NOEL EN VOYAGE_rétrospective_le premier noel sur l 'eau_photos et récit
EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Fri 16 Dec 2011 00:53
Episode 1 de la série "Noël en
Voyage"
Bonjour,
En cette veille de fêtes, laissez-moi ouvrir une série de
blogs, elle reprendra en huit épisodes les Noëls de L'Etoile de Lune. Ce
feuilleton vous emmènera tour à tour en Martinique, aux Grenadines, à Agay
(notre fief), Carthagène, aux Aves, aux San Blas, à Tahiti pour revenir dans le
lagon de Bora Bora.
Noël est un moment particulier du voyage, il est sans
doute celui où la famille nous manque le plus, et si la nostalgie n'est pas une
équipière bienvenue sur notre Etoile, il faut lutter pour la laisser hors
du bord. Ce sentiment s'est certainement renforcé avec la perte de notre
chienne, et de deux de nos amis qui ont suivi le sillage des étoiles sans avoir
le choix d'encore chevaucher les vagues. Mais loin de moi l'idée de vous
entraîner sur les chemins de la tristesse, nos amis, qui nous regardent là-haut,
enverraient certainement le père Fouettard avant l'heure afin de nous replacer
fissa sur les sentiers du partage et de la joie.
Avant de commencer, voici une phrase que j'ai lue ce matin
au réveil, dans les Nouvelles Nourritures de André Gide, elle sera le fil
conducteur de ce feuilleton des fêtes : "Il m'a depuis longtemps paru que la
joie était plus rare, plus difficile et plus belle que la tristesse. Et quand
j'eus fait cette découverte, la plus importante sans doute qui se puisse faire
durant cette vie, la joie devint pour moi non seulement (ce qu'elle était) un
besoin Naturel_, mais bien encore une obligation morale. Il me parut que le
meilleur et plus sûr moyen de répandre autour de soi le bonheur était d'en
donner soi-même l'image, et je résolus d'être heureux".
Donc nous voici au mois de décembre 2004. Nous avons
quitté les côtes de France depuis le mois de juin. Nous avons découvert
l'archipel de Madère, des Canaries, de Mauritanie, et l'immensité de
l'Atlantique. En chemin, nous avons croisé trois belles tempêtes. La première
nous salue d'une énorme claque sur les fesses pour nous expédier hors de
Méditerranée, la seconde nous accueille dès nos premiers milles dans
l'Atlantique, entre les deux, la pétole du détroit et son brouillard... Et la
troisième a failli nous être fatale, elle s'est déclenchée tandis que nous
étions au mouillage de Graciosa. Depuis trois jours, le ciel rouge plombait
l'atmosphère irréelle. Dans la nuit, le vent s'est levé. Soixante-sept noeuds
et la bérézina parmi les 17 bateaux mouillés. Notre voisin décroche
rapidement, et se colle à notre coque. Il arrache les panneaux solaires latéraux
et les feux de navigation. Dom décide de lever l'ancre et de partir en fuite,
les vagues déferlent, mais au large nous sommes plus en sécurité qu'au
mouillage. Plusieurs jours plus tard, nous apprendrons qu'un bateau a été
projeté sur les rochers, que notre voisin a continué ses dégâts, cisaillant
l'étrave d'un catamaran en polyester, et les railles de fargue d'un voilier en
bois. Notre voyage aurait pu, comme celui de ces bateaux se finir là, mais notre
Étoile a résisté, grâce à la solidité de sa coque en alu et aux réflexes de
Dom, aux assauts de celui que nous nommons Ben Hur! Ce test grandeur nature nous
donne toute confiance en notre Étoile.
Nous sommes prêts pour l'aventure... humaine!
Aux Canaries, nous croisons d'autres bateaux en partance
comme nous. Les affinités se forment rapidement, de ce flot de nouvelles
amitiés, nous gardons comme un précieux trésor, la rencontre avec Paul et
Bibi qui deviendra à jamais une amie, de Jean-Claude et Monique sur Cers,
de Martine et Daniel, sur Opus. La traversée de l'Atlantique est une merveille
de navigation, l'une des plus belles que nous ayons faites. Et nous
arrivons en Martinique, le coeur serein, heureux d'avoir vécu ces six premiers
mois en mer. Le rêve a rejoint la réalité, la vie de bateau est désormais
notre quotidien. Jusqu'où cela nous mènera-t-il? La question n'est pas à l'ordre
du jour, nous vivons des "aujourd'hui" qui se succèdent sous les
Tropiques, c'est déjà un but en soi!
Le Marin est un port bien chargé, et ne correspond pas
tout à fait à nos aspirations de robinsonnades, mais c'est le port que
tous les amis ont choisi pour les retrouvailles de réveillon. Nos amis
arrivent juste à point pour fêter cela dignement. Ce Noël-là, je ne l'oublierai
jamais!!!
A plus, pour la suite du feuilleton des fêtes
Nat et Dom
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