Panama_Coco Bandero_le soleil donne...
EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Tue 1 Dec 2009 15:10
Objet : Nous arrivons aux San Blas et le
soleil aussi... Apio, notre première rencontre...
Photos : Archipel des San Blas, ensemble d'îles de
Coco bandero
1) Dupwala au lever du jour
2) L'Etoile de lune devant Dupwala
3) Les cocotiers de Olosiduidup
4) Apio, le livreur à domicile
Bonjour,
Nos deux premiers jours aux San Blas furent
pluviogrisailleux. Tristounets en somme...
Notre arrivée fut entravée par le ciel de plomb qui ne
laissait pas l'eau dessiner les récifs par les rayons de couleurs
caractéristiques. Heureusement, le capitaine avait préparé la navigation et avec
quelques points GPS judicieusement placés sur la carte, L'Etoile de Lune s'est
frayée un chemin pour arriver dans le lagon. Pour nous aider, de Grands
Dauphins, ceux qu'on appelle "souffleurs" et que nous voyons dans les sea
quarium, nous ont escortés jusque dans la passe. Une bande sérieuse. Elle ne
jouait pas, comme si elle était consciente de la gravité de l'heure. Elle se
répartissait de chaque côté de l'étrave, ondulant le long de la coque. Puis,
lorsque nous fûmes à l'intérieur, la bande disparut, repartie dans une partie de
pêche au large.
Sans visibilité nous n'avons pas osé nous aventurer entre
les divers îlots de Coco Bandero. Nous avons planté la pioche, un peu par dépit,
devant l'îlot de Tiadup. La houle venue des fronts froids du nord frappait le
récif, elle passait par-dessus, contournait l'île par ses deux extrémités et se
rejoignait sous notre Etoile qui se laissait aller à un déhanchement erratique.
Pas très agréables..., ces deux premiers
jours!
L'humeur du bord à l'aune de la couleur du ciel attendait
patiemment que cela s'arrange.
Tout s'arrange! Toujours!
Pour nous aider à patienter, Apio vient nous dire bonjour.
Qui est Apio?
Un phénomène Kuna! Je vous le dis!
Nous avions fréquenté, il y a deux ans, le sud de
l'archipel. Des îles retranchées à l'abri de l'évolution du monde, où la
tradition kuna était farouchement préservée. Là, les Kunas vivent un autre âge.
Celui de la pêche, de la cueillette, une vie communautaire dans des huttes en
bois aux toits de palmes. Les femmes cousent les fameux mollas. Les hommes
repèrent les rares bateaux qui viennent mouiller devant leur île et leur
réclament la fameuse taxe kuna... Un droit de rester, de mouiller, de partager
leur vie... Tout au long du jour, le défilé des barques prenait notre Etoile
pour escale favorite. Chacun avait quelque chose à nous vendre. A les écouter,
nous aurions à bord un magasin de mollas.
A Coco Bandero, nous avons peine à croire que nous sommes
en pays Kuna. Pourtant, c'est la partie de l'archipel la plus connue... la plus
réputée!
Personne ne vient nous voir. Pas d'impôt kuna? Nous ne
nous en plaignons pas... Pas de jeune femme qui nous susurre "comprar molla"
(acheter Molla)... Bizarre... Mais nous n'en sommes pas fâchés ! Seul Apio arrive sur nous avec sa grosse barque en bois.
Et bing !
C'est pour la coque (la nôtre!).
Re-bing...
ça c'est un coup de marche avant intempestif! Notre Apio
manie non pas la pagaie comme dans le sud, mais une motogodille de 15 chevaux.
L'éternelle évolution du monde...
Il monte à bord... Je n'ai
pourtant pas entendu mon capitaine le lui autoriser. Moi? Ben je suis une fille,
alors... Apio a suivi l'évolution motorisée, mais pas celle de la galanterie,
machisme kuna de mise! Il commande. Il dicte. Il demande un papier et un
crayon.
Oui, oui vous avez bien lu!
Il n'est pas là pour nous vendre les
traditionnels mollas, mais pour faire NOTRE marché. Sincèrement, plus utile
que les mollas. Nous sommes sous l'autorité de ce petit bonhomme qui, au
passage, a une très belle écriture, enjambée, claire... Il note que pour demain,
il nous faut du pain (le délicieux pain kuna), des tomates, des bananes, des
langoustes... s'il trouvait des oranges??? Un ananas??? Au passage il nous
demande si nous voulons du diesel, de l'essence et si nous avons de la
"lavanderia" à lui confier...
Hé bè!
Je suis scotchée!
Le monde kuna, en deux ans, s'est complètement mis à
l'heure de la plaisance. Qui disait que le monde de la plaisance était mature
avec un grand "M"? Oui... mais jusque chez les Kunas???
Le lendemain, tandis que nous attendons Apio, qui est
parti la veille avec les quelques dollars que nous lui avons confiés pour faire
nos courses, des ailerons frôlent notre coque. Médusée, j'observe le manège de
nos amis. Les dauphins. Encore! Depuis que nous sommes partis de Curaçao, ils ne
nous ont presque pas quittés. Ils tournent autour de nous, tranquillement. La
mer grise, les peaux lisses en ton sur ton, la pluie ne les gêne pas. Leur ronde
s'éternise une bonne heure. Ils tournent autour des autres bateaux, nous sommes
quatre en tout. Personne ne semble s'apercevoir de leur présence. Silencieux,
ils sillonnent le mouillage. Magique et discrète présence, un mirage de bonheur.
L'après-midi, Apio revient. Il évite notre coque cette
fois. Il nous ramène, un régime entier de banane, des tomates, rouges, dodues,
juteuses, sucrées... Miam! Je l'apprécie de plus en plus ce Apio. Les langoustes
sautillent dans le seau, le pain est sur la table... ha... il a oublié "el
vueltito", le retour de notre monnaie. Mais ça ne l'empêche pas de nous demander
un peu d'essence. Pour alimenter son gros moteur, un tuyau plonge dans des
bouteilles plastiques, ex-galon d'eau. Dom le lui remplit. Il nous promet de
revenir, avec "un regalo" pour l'essence. C'est inimitable! La veille il nous
proposait de nous vendre du diesel, et le lendemain il est en panne pour son
propre moteur!
Ha la vie sous les Tropiques!
En attendant Apio, le lendemain, c'est le soleil qui
pointe le bout de son nez. Un beau matin de ciel bleu,
moucheté de nuages pommelés. Un soleil rond, rouge vif sort de l'eau. Il annonce
une belle journée. La première belle journée depuis des semaines. Nous avons de
la chance, les bateaux restés cet été dans les San Blas ont connu un record de
pluviosité. Le ciel clément revient. Depuis que nous sommes là, la pluie a
cessé, l'humidité a mis deux jours à s'évacuer, à présent, il fait un temps
parfait.
Un air léger, si léger, un ciel bleu ou le passage de
nuages inoffensifs rafraîchit la chaleur. La mer se calme. Nous profitons du
départ d'un bateau et de l'eau redevenue claire pour nous repositionner. Entre
deux îles, celles de Dupwala et de Olosiduidup, l'abri est meilleur. Ca ne sert
à rien de vous mettre le nom des îles... ça ne vous dit pas grand-chose... Mais
je ne peux m'en empêcher... J'adore le nom des îles au San Blas. Ca ne ressemble
à rien. A les écorcher en les lisant, nous sommes déjà ailleurs, dans un autre
monde... Entre ces deux îles, donc, notre Etoile a trouvé sa place. Elle a cessé
de danser, elle est mue par un léger, tout léger balancement. Celui que nous
aimons tous. Sous le soleil, Coco Bandero dévoile enfin ses charmes. Le relief,
les formes, les couleurs, et sous nos yeux, un archipel de rêve.
Comme les dauphins, les îles cocotiers couvent l'idéal du
voyageur.
S'en lassera-t-on?
Je ne pense pas.
Alors... Laissez-moi partager ces quelques échantillons de
bonheur avec vous...
A plus pour d'autres nouvelles
Toute notre amitié, pleine de chaleur et de
soleil.
Nat et Dom
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