ILE DE PAQUES_2_population et tourisme_photos
EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Thu 14 Apr 2011 17:24
Sommaire Population de l'île de Pâques au 21e siècle Afflux touristique et identité pascuane Niveau de vie et coût pour le visiteur Bonjour, Voici la suite de l'introduction à Rapa Nui. Population Sur le sol pascuan, le visiteur qui s'attache à la population locale, ressent toute la complexité de l'appartenance, une volonté farouche de reconnaissance des ancêtres et de leurs descendants. Les jeunes pascuans ont compris toute la valeur de leur patrimoine. Certains d'entre eux se sont engagés dans des carrières d'archéologues, afin de défendre leur héritage et de ne plus laisser cette tâche de sauvegarde, uniquement, aux scientifiques extérieurs. Le dernier recensement officiel date de 2002. Cette année-là, on comptait un total de 3769 habitants sur l'île. Mais sur le territoire chilien, 4647 personnes se sont déclarées « Rapa Nui », 49% (2269) d'entre eux vivaient sur l'Île de Pâques et 51% (2416) au Chili continental, majoritairement à Santiago. La population de l'île était également composée de 1500 autres habitants (Chiliens et autres nationalités).Aujourd'hui, en continuelle évolution en raison du flux migratoire, l'île de Pâques ne compterait plus que 1500 Rapanui contre 4000 Chiliens Les Rapanui se sentent plus Polynésiens que Chiliens. Pourtant, la race des ancêtres avait très peu de chance de survivre aux déportations massives qu'elle subit à la fin du dix-neuvième siècle. En 1862, les Péruviens, qui avaient besoin de main d'oeuvre pour leurs mines de guano, ont déporté près de 1500 Rapa Nui en tant qu'esclaves. En 1877, il ne restait plus que 111 personnes sur l'île. Celles-ci composèrent 36 familles, minuscule creuset, dans lequel elles puisèrent la "souche" Rapa Nui. Force est d'admettre que même si elle revendique son origine polynésienne, la population actuelle est forcément de sang mêlé. Ainsi, la physionomie de la population Rapa Nui est plus proche de celle du continent sud-américain, que de celle de leurs voisins océaniens. Peu importe, l'important est ce que chacun ressent sur l'île. Tout comme en Polynésie, les "vrais" Rapanui clament leur appartenance à tel ou tel clan, se présentant comme étant les descendants de grandes familles ancestrales (des familles de chef, toujours... Jamais de famille modeste). Le peuple Rapanui actuel se tourne résolument vers Tahiti. Une marque de cet attachement se retrouve, au quotidien, dans le culte pour la "Hinano"(la bière tahitienne). Le brasseur a décliné une foule de produits connexes : vêtements, vaisselle, décoration. Les Pascuans arborent sur leurs tee-shirts, leur voiture, la vahiné à la couronne de fleurs, emblème de la Hinano. Ceux qui ont fait un séjour à Tahiti sont enclins à parler le français. Cette propension linguistique est unique en Amérique latine et, somme toute, très agréable. Plus sérieusement, les Rapanui s'intéressent à l'évolution autonomiste des hommes politiques tahitiens, et prennent exemple sur eux pour la défense coutumière et ancestrale des terres. A savoir : Il y a sur l'île une petite communauté de Français, mariés à des Pascuanes. Ils se sont convertis au tourisme et offrent leurs services en tant que guides ou hôtes pour les touristes. L'afflux touristique Les visiteurs sont majoritairement Chiliens, suivis de près par les touristes venus de Tahiti (Français et Polynésiens). L'île ne vit d'aucun produit d'exportation, sa ressource financière principale est le tourisme. Rapa Nui offre 1500 lits et draine chaque année, entre 50 000 et 70 000 touristes (selon les sources). Bien que l'intérêt pour l'île de Pâques s'est éveillé dès 1722, avec la venue du premier navigateur européen, l'engouement touristique est relativement récent. "Il y a 20 ans, les îliens étaient au bord de l'effondrement, sans identité et sur le déclin. Une revalorisation des peuples autochtones leur a rendu la fierté de leur culture", explique le Pr Luis Carlos Parentini, historien expert des communautés indigènes. Au rythme de l'afflux touristique, les insulaires qui ne prêtaient jusqu'alors que peu d'attention à leur patrimoine culturel ancestral se sont réunis autour des figures emblématiques de leur île. Jadis, ils regardaient les Moai avec indifférence, mais l'intérêt des scientifiques, les efforts de ceux qui ont redressé ces molosses de pierre ont eu pour effet de relever le front des Pascuans et de les aiguiller vers leur identité. Tout en conquérant un patrimoine qui leur est propre, ils comprirent que le tourisme était une arme à double tranchant. S'ils ont, dans un premier temps "bien vécu du tourisme, à présent ils se sentent dépassés" affirme le Pr Parentini. Ces dernières années ont vu plusieurs manifestations s'ériger contre la domination de la culture chilienne. Ils combattent l’extinction de leur langue au profit de l'espagnol. Ils s'interposent contre la délinquance apportée par des éléments exogènes et surtout, n'entendent pas voir leurs terres spoliées au bénéfice de consortium hôtelier. En 2009 et 2010, les Rapanui sont descendus dans la rue, ils ont bloqué l'aéroport, occupés certains hôtels pour faire savoir au monde qu'ils ne resteraient pas les bras croisés devant l'afflux migratoire susceptible de fragiliser l'écosystème et le patrimoine de l'île. Afin de réguler le flux touristique et migratoire, plusieurs règles ont été mises en place, dont un questionnaire soumis à chaque personne arrivant sur le territoire et un "ticket d'entrée au parc". Sur place chaque site est surveillé et protégé de barrières afin que les touristes ne fassent plus n'importe quoi pour un cliché d'eux accroché au bout du nez d'un Moai. Niveau de vie et coût pour le visiteur Nous pensions, en revenant vers le continent sud-américain, retrouver les niveaux de prix que nous avions connus au Panama ou Venezuela, voire la Colombie. Mangeant pour trois fois rien, nous y vivions pour à peine 5 dollars par jour à deux. Nous avons été très surpris de trouver sur l'île des pratiques très onéreuses. Bien que l'île soit un paradis fiscal, entendez par là que les habitants ne sont pas soumis à l'impôt sur le revenu et que les denrées ne subissent pas de taxes, tout est cher sur l'île de Pâques. Les prix exorbitants sont dus en partie aux marges que prennent les transporteurs pour amener les marchandises sur place. Cette pratique contamine les prestations de services, l'hôtellerie et la restauration. En outre, les responsables politiques de l'île de Pâques ont pris exemple sur l'archipel des Galapagos afin de tirer le meilleur rendement de chaque visiteur. Ainsi, ils viennent d'initier un "droit d'entrée au parc pascuan". Deux différences majeures sont à noter avec ce que les Galapagos ont mis en place. La première est que le droit d'entrée équatorien est compensé par une économie bon marché. La seconde se situe au niveau du coût par rapport au droit. Aux Galapagos, le visiteur s'acquitte d'un droit de 100 dollars, celui-ci permet de visiter à volonté le parc pendant 20 jours, et de se balader d'une île à l'autre. Sur Rapa Nui (île de 166 km² soit la superficie de la forêt de Fontainebleau), le ticket d'entrée est de 60 dollars, il permet l'accès à deux centres touristiques que sont l'Orongo (pétroglyphes de l'homme oiseau) et le Rano Raraku (carrière des Moai). En 5 jours, nous n'avons droit à ne pénétrer qu'une seule fois dans chacun des sites, ce qui porte l'entrée du site à 30 dollars. Nous ne contestons pas l'existence des droits qui sont utilisés afin de préserver le patrimoine culturel. Des systèmes très performants sont en place afin d'éviter la détérioration des Moai. Mais, ils sont disproportionnés par rapport à l'usage que peut en faire le visiteur. Autre comparaison, à Tahiti, la vie est chère, en raison des taxes prohibitives en vigueur sur le territoire, mais il n'y a pour visiter les îles et les sites touristiques aucun droit d'entrée. Donc, d'un point de vue du visiteur, il faut s'attendre à la cherté de la vie de Tahiti et aux frais de droits d'entrée des Galapagos. Dans le prochain épisode, je vous raconterai la genèse de l'île. A plus, Nat et Dom www.etoiledelune.net |