NOEL EN VOYAGE-rétrospective année 2008_photos et récit
EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Wed 21 Dec 2011 01:17
Épisode 5 de la série Noël en
Voyage : 2008 Los Aves, Venezuela
Bonjour,
Nous voici pour notre cinquième Noël, seuls dans
l'archipel des Aves.
En 2008, nous avons vécu des émotions fortes. Nous nous
sommes régalés en Colombie, pays attachant tant par sa population que par la
diversité des paysages. Nous avons également fait une incursion de trois mois en
pays Kuna. Les Indiens Kunas du sud de l'archipel, à la frontière avec la
Colombie, se battent pour préserver leur culture. Ils n'ont d'autre solution que
de se couper du monde et de traiter l'étranger avec beaucoup de méfiance. Ils
connaissent la dégradation des villages du nord, où font relâche les grands
paquebots de croisière. Notre séjour, tant en Colombie que dans le Comarca de
Kuna Yala est un tournant déterminant de notre voyage.
Et lorsque je dis tournant... je parle au figuré, mais
également au sens propre!
Hé oui! Plutôt que suivre la route toute tracée vers le
canal de Panama et son passage vers le Pacifique, comme le font tous nos
collègues, nous rebroussons chemin! Nous repartons vers l'Est. Dom avait
toujours rêvé d'une escale longue : d'un coin où il pourrait planter la pioche
et vivre de l'air du temps. Je préfère bouger... mais je lui promets de
satisfaire à son goût prononcé pour la Robinsonnade.
En effet, durant les quatre premières années de notre
voyage, nous n'avons cessé de bouger, de lever l'ancre, de traverser des canaux
inter-îles, de voguer d'escale en escale, de naviguer de découvertes en
surprises. Dom désire une pause. Il craint aussi qu'en passant le
canal de Panama, le voyage soit rapidement fini, qu'il n'y ait plus d'endroits
où nous pourrons, en raison des règles de séjour des étrangers, nous attarder.
En cela, il fut presque devin. Si nous avions passé le canal de Panama en 2008,
nous n'aurions eu droit qu'à 1 an d'escale en Polynésie française. Le droit de
séjour fut prolongé en 2009, à deux ans (sans paiement de la taxe de
papeetisation qui équivaut à 20% du prix du bateau, ce qui hors de notre portée)
Nous n'en sommes pas là. Revenus, contre le vent et le
courant aux îles ABC, nous listons toutes les escales qui ont rythmé notre
voyage et nous pointons d'un doigt unanime Los Aves. L'archipel, bien que
faisant partie du Venezuela est en marge de l'insécurité chronique régnant dans
ce pays. Loin de toute civilisation, le premier port de ravitaillement se situe
à plus de 200 milles nautiques. Au départ des îles ABC nous engrangeons dans nos
cales un avitaillement digne de survivre pendant plusieurs
semaines.
Nous ne savons pas exactement combien de temps nous
tiendrons loin de tout, mais nous prévoyons rester quelques semaines... En
réalité, nous n'avons jamais été las de cette vie, épargnant nos vivres et les
agrémentant de quelques produits de la pêche, nous sommes restés 120 jours dans
un archipel où ne vivent qu'une colonie de milliers de fous à pattes rouge, des
frégates, des mouettes, des noddys, des pélicans. Il n'y a rien d'autre sur le
bien nommé archipel de "los aves" (les oiseaux en espagnol). Il n'y a rien qui y
pousse, pas de fruit, quelques cocotiers chétifs qui ne donnent pas de noix.
Mais
que faisons-nous là? Nous devenons une énigme aux yeux de nos collègues marins
qui se demandent si nous ne sommes pas, à force des les fréquentés, devenus
fous!
A nos yeux, non!
Pas la moindre once d'ennui ne s'est emparée de
l'équipage. Seuls le manque de vivres nous a chassés de notre ermitage maritime.
Nous avons vécu au rythme de la nature. Nous avons vu les fous se chercher,
s'accoupler, couver, naître... et prendre leur premier envol. Nous nous
baladions dans la mangrove, et suivions de près quelques nids, nous devenions
sans y prendre garde de vrais ornithologues. Dom s'amusait à construire des
cabanes, les premières étaient à refaire, mais au fur à mesure du temps, il
acquit un réel savoir-faire en matière de gîte de Robinson. Nous avons accueilli
toute la gent ailée à bord, de l'hirondelle, au fou, en passant par le noddy,
mais la visite que nous préférions était celle des pélicans. Ces oiseaux sont
les plus drôles qui soient, leur allure est inimitable et attachante.
C'est là que les dauphins sont venus nous
rendre visite. A plusieurs reprises, ils ont tourné autour de notre Etoile
à l'ancre. Nous prenions leur jeu pour des appels et nous enfourchions notre
annexe. Avec eux, nous chevauchions les vagues (plutôt le clapot!) du lagon.
Nous nous baignions avec eux. Ces visites là, sont MAGIQUES!
Avec les pêcheurs qui venaient parfois faire campagne sur
l'archipel, nous échangions quelques ustensiles dont ils avaient besoin contre
de délicieuses langoustes ou cigales. Ces dernières sont plus fines en goût,
plus délicates que la langouste.
Ha... et puis pendant cette merveilleuse retraite, j'ai eu
le temps d'écrire un roman en entier. Je disposais dans le cockpit du plus beau
bureau, avec vue sur la plus belle piscine du monde, où il faisait bon faire des
pauses!
Ce Noël là, j'ai décoré le bateau plus que d'habitude, et
la civilisation, tout ce qu'elle comporte de confort, ne nous ont absolument pas
manqué.
A plus pour la suite de cette série sur Noël en voyage.
Nat et Dom
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