Colombie_San Bernardo_ belle navigation

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Tue 24 Nov 2009 14:21
9:47.2N 75:51.1W

Objet : Bon vent, belle mer

Bonjour,

Il y a quelques jours je prétendais que les conditions idéales en mer n'existaient pas. Hé bien, on dirait que le ciel, le vent et la mer se sont vexés et que pour me prouver que j'avais tort, ils se sont combinés pour nous fabriquer l'une des plus belles navigations que nous ayons faites depuis Aruba. Alors... Pour ceux qui s'attendraient aux photos de dauphins... Il n'est pas question de cela. Bien qu'ils soient venus régulièrement nous voir ces derniers temps, hier, nous avons gardé l'oeil ouvert, mais rien, pas un aileron... Pas un chat, dirait-on, si les chats naviguaient?

Rien qui ne se photographie, mais tout qui se vit!

Au petit matin, pourtant, rien ne présageait d'une telle journée. En mettant le nez dehors, Dominique fronçait déjà les sourcils. Le vent, absent depuis plusieurs jours semblait se lever à contre-pied : du sud-ouest c'est là que nous allons. Le ciel grincheux façonnait des nébulosités qui n'inspiraient guère le capitaine.

Mais... nous étions prévenus. Notre météorologue, Jean-Yves du réseau du Capitaine avait tout dit : une dépression, la fameuse dépression colombienne va émerger du sud du golfe Darien, elle remontera le long du Panama et génèrera des vents contraires.

Ha le mot magique... Pas le mot "contraire", le mot "vent".

Le capitaine va pouvoir sortir les voiles, enfin!

La dépression colombienne n'a jamais été notre amie. Ha ça non. Cette vilaine qui sort le bout du nez tous les 10 jours crée d'horribles effets d'accélération de vent entre Cabo de Vela et Carthagène. Là dans cette zone comprise entre le 70°W et le 76°W sur une ligne de 12 à 11 degrés nord, une bulle de vent est quasi permanente. C'est normal, la zone est coincée entre les effets anticycloniques et la dépression, d'où resserrements d'isobare (je ne vais pas vous refaire le cours de météo!). Mais... au-delà de ces limites, nous sommes si proches de la dépression que nous ne subissons qu'elle. Si nous parvenons, comme hier à rester sur ses pourtours, là, c'est le pied d'enfer!

Et voilà comment une ennemie redoutée depuis plusieurs années devient notre alliée!

Tranquillement, la dépression taille sa route sur notre tribord, elle longe notre sillage dans notre ouest tandis que nous bénéficions d'un petit vent, dans l'axe idéal, pour fabriquer du bon plein (allure de près non serrée). Sur un seul bord, L'Etoile de Lune taille sa route, tribord amure. Quel pied! (je me répète). Mais l'emphase est de mise, surtout lorsque vous apprendrez, que ce petit vent a changé de cap, juste comme il le fallait, pour nous permettre d'ajuster le nôtre (de cap) afin de viser le bout de Tintipan, notre futur abri.

C'est-y pas beau ça?

Arrivée à la voile, un trait tout beau tracé sur la carte, sans effusion de voiles, sans bourdonnement de moteur. Un capitaine heureux qui ne laisse pas le pilote automatique guider le bateau. Le bonheur est trop grand, le cap prend les commandes, et ne boude pas sa joie! Hiiiihâââââ! Que les mauvaises langues se taisent... ce n'est pas le cri de l'âne, mais le cri de ralliement de L'Etoile de Lune!

Ha j'oubliais presque. Mais le ciel a joué ses jolies notes lui aussi. Tandis que, sur la région que nous quittions, de gros champignons atomiques se développaient, au-devant de nous, des macarons de ciel bleus parsemaient le ciel. Quelques coups de tonnerre nous confirmèrent que nous laissions le mauvais temps derrière nous.

Nous n'en demandions pas tant!

Vous aurez remarqué notre latitude. Nous sommes descendus sous le dixième degré de latitude nord. A présent que nous sommes sous cette barre, nous la ne passeront plus avant un sacré bout de temps. En effet, à partir de maintenant, nous descendrons toujours plus sud, jusqu'à traverser la ligne équatoriale et à retrouver la jumelle de l'autre émisphère : 10°S...

C'est le voyage qui tourne...

Bon vent belle mer à vous tous
Nat et Dom à San Bernardo