Marquises_Hanamoenoa_balade epineuse et feu de foret_txt

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Thu 14 Oct 2010 03:06
Bonjour,

Ce matin, mon beau capitaine est parti, chapeau sur le chef, vieux tee-shirt, vieux pantalon (je pense qu'il a vu la guerre... Laquelle ? Toutes!) plus l'appareil photo antichoc et amphibie autour du coup (il fallait bien ça!)

Dès son atterrissage en kayak dans les rouleaux de la plage, il grimpe la paroi nord qui borde le mouillage. Il s'accroche si bien aux roches volcaniques qu'il s'use les ongles jusqu'aux coudes. Ce chemin, que les chèvres, elles-mêmes évitent, le conduit directement sur les pentes tapies sous d'inextricables épineux. (Inextricables pour un moussaillon! Raison pour laquelle il se cantonne au rôle de raconteur!)

Pourquoi? (me demandez-vous) Mais pourquoi s'impose-t-il un tel calvaire? Six années d'analyse chez le maître Neptune ne sont pas parvenues à décoder ce besoin inassouvi de grimper la moindre colline qui se présente à lui. Depuis, le pont, j'observe la petite tache bleue gravir la montagne. Lentement, mais avec une détermination sans faille, Dom atteint les crêtes.

Cette fois au moins, il ne traverse pas de nid de guêpes. Mais, en face, sur la Rive-Sud, un feu de forêt débute. C'est une manie sur Tahuata... Ou plutôt une distraction contagieuse. Les Marquises sont en proie à une désertification. Le déficit en eau de pluie ne s'est pas comblé cette année encore. Depuis trois ans, les Marquises aggravent leur situation.

Cette lacune est visible à l'oeil nu, les forêts, vues depuis la mer, présentent de vastes étendues grisâtres : des arbres qui ne luttent plus. Il ne reste que les troncs, et les pluies du mois de juillet et août ne sont pas parvenues à les réveiller. La faune a subi de plein fouet ces conditions. Les légendaires chevaux marquisiens que l'on imagine gambadant sur les crêtes verdoyantes sont morts de soif. Ceux qui restent sont domestiqués et maintenus en vie par leurs propriétaires.

Les insulaires, pour leur part, ne sont pas habitués à ces conditions. Ils ont l'habitude de nettoyer leurs cocoteraies en brûlant tous les déchets organiques. Ils rassemblent les feuilles, les coques des noix et y mettent le feu. Souvent, ils s'en vont, accoutumés qu'une pluie finisse le travail. En juin, ce fut l'hécatombe. Sur le mont Temetiu, des hectares entiers sont partis en fumée. A Hapatoni, la montagne a brûlé pendant 2 jours entiers, menaçant le village, emportant des essences rares, tel le santal.

Pour l'heure, Dom est sur la Rive-Nord, et c'est au sud que la fumée avance avec les rafales de vent accélérées par un effet thermique. Il n'est pas en danger. Il profite d'un panorama magnifique sur le canal du Bordelais, ses crêtes de vagues répondant aux crêtes de roche de Hiva Oa. Le mont Temetiu garde son écharpe de nuages. Mais, la vue sur les plis taillés d'une hache dantesque des falaises de Hiva Oa est incomparable. Il fait de superbes clichés, où l'ombre et la lumière se jouent des contrastes de relief. Où "notre" baie, d'un éclat luminescent anime le paysage.

Au retour sur la plage, il fait une jolie découverte...
Mais il faut en laisser pour demain
Nat et Dom
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