Galapagos_Isabela_tortues geantes_photos_150
EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Thu 1 Apr 2010 22:04
Objet : Rencontre avec les patriarches de
l'ile Photos : Photos devenues traditionnelles des Galapagos, elles symbolisent l'espoir de préservation Reproduction des tortues Soins apportés aux bébés, centre de préservation et son travail Poses diverses Bonjour, La visite au centre de préservation des tortues est un moment émouvant de ce voyage aux Galapagos. Après plusieurs siècles de saccages de la nature par l'homme, celui-ci prend enfin conscience de la fragilité de son écosystème. Au-delà de l'aspect touristique, qui est indéniable, des hommes travaillent, chaque jour, à la rédemption de l'environnement. Chaque jour, ils sont là, au chevet des tortues géantes qui ont été et sont encore menacées d'extinction. Le premier nom de baptême qui vint à l'esprit des découvreurs de l'archipel fut celui de "Islas Encantadas" : îles enchantées... Enchantées, car elles apparaissaient et disparaissaient au gré de courants et des brouillards ; enchantées, car les animaux ne s'y méfiaient pas de l'homme ; enchantées, car elles recelaient une faune inégalée dans le monde ; enchantées, car leur beauté se place au-dessus de l'imaginable. L'homme qui, sous l'emprise de la magnificence devient poétique, peut aussi se révéler extrêmement destructeur. Par inconscience, par ignorance, les premiers découvreurs des Galapagos se servaient des tortues comme d'une proie facile à capturer. Elles offraient de la chair fraîche à embarquer à bord de leurs navires. Les conquistadores, les pirates, les chasseurs de baleines et les premiers colons ont saccagé les îles Galapagos pendant plus de quatre siècles. Non contents de prélever des milliers de tortues, ils importèrent chèvres, bovins, cochons, chiens, chats, rats... Une foule de mammifères qui déséquilibra l'écosystème. Les tortues qui subissaient déjà la chasse des hommes se virent menacées par d'autres fléaux. Les chèvres voraces réduisaient leur quantité de nourriture, les gros mammifères écrasaient les oeufs dans les nids, les chiens, les rats et chats mangeaient les oeufs et les bébés... Ainsi, les tortues, animaux des plus primitifs, dont les plus vieux fossiles datent de plus de 200 millions d'années et donc antérieures aux dinosaures, qui contrairement à ces derniers ont continué de s'adapter et de se développer, étaient à deux doigts de ne pas survivre à l'humain... En 1959, le gouvernement équatorien, aidé par l'UNESCO et par les organismes scientifiques internationaux, crée la "fondation Charles Darwin". A partir de cette date, tout animal endémique des Galapagos est protégé. Se met en place, une série de projets visant à sauver ce qui est encore vivant dans l'archipel, car bon nombre d'espèces ont déjà complètement disparu. Il faut bien comprendre que les espèces animales présentes sur le territoire des Galapagos n’existent qu'ici et nulle part ailleurs (observation qui a inspiré à Charles Darwin sa fameuse théorie de l'évolution). Le caractère endémique indéniable se spécialise à chaque île. Pour exemple, sur l'île de Santiago, 23 espèces d'oiseaux terrestres ont été recensées, celles-ci ne quittant jamais l'île et ne se retrouvant pas sur ses voisines. Quant aux tortues, chaque île recèle sa propre variété de tortues. On trouvera les Geochelone elephantus Porteri sur Santa Cruz, tandis que la famille d'Isabela se nommera Geochelone elephantus Paloma. Poussant l'enracinement géographique à l'extrême, sur Isabela, chaque volcan compte une variété différente de tortues géantes (voir photo ci-dessous). Il existe dans le monde 12 variétés de tortues géantes dont 5 vivent à Isabela. Le terme "elephantus" se rapporte à leurs dimensions, la tortue géante des Galapagos, pouvant atteindre plus de 1,2 mètre de longueur et plus de 200 kilogrammes. Le caractère endémique de la faune des Galapagos la rend extrêmement vulnérable. Lorsqu'une espèce est en danger, il ne suffit pas d'aller chercher un couple ailleurs dans le monde et de le réintroduire aux Galapagos. Toute espèce disparue l'est irrémédiablement. Lorsqu'au milieu du vingtième siècle les institutions scientifiques internationales se réveillent, elles en sont presque à sonner le glas d'une faune exsangue. Afin de sauver la faune endémique des Galapagos, le gouvernement, aidé par les organismes internationaux tel que l'UNESCO, combat sur plusieurs fronts. Il faut à la fois éradiquer les animaux nuisibles au développement des espèces spécifiques et encourager la reproduction de ces dernières. Pour réduire, voire éliminer la population de chèvres qui désertifiaient les îles, les organisations de défense de l'environnement ont fait appel à des chasseurs australiens. Ceux-ci utilisent des hélicoptères, ils repèrent les troupeaux et éliminent un maximum de têtes depuis les airs. Cette solution qui aujourd'hui s'avère efficace coûte très cher! Cependant, la végétation reprend vigueur et les tortues retrouvent une alimentation facilement disponible. Quant aux chiens sauvages, ils furent empoisonnés (seuls les chiens domestiques sont encore permis et très surveillés dans les îles). Les chats furent épargnés, car ils se chargent de réduire la population de rats et de souris. Les cochons sauvages sont plus difficiles à maîtriser. En ce qui concerne la reproduction des espèces endémiques, le centre de préservation captura dès 1994, 4 mâles et une femelle de type Cero Paloma, espèce la plus menacée, et dont les prélèvements de sang ont déterminé le caractère unique. Celles-ci furent installées confortablement, à l'abri de tout prédateur afin de se reproduire tranquillement et de travailler sereinement pour l'avenir. Rapidement, deux autres femelles grossirent les rangs des reproducteurs. Aujourd'hui, nous pouvons déclarer que ces géniteurs ont pris leur rôle à coeur! De véritables nurseries couvent des centaines de bébés tortues. Selon les années, le population de bébés compte entre 500 et 1000 individus. L'âge de reproduction n'est atteint que vers 30 ans. Entre sa sortie de l'oeuf et sa vingt-cinquième année, la tortue n'est pas définie sexuellement. Entre 25 et 30 ans, selon les conditions ambiantes, la tortue deviendra mâle ou femelle. C'est entre 30 et 50 ans que la tortue est la plus efficace dans le cycle de reproduction. Par la suite, son activité sexuelle s'amenuise graduellement. Mais sans avoir besoin de "viagra", les mâles tenteront leur chance auprès des donzelles jusqu'à 150 ans... voire 200 ans pour les plus "canoniques". Les amours de ces grosses bêtes pataudes et lentes sont néanmoins tumultueux. Les femelles, pas spécialement portées sur la chose, tentent systématiquement d'échapper aux avances. Les préliminaires n'ont rien de tendre, le mâle se sert de son corps comme d'un bulldozer afin de coincer sa partenaire. On entend de grands chocs de coques... "Bong, bong, bong... je suis là." La femelle rentre la tête et les pattes dans sa carapace espérant échapper à son devoir. Mais, Monsieur, patient, attend que l'estomac crie famine. Lorsque Madame sort de sa torpeur pour aller se sustenter, Monsieur entreprend alors l'ascension douloureuse de sa belle... On comprend mieux, pourquoi les photos les montrent toujours en action la bouche pleine! La saison de reproduction s'étend de janvier à mai, pendant la saison chaude. La femelle pond ses oeufs dans un nid, qu'elle creuse en terre meuble, cherchant toujours un endroit où la température d'incubation est idéale. Elle laisse entre 6 et 14 oeufs, puis elle urine et défèque sur les oeufs afin de remblayer le nid qu'elle abandonne par la suite. Après 160 jours, les petites tortues doivent gratter la terre afin de regagner la surface et survivre par eux-même. Cette période est la plus délicate dans une vie de tortue, ainsi, les responsables du centre sont en charge de retrouver les nids, de prendre les oeufs, de les déposer exactement dans la position où ils les ont trouvés afin de les conserver dans une "couveuse"... A leur naissance, les tortues sont mises en nurserie. Les scientifiques les pèsent, les mesurent et vérifient leur état de santé tous les 3 mois. Lorsqu'elles atteignent 6ans, âge où elles ne craindront plus les prédateurs, elles sont relâchées dans les zones ou la nourriture est abondante. Le projet de préservation des tortues sur Isabela monopolise la population et surtout les enfants. Le mot d'ordre que l'on retrouve un peu partout dans le village est : "le présent et le futur dépend de nous!". J'ai la sensation qu'ils sont en train de gagner leur combat... Nat et Dom www.etoiledelune.fr/blog |