ILE DE PAQUES_4_Confusions historiques_lorigine des Rapanui_photos

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Sun 17 Apr 2011 03:28
Sommaire :
Des théories les plus farfelues aux constats les plus sages...
L'origine des Rapanui
Venus de l'Est?
Continent englouti?
Extra-terrestres?
La voix de la raison
En fin de message photo (avec supplément dans message suivant)

Bonjour,

Plus je lis, plus je me documente, moins je parviens à comprendre ce qui a pu se passer sur l'île de Pâques. Le mot "mystère" est ressassé jusqu'à l'overdose. En réalité, tout cela me donne la sensation qu'il règne une immense confusion générale, en raison du manque de données tangibles. Le problème c'est que tout le monde y est allé de sa petite théorie. Les "vrais" scientifiques se sont fait voler le sujet par une palanquée de passionnés, plus ou moins illuminés, qui ont rempli les niches de méconnaissances de leurs assertions parfois farfelues.

Des théories les plus farfelues, aux constats les plus sages...


L'origine des Rapanui

Michel Orliac, chercheur au CNRS, résume admirablement la situation dans un seul titre : "L'île de Pâques est-elle l'île aux bêtises ?" Avec un humour caustique, l'auteur énumère tout ce qui s'est dit sur la provenance des premiers habitants de l'île de Pâques depuis le début du dix-neuvième siècle.

Venus de l'Est?


La théorie la plus facile est celle qui fait venir de l'Est les habitants de l'île de Pâques et plus généralement les Polynésiens. Sans aucune connaissance nautique, les peuples amérindiens se seraient laissés porter par les vents portants et les courants dominants sur des pirogues en matières végétales (joncs ou autres) pour atterrir, par hasard, sur des îles lilliputiennes disséminées sur un océan couvrant un tiers de la surface de la planète. Cette théorie a été encensée par le révérend William Ellis en 1820. Mais réfutée, presque immédiatement, par des scientifiques américains et français. En 1846, "Hale, anthropologue de l'expédition d'Exploration des États-Unis dans le Pacifique dirigée par Wilkes, réfuta cette théorie grâce à des arguments linguistiques". En 1866, Armand de Quatrefages, anthropologue français, ajoute quelques arguments supplémentaires en faveur de l'origine asiatique des Polynésiens et notamment des caractéristiques physiques des populations, des données tirées des moeurs et des coutumes. (voir photo ci-après de la répartition du mot "toki" en Polynésie)


Pourtant, une provenance amérindienne revient en force avec Thor Heyerdahl. La patate douce est à l'origine de ses recherches. Anne Lavondès explique la méprise de Heyerdhal de la manière suivante : "Connue il y a 4000 ans sur les côtes du Pérou, la patate douce constitue le principal argument de Heyerdahl, en faveur d'un peuplement de la Polynésie depuis l'Amérique. Comment les Polynésiens ont-il obtenu la patate douce et pourquoi n'ont-ils pas adopté en même temps le maïs que les Péruviens cultivaient depuis longtemps? Si les Péruviens étaient venus en Polynésie, ils auraient certainement apporté le maïs avec eux. Si ce sont les Polynésiens qui ont abordé sur la côte du Pérou, ils ont pu n'emprunter que la patate douce (...) puisqu'ils étaient traditionnellement des mangeurs de racines et ne cultivaient pas de céréales (...)"

Ces arguments n'ont pas convaincu et certaines hypothèses ont persisté en faveur d'un apport péruvien sur l'île de Pâques. Ainsi, l'explorateur norvégien et d'autres ont imaginé que Tupac Yupanqui, un empereur inca qui régna  entre 1471 et 1493, aurait débarqué sur l'île de Pâques. Il aurait emmené dans ses "bagages", la patate douce et montré le savoir-faire des incas. Ainsi, l'empereur péruvien aurait fait escale à Vinapu où il aurait fait construire un mur aussi jointif que ceux que l'on retrouve à Cuzco (Pérou). Ce mur existe vraiment sur le sol pascuan, et il est sans doute l'oeuvre qui "contrarie" le plus les historiens-anthropologues. Mais de récentes études situent l'édification de ce mur en 1200, soit bien avant la naissance de l'empereur péruvien et l'âge d'or de cette nation qui entreprit de bâtir les mêmes murs au quinzième siècle.
 

Michel Orliac, au sujet du navigateur norvégien écrit ces mots très durs : "Il y a maintenant plus de cinquante ans que Thor Heyerdahl a ressorti ces vieilleries et très courageusement joué au bouchon sur toutes les mers du monde pour prouver la réalité de la poussée d'Archimède. Ses théories archéologiques, essentiellement basées sur des rapprochements superficiels et ponctuels, ne sont apparemment pas à la mesure de sa vie aventureuse."

Si les Polynésiens ne sont pas d'origine amérindienne, cela implique que la patate douce aurait été introduite par les Polynésiens eux-mêmes. Comment l'ont-ils introduite dans leurs îles? Ceux-ci seraient partis du centre de la Polynésie, cherchant d'autres terres où s'installer, ils auraient raté les îles orientales du Pacifique pour atterrir sur le continent sud-américain. Puis, au lieu de s'y installer, ils auraient repris leurs pirogues , enrichies de la patate douce, pour rejoindre les îles polynésiennes d'où ils étaient originaires. De nombreuses études démontrent que les Polynésiens étaient de grands navigateurs. Encore aujourd'hui, des pirogues construites selon les modèles ancestraux sillonnent l'océan en tout sens, ralliant Papeete à Hawaii, les Tonga aux îles de la Société, Gambier à Rapa Nui... Le voyage de certains outils, comme l'herminette tente, aussi,  à prouver que ces voyages existaient bel et bien. Ainsi, un archéologue a récemment démontré que la pierre de Eimeo (Nord Marquises), qui servait au tranchant de l'herminette, se retrouvait très loin au sud ou à l'ouest de ses gisements. Ce qui implique des échanges interîles.

De tout cela, les scientifiques ont conclu, que les Polynésiens et de fait, les Rapanui, n'étaient pas des Amérindiens.

Les restes d'un continent englouti?


Jean Sébastien César Dumont d'Urville se persuade en 1841 de l'existence d'un ancien continent dont seul émergerait encore le sommet des montagnes. Toutes les îles du Pacifique sont, à son avis, rattachées au continent américain. L'expansion du peuple océanien ne se serait donc pas faite par la voie des eaux, mais tout simplement à pied. Le continent se serait affaissé dans les profondeurs océanes pour isoler chaque peuple sur leurs terres devenues insulaires. L'idée que les Maoris seraient en réalité américains fait écho en Nouvelle-Zélande entre 1860 et 1880. Les observations géologiques de Charles Darwin et ses théories sur la formation des îles du Pacifique auraient dû faire taire à jamais celles de l'existence d'une Atlantide pacifique.

Mais en 1899, Pierre Loti, préfère la science-fiction à la science. Subjugué par l'atmosphère de Rapa Nui, il réveille à jamais  le GRAND mystère du continent englouti qui fait encore les choux gras des doctrines ésotériques.  "Dans le court journal qu'il tenait à bord de La Flore en 1872, on ne compte pas moins de treize fois les vocables : étrange, mystère, fantastique, extraordinaire et dans la version plus sophistiquée qu'il publia en 1899, quinze fois dont deux fois le terme «ésotérique »". Aujourd'hui, son récit est disponible en français, anglais, espagnol et japonais sur toutes les étales des marchands de souvenirs de l'île de Pâques. Le continent englouti a encore de beaux jours devant lui.


Voici quelques extraits de son journal :

« Des routes dallées, comme étaient les voies romaines, descendent se perdre dans l'Océan ».
« Par ailleurs, l'île semble bien petite en proportion de cette zone considérable, occupée par les monuments et les idoles. (...) Ce pays est-il un lambeau de quelque continent submergé jadis comme celui des Atlantes ? »

Michel Orliac intervient en ces termes sur ces observations plus poétiques que pragmatiques : "Est-ce bien utile de préciser que les voies dallées qui s'enfoncent sous la mer sont des coulées de lave dont la surface, craquelée lors du refroidissement de la roche puis régularisée par l'érosion, ressemble aux pierres jointives d'un dallage ?


Voici donc le continent englouti, perdu à jamais dans les nimbes des plus hallucinés poètes.


Il ne manquait plus que les extra-terrestres

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En pénétrant dans le petit musée de l'île de Pâques, le visiteur tombe nez à nez avec les petits hommes verts. L'un des premiers panneaux explicatifs dit ces mots en espagnol : "La voix des Témoins : OVNI au CHILI? Ile de Pâques traditions mystiques". Puisque personne n'arrive à expliquer comment des êtres humains doués de l'industrie de l'âge de pierre ont pu naviguer à rebours des courants et des vents sur le grand océan et ériger des statues géantes, autant faire appel aux très hautes instances, les plus hautes possible et pourquoi pas les extra-terrestres? Plusieurs "intelligences" se sont posé la question. A tâtons ou d'une voix de baryton, autour des années 1970, plusieurs personnages, écrivains-explorateurs, dont Robert Charroux, Erich von Däniken, Francis Mazière ont exprimé la chose avec plus ou moins d'impact.

Erich Von Däniken s'interroge, en 1969 : « Qui donc a pu tailler de tels blocs de pierre à même la montagne, puis les transporter – sans rouleau – à plusieurs kilomètres de distance ? Qui a pu leur donner forme, les polir, les ériger ? Et comment leur a-t-on mis sur la tête ces chapeaux de dix tonnes ? » Et il répond… « Selon la tradition orale, des hommes volants auraient atterri sur l'île il y a longtemps et auraient montré aux habitants comment on fait du feu. »

A ces allégations, le chercheur du CNRS se range derrière la voix reconnue des anthropologues, Alfred Métraux : « Le miracle de l'île de Pâques réside dans cette audace qui a poussé les habitants d'une petite île, dénuée de ressources, à dresser sur l'horizon du Pacifique des monuments dignes d'un grand peuple. »


La voix de la raison


Comment se fait-il qu'autant de théories ont fulminé sur l'île de Pâques, alors qu'en 1774, James Cook dans ses carnets de bord, consignait ce qui au vingtième siècle sera confirmé par des études scientifiques, linguistiques et des analyses ADN? Le mystère est à trouver dans l'imagination des hommes, leur besoin de rêver, de se créer un autre monde que celui, pourtant merveilleux, qui se trouve tout naturellement sous leurs pieds.


Lorsque James Cook aborde l'île de Pâques, il s'exprime en ces termes : "Pour la couleur, les habits et la langue, ils ont une telle ressemblance avec les peuples des îles plus occidentales (Polynésie) que personne ne peut douter de leur communauté d'origine. C'est extraordinaire que la même race se soit répandue sur toutes les îles, car cela comprend presque un quart de la circonférence du globe." De plus, le navigateur garde à son bord, un Polynésien issu de Bora-Bora, et lorsque celui-ci débarque sur Rapa Nui,
il converse avec les autochtones dans une langue similaire.

Enfin, voici la vérité rétablie! Et,le talent des navigateurs des peuples océaniens reconnu! L'île de Pâques est le point extrême de ce que l'on nomme le "triangle Polynésien". (Voir l'itinéraire complet du peuple Polynésien dans le lien suivant
http://s121758490.onlinehome.fr/edl/polynesie/origines.html)

Les premiers habitants de Rapa Nui sont originaires soit des Gambiers, soit des Marquises et avant cela d'Insulinde. C'est à dire, que les ancêtres des premiers découvreurs de Rapa Nui, ont, grâce à leur savoir-faire nautique et leur connaissance du "chemin des étoiles" traversé la quasi totalité de l'océan Pacifique pour s'établir sur cette terre lilliputienne et y dresser des colosses de pierre. La dernière étape de leur parcours n'est pas encore élucidée. Viennent-ils des Marquises ou des Gambier? Des études linguistiques, des similitudes entre les premiers Moai et les tikis des Marquises tentent à pencher pour cette première solution. Mais des études récentes de l'ADN de la population ont révélé des affinités avec les habitants de Mangareva, aux Gambiers.


Le père Roussel, qui évangélisait aux Marquises, puis aux Gambier, partagea dès 1869, ses observations quant aux affinités entre les Pascuans et les Polynésiens : « Je laisse aux savants à discuter quel a été le berceau des Rapanui (les Pascuans). Ce qu'il y a de certain, c'est qu'ils appartiennent à la famille polynésienne : leurs traditions, leurs mœurs, leurs tapu (tabous), leur religion et leur idiome, qui ne diffère presque en rien de celui des Gambier, ne permettent pas d'en douter. »


  Quelques preuves supplémentaires : les poules et les rats trouvés sur l'île de Pâques ont un ADN exactement semblable à celui des mêmes animaux asiatiques et n'ont aucune trace de ressemblance avec ceux d'Amérique latine.
En 1994, " (...) des séquences d'ADN extraient de squelettes de l’Île de Pâques par la biochimiste Erika Hagelberg ont prouvé qu’elles étaient identiques à l'ADN de Polynésiens vivants et d’anciens squelettes polynésiens."

Suite au prochain épisode : quand sont-ils arrivés?
Nat et Dom
www.etoiledelune.net

Sources:

http://ufologie.oldiblog.com
Courtoisie : Archives d’Etat de Hollande _ Journal de Jacob Roggeveen_ Découverte de l’île de Pâques.
James Cook, relations de voyage autour du monde
Les enfants de Tangaroa Catherine Orliac Chercheur au CNRS
L'île de Pâques est-elle l'île aux bêtises ? Michel Orliac Chercheur au CNRS
Anne lavondès "le Polynésien et la mer", Publications de la Société des études océaniennes/Orstom, Papeete, 1971.
Terres et civilisations Polynésiennes chez Natan

recherche est encore invoquée aujourd'hui pour justifier la thèse
Beauté et mystères de l'Île de Pâques http://www.jeanhervedaude.com

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