TAHITI_marae de arahurahu_culte et traditions maohis_photos
EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Wed 9 Mar 2011 06:43
Bonjour,
Nous voici à la dernière étape du tour de l'île de Tahiti, avant de revenir à notre point de départ qu'est Punaauia avec la marina de Taina et le mouillage environnant où notre Etoile nous attend bien sagement. Nous visitons aujourd'hui, le marae de Arahurahu, dans la commune de Paea au kilomètre 28.4 de la route entre Papeete et Taravao sur la côte ouest. Pour tous ceux qui nous ont suivis aux Marquises et dans nos promenades sur les Mea'e de Hiva Oa, Tahuata ou de Nuku Hiva, le marae de Tahiti leur paraîtra moins spectaculaire. Néanmoins, le site vaut le détour pour son autel en forme pyramidale qui n'existait pas dans sa version marquisienne... et son environnement éminemment fleuri! Les Marae des îles de la Société (Arahurahu) Les plus anciens marae de Polynésie datent du 10ième siècle de notre ère. La plupart d'entre eux ont néanmoins été bâti entre le 15ième et le 18ième siècle, toujours avec la même méthode d'assemblage de pierres sèches sans recours au mortier. Le marae était un espace de méditation, de rituels et de communication entre les tahu'a 'upu (prêtres) et les dieux. Les cérémonies religieuses qui s'y déroulaient donnaient lieu à des prières, chants, des invocations aux ancêtres ou aux divinités, et à des sacrifices (animaux ou humains). Les marae tenait un rôle social et politique, rassemblant autour des décisions des arii et des prêtres tous les membres d'une même chefferie. La structure architecturale des marae n'était jamais figée, elle évoluait d'île en île, selon les coutumes de chaque tribu, mais également au rythme du renforcement de prestige du propriétaire (bien souvent l'arii). L'architecture était donc souvent remaniée, à la suite de prises de possession de nouvelles terres, de victoires contre l'ennemi... Bien que d'une île à l'autre l'aspect des lieux de cultes varie, quelques éléments communs se retrouvent partout. - Le mur d'enceinte - te patu - une pierre angulaire ('ôfa'i tihi), - une aire quadrangulaire, - la cour du marae (te tahua), - Un autel (te ahu) construit à l'une des extrémités du "tahua" - Un ensemble de pierres dressées ('ôfa'i ti'a) ou de pierres-dossiers ('ôfai'i turu'i). - Plates-formes d'offrandes en bois (te fata 'ai'ai). Outre une architecture globale, les ti'i et les to'o peuplaient les marae. Ils étaient considérés comme la "demeure des dieux". Les ti'i et to'o ne sont pas en permanence habité de leur divine hôte. Ils n'y faisaient que des séjours brefs, et n'entraient dans leur "peau" anthropomorphes que lorsque les prêtres les invoquaient. Les to'o La divinité était représentée par une pièce de bois amalgamée de reliques (dents, arrêtes, plumes rouges). L'ensemble était recouvert d'un tressage de bourre de coco. Moins connu que le ti'i, le to'o figurait les "grands ténors" du panthéon polynésien (Oro, Ta'aroa, Ruahatu, Tâne,) soit les dieux créateurs du monde Maohis. Des guerres éclataient entre chefferies pour "voler" le to'o du voisin, considéré comme plus puissant. A ce sujet, les témoignages des grands navigateurs européens sont édifiants. Ces derniers faisant commerce de denrées contre les "fameuses plumes rouges" qui accroissaient le pouvoir des to'o, donc des marae et ainsi des chefs eux-mêmes. Les ti'i Les ti'i (nom tahitien pour le tiki marquisien) était une figure anthropomorphe sculptée dans la pierre, le corail, ou le bois. La statue symbolisait une divinité, un esprit protecteur. Quelle que soit sa taille (petite de la taille d'un boucle d'oreille ou monumentale) le ti'i était chargé d'un mana puissant (sorte de pouvoir d'un esprit supérieur auquel les Maohis croyaient). Te tahua - La cour ou enceinte sacrée Le tahua était défendu par une armée de ti'i. Des arbres sacrés étaient plantés tout autour et en garantissaient l'ombrage permanent, renforçant le caractère mystérieux du lieu. Les arbres considérés comme sacrés étaient le miro, le tamanu, l'ora, le pua, le tou. Les Ti'i et arbres sacrés avaient pour rôles de rappeler que tout le monde n'était pas bienvenu sur le marae. Ainsi, les enfants et les femmes ne pouvaient y pénétrer, à l'exception des femmes des arii ou des "tapairu" (suivantes des arii vahine) L'autel ou Te ahu C'est l'espace sacré par excellence du marae. Il accueille les puissances divines et ancestrales. Aux îles du vent, le "ahu" est souvent de forme quadrangulaire à plusieurs gradins variables (soit pyramidale). Seuls les prêtres et les arii avaient le droit de monter au sommet de l'autel. Te Unu L'unu est une pièce de bois sculptée et dressée dans le "marae" devant l'autel pour commémorer les morts, chefs ou guerriers. Les unu représentaient les grandes étoiles ou pilliers du ciel. Ils étaient les gardiens des grandes familles ou des tribus.Ils étaient taillés dans l'arbre à pain (uru) et mesuraient un mètre de hauteur. Les unu teintés de rouge, la couleur sacrée, étaient larges et peu épais, ils suggéraient des figures humaines, animales ou géométriques. Cinq mots sortis du culte maohi : Mo'a : sacré (était "mo'a" tout ce qui était en relation avec les rituels et le divin; Ra'a : élévation du divin invoqué lors des cérémonies religieuses. Noa : tout ce qui est profane et quotidien Tapu : interdit. Le tapu peut être placé sur un objet, une personne, un mot, un chemin... une action pendant une période déterminée par les prêtres et les arii Mana: puissance émanant des dieux, pouvoir, influence, aura. Le mana est lié au pouvoir d'un objet, d'un lieu, d'une personne, ou d'un mot... voir d'un mort. Précisions sur les arbres sacrés et leurs noms tahitiens ORA Le banian, est l'arbre sacré que l'on retrouve sur tous les marae. Aux Marquises, les anciens nous disaient qu'il ne fallait surtout pas y toucher. Que les Tupapau (fantômes) rôdaient dans l'enchevêtrement de ses racines, car bien souvent, les crânes des chefs ou des guerriers les plus respectés y étaient encore. Arbre aux ressources multiples, il est de la famille des Eupharbiaceae soit un Ficus prolixa. On le retrouve partout sous les Tropiques, un souvenir de Colombie : le banian n'avait pas là-bas l'étoffe divine qu'il trouve ici chez les Polynésiens, mais celle de "l'arbre au pouvoir de marcher". En raison de ses racines, et de ses branches adventives, les enfants l'appelaient sur l'île de Fuerte "el arbole que caminar" (l'arbre qui marche). TOU "Arbre des sols alcalins de son nom scientifique : Cordia subcordata. Dans les atolls, il est apprécié pour son vaste ombrage. Son bois, qui n'est pas attaqué par les insectes, est recherché pour son grain (surtout celui des Marquises). Ses fleurs, ses feuilles, son écorce sont largement utilisés dans la pharmacopée traditionnelle." PUA Ce terme désigne trois espèces différentes - Arbre donnant des fleurs jaunes odorantes et des baies rouges. Le bois, malgré sa dureté, est utilisé pour construire certains objets notamment des tambours : Fragrea Berteriana. - Arbuste de la famille des solanées. Les fruits, utilisés pour accélérer la maturation des bananes, sont de petites baies de couleur jaune de la taille d'un petit citron. Solanum Polynesicum. - Fleur d'un arbre par opposition à "tiare" qui désigne des fleurs données par des arbustes ou des plantes de petite taille. Il y a cependant des exceptions ainsi tiare 'ānani : fleur d'oranger. TĀMANU "Grand arbre autrefois planté sur les "marae" principaux. Calophylum Inophylum (Linné). L'huile extraite des graines et les feuilles sont utilisées dans la pharmacopée traditionnelle.L'huile de tamanu est utilisée en milieu hospitalier afin d'accélérer la cicatrisation et pour tous les problèmes dermatologiques. " MIRO " Bois de rose, Thespesia Populnea (Linné). Cet arbre de petite taille avait jadis un rôle culturel assez important. Il était planté sur les " marae " de rang secondaire, alors que le 'ATI était planté sur les " marae " de premier rang. C'est un bois d'ameublement apprécié. AITO ou Toa Bois de fer (Casuarina equisetifolia). L'aito était planté autour des marae, son bois très dur servait à la fabrication des ti'i (tiki), cassetêtes, javelots, hameçons, battoirs de tapa. Il est aujourd'hui utilisé comme combustible dans les fours polynésiens (ahima'a). Le dieu Oro, lorsqu'il était représenté, était uniquement confectionné en aito. Le terme signifie aussi courageux, brave, belliqueux, féroce, il fait référence aux guerriers, héros et conquérant. A plus, pour d'autres aventures... Nat et Dom www.etoiledelune.net Sources pour écrire cet article : http://www.farevanaa.pf/dictionnaire.php Extrait des tableaux affichés sur le site du Marae Site Internet : Héritage de Tahiti |