Colombie_Rosario_aux couleurs de l'Afrique
EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Sun 22 Nov 2009 19:37
Objet : une atmosphère d'attente et
d'Afrique
photos : les maisons en matériaux
naturels de Rosario
Bonjour,
Depuis que nous sommes arrivés à Rosario, je ressens comme
une atmosphère particulière. Le comportement lascif de la population à majorité
noire, des musiques qui s'échappent des cases, des enfants qui jouent dans
l'eau, les coqs qui chantent à l'aurore... Un air de débrouillardise et de
commerce à la sauvette. Oui, ici, la Colombie cède le pas à l'Afrique. Une
ambiance dépaysante dans laquelle il faut lutter pour trouver les justes
formules pour ne pas céder à toutes les propositions qui nous sont faites, car
les jours se succèdent et nous avons droit au même rituel quotidien : nous
assistons au défilé des barques qui ont toutes quelque chose à nous
vendre.
En plus du comportement très sociable des insulaires, la
physionomie des habitations contribue à épaissir les impressions. A
Rosario, nous avons trouvé une architecture originale. Il y a bien entendu
quelques maisons de béton ou de pierre, mais de préférence, les maisons
utilisent le bois pour la structure, les palmes pour les toits. Certaines sont
peintes de couleurs vives et cachent la qualité modeste du matériau utilisé.
Celles-là sont les maisons des habitants permanents des îles.
Mais Rosario, proche de
Carthagène, est une banlieue prisée par les citadins. Certains travaillent fort,
toute leur vie, pour y bâtir leur maison secondaire. Ces habitants
périodiques montrent une prédilection pour les huttes de luxe. Certains les
rentabilisent et transforment leur plage privée en site d'accueil pour les
promeneurs du dimanche. D'autres s'agrandissent et proposent des chambres et des
tables d'hôte. Les idées foisonnent. Certaines drainent du monde et
inspirent des carrières de guide aux insulaires. Il en est ainsi sur
le domaine d'un riche propriétaire ornithologue qui a créé plusieurs
volières abritant plus de 250 oiseaux tropicaux. Pour y aller, il faut
simplement aimer voir les oiseaux en cage...
Toutes les maisons se partagent des îlots minuscules,
certaines ont colonisé une île pour elles seules. Toutes ont un charme
singulier. Perchées dans la cime des arbres ou nichées derrière un rideau de
cocotier, elles dégagent une féérie qui donne envie.
J'avoue que certaines "cabanes à Rosario" ont largement de
quoi nous inspirer, si un jour, il nous revenait l'envie de nous établir à
terre. En fait, depuis baia Cinto dans les cinq baies, jusqu'à Sapsuro à la
frontière du Panama, il y a de quoi s'extasier devant les masures colombiennes
qui fleurissent le littoral du pays.
Je vous rassure, seul le bâtiment nous fait rêver, le
projet de s'arrêter de naviguer pour s'établir à terre est loin, très très loin
retranché derrière les idées les plus saugrenues qui nous pourrions mijoter.
En parlant de naviguer...
Mon capitaine regarde
les fichiers grib, les buyoweather et les photos satellites avec une
circonspection qui lui arque le sourcil droit. Il pourrait sous son oeil bleu
être irrésistible au moussaillon, s’il ne savait pas ce que cet oeil dubitatif
cachait... En réalité, nous attendions que cessent les orages pour partir sur
les San Blas. Les orages ont finalement une belle tendance à tirer leur
révérence. Tant mieux! Mais ce que nous n'avions pas prévu c'est que le vent les
accompagnerait. Il nous a lâcher lui aussi. Il se cantonne au nord du 11° nord.
Or, nous sommes au sud du 10° nord et nous partons plus au sud encore!
C'est rare les conditions idéales en mer! Le vent, soit il
y en a de trop, soit il manque farouchement. C'est un peu capricieux comme
bêbête...
De toute façon, il n'y a rien à faire. A notre niveau, on
peut penser aux incantations, aux danses sur le pont, aux chants évocateurs...
Nous ne voudrions fâcher personne là-haut, nous allons donc nous en tenir à ce
qui nous est offert et ... laisser le capitaine décider de la suite. Va-t-il
vouloir parcourir les 174 milles qui nous séparent des San Blas au moteur? Le
suspens reste entier...
Pendant ce temps, le moussaillon continue ses virées de
prospection et il vous tient au courant...
Amitié marine Nat et Dom
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