîchissante, et si vous n'y voyez pas d'inconvénients, j'entrecouperai mon récit de baignades salutaires! Poursuivons notre visite de Tahiti. Retour dans la commune d'Arue. En face du cimetière des Pomare, dont je vous parlais récemment, se trouvent « l'arbre à pain de Blight » et la maison de James Norman Hall. La proximité des deux sites invite à une halte romanesque. La maison du co-auteur « des Révoltés de la Bounty » a été reconstruite à l'identique, sa fille Nancy aidant à rassembler les meubles, et les affaires de famille afin de recréer l'ambiance dans laquelle les fameux romans ont été rédigés. Je dis « les », car la saga qui passionna des millions de lecteurs fut écrite en trois volets : « les Révoltés de la Bounty », « Dix-neuf hommes contre la mer », et « Pitcairn ». Voici, l'histoire des auteurs, ainsi que ce qui arriva en réalité aux marins anglais en cette année révolutionnaire de 1789. Je crains que, moi aussi, je sois obligée de scinder le récit en plusieurs épisodes... Sommaire de cette première partie Les auteurs : James Norman Hall et Charles Nordhoff Ecrire à quatre mains Idée de départ Fascination mondiale pour la Bounty Première partie - Les auteurs : James Norman Hall et Charles NordhoffLa vie de James Norman Hall est aussi passionnante que celle de ses personnages. Il a tout fait, et ressemble à s'y méprendre à Huckleberry Finn qui défraya tant les chroniques américaines de la fin du dix-neuvième siècle. James Norman Hall endosse tour à tour les rôles d'aventurier, de soldat, de pilote de chasse, d'écrivain, de romancier et de poète. Malgré ses multiples casquettes, il reste, toute sa vie, humble et généreux, des qualités qui font de lui un véritable héros.James Norman Hall est né le 22 avril 1887 à Colfax (dans l'Iowa, USA), d'une famille de 5 enfants. Ses études lui inspirent une irrépressible passion pour la musique, mais surtout pour la littérature. En 1910, diplôme en poche, il déménage pour Boston, où il aiguise son talent d'écrivain. Mais ne récoltant des maisons d'édition que des lettres de refus, il en vient à les utiliser comme papier peint pour sa chambre. En 1914, il part avec son maigre argent de poche pour l'Ecosse, où il a l'intention de rencontrer son idole de la littérature : Joseph Conrad. Mais en ce mois d'août, la guerre éclate. Hall n'a pas froid aux yeux et s'engage, en tant que « canadien » dans l'armée anglaise (les Etats-Unis s'étant déclaré pays neutre, les Américains n'étaient pas acceptés.) Après de multiples combats dont il réchappe avec les honneurs, sa véritable nationalité est découverte, il est démobilisé. Il retourne à Boston où il écrit son premier roman "Kitchener's Mob", ce plaidoyer romanesque pour les alliés remporte un succès immédiat. Ellery Sedgwick, l'éditeur de l'Atlantic Monthly devient son mentor. Mais il écrit aussi divers articles pour son ami Jack Winship, l'éditeur du Boston Globe. La guerre fait rage, les Etats-Unis s'engagent à leur tour, des escadrilles se forment dont celle des chasseurs américains rodés par les forces aériennes françaises. Hall est envoyé en France par son éditeur, afin de réaliser un reportage. Mais, il ne se contente pas d'écrire, il s'engage dans l'Escadrille Lafayette N-124. Puis, il est enrôlé dans l'U.S. Air Force, où il atteint le grade de commandant. Hall fait preuve d'un engagement et d'un courage tel en tant que pilote, qu'il est salué par les autorités françaises et américaines en tant que véritable héros de guerre. Dans ces années-là, il écrit , « high adventure » où il s'attache à restituer fidèlement les moments d'une vie de combattant. Cependant, il reste toujours discret et humble vis-à-vis de ses actes de bravoure et de la gloire dont il jouit. En 1919, Dr. Gros, un Lieutenant Colonel dans l'U.S. Air Service, réunit Nordhoff et Hall ex-aviateurs de l'escadrille Lafayette. Il leur demande de rassembler et d'éditer les histoires des pilotes de l'Escadrille Lafayette et du Lafayette Flying Corps. Une amitié naît où, les deux écrivains marient leurs talents complémentaires pour parvenir à des oeuvres qui tutoient la perfection. A la fin de la Première Guerre mondiale, James Norman Hall et Charles Nordhoff rejoignent à la voile Tahiti, avec l'intention d'écrire un livre sur les Mers du Sud. Ils rallient Tahiti en février 1920. Charles Nordhoff épouse une Tahitienne et reste quelques années sur l'île avant de retourner aux Etats-Unis où il décède en 1947. En 1925, James Norman Hall épouse la fille d'une Tahitienne et d'un capitaine anglais : Sarah Teraireia Winchester. Ils ont deux enfants : Conrad Lafcadio et Nancy Ella. J Hall écrit et vit sur Tahiti jusqu'à sa mort, en juillet 1951. Sur la trentaine de romans qu'il produit, la moitié est écrite en collaboration avec son ami Nordhoff. Parmi toute cette littérature, la trilogie de « la Bounty » leur offre une aura mondiale, avec plus de 150 rééditions traduites en une quinzaine de langues. Hall est enterré, sur une colline qui domine la Baie de Matavai, où le Capitaine Bligh jeta l'ancre pour la première fois à bord de la BOUNTY. A Tahiti, James Norman Hall mène une vie, fondue dans le décor. Il n'accorde que peu d'interviews, ne parle jamais de ses hauts faits de guerre, de sorte que les Tahitiens ne connaissent que l'homme discret et profondément humain. Ils n'ont conscience d'avoir accueilli un homme célèbre qu'au jour de sa mort. Hall bénéficie encore aujourd'hui de la sympathie des Tahitiens. Il est célébré pour le souvenir qu'il laisse aux insulaires, mais également par ses collègues écrivains, tels que James A. Michener . Il dit ceci : "Hall était l'Américain le plus aimé qui soit jamais venu dans les Tropiques. Il avait un humour tendre, un profond respect des gens et il était toujours prêt à aider ceux qui étaient dans le besoin". Ecrire à quatre mains... Voici un extrait de la biographie de Nordhoff & Hall, "In search of Paradise", écrite par Paul L. Briand. Il y décrit, comment les deux écrivains parvenaient à une symbiose parfaite de leur style. "Quand l'un avait terminé un chapitre, il le passait à l'autre pour corrections et critique; puis le premier écrivain réécrivait son chapitre, résistant parfois aux suggestions de l'autre tout au long du processus. Nordhoff s'est révélé être le spécialiste de la narration; il avait le talent de pouvoir commencer une histoire et de la poursuivre avec les variantes éternelles des "et puis, et puis..." que doit connaître tout écrivain, il savait aussi comment la finir. Hall, fidèle à sa nature attentive et réflective, était le spécialiste de la description et des pauses de réflexion philosophiques pour les éventuelles méditations du genre "et pourtant, d'un autre côté, etc. ": Nordhoff raccourcissait les excès de romantisme de Hall pour s'en tenir au vif du sujet. Hall ajoutait de la matière et du volume à l'austérité et à la raideur de Nordhoff. Comme il avait une meilleure oreille, Nordhoff travaillait les dialogues. Etant plus éloquent, Hall écrivait les sections de présentation. C'était un mariage parfait de talents, l'un apportait ce qu'il manquait à l'autre ". Idée de départ Le sujet des révoltés de la Bounty est à l'initiative de Ellery Sedgwick, l'éditeur de l'Atlantic Monthly. Les deux écrivains mettent cinq ans à finaliser la trilogie : "Mutiny on the Bounty" édité en 1932, "Men Against the Sea" et "Pitcairn's Island" édités en 1934. Fascination mondiale pour la Bounty. Comment dissocier Tahiti de la « légende de la Bounty »? Plus encore que les récits de Bougainville ou de Cook, cette mutinerie incarna la fascination qu'exerçait cette île sur ceux qui y débarquaient. L'affaire de la Bounty prouva au monde entier, qu'il existait quelque part, dans l'hémisphère sud, une autre manière de vivre que celle imposée par les carcans moraux, sociaux et législatifs de nos sociétés occidentales. Sur des îles du bout du monde, les habitants se suffisaient d'une vie simple. Dans une nature généreuse, ils s'adonnaient à l'amour libre sans aucune frustration de jugement. Le récit de la mutinerie porte en lui tous les ingrédients du romantisme capables de faire rêver la planète entière. Qui n'a pas maudit l'obstination de Blight? Qui ne s'est pas identifié à Christian porteur des messages d'égalité, de fraternité et surtout de liberté qui flottaient dans les esprits en cette fin de siècle des Lumières? Certains n'hésitant pas à présenter les mutinés de la Bounty, comme les fers de lance des idées révolutionnaires qui bouleverseront toute l'Europe. De grands mystères planent encore sur cette affaire. Chacun, peut à son goût s'inventer une autre fin, croire Christian immortel, imaginer qu'il bâtit une société idéale, quelque part ailleurs qu'il fut le seul à découvrir. Décidément, il faut accepter qu'à jamais, l'objectivité et l'intégrité soient bannies de cette aventure subordonnée, à la fantaisie et au rêve d'absolue liberté. Malgré la tentation de céder au modèle livresque et cinématographique, voici, d'abord, l'histoire dune mutinerie dans son intégrité. A plus, pour la suite de cette saga Nat et Dom www.etoiledelune.net Sommaire prochain épisode LA BOUNTY HISTOIRE VRAIE La Bounty : Un départ tardif Une douceur de vivre, pas au goût de tous Le feu aux poudres Mutinerie ou l'histoire d'un record de la marine |