TAHITI_Papeari_Jardin botanique_Harrisson Smith homme de bien_photos

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Sat 5 Mar 2011 00:19
etoiledelune_tahiti_jardin botanique_harrisson smithBonjour,

Nous quittons la presqu'île et revenons sur les contours de Tahiti Nui. Sur la côte ouest, venant de Taravao, le village de Papeari abrite, outre le musée Gauguin, le Jardin botanique fondé par un Américain au début du vingtième siècle : Harrisson Smith.  Dès notre entrée dans le vaste jardin, une fillette de 7 ans, Lucie s'improvise guide. Elle promène son chien, Roxy, qu'elle adore voir plonger au milieu des nénuphars. Notre promenade s'égraine au gré des facéties de cette enfant, qui rapidement s'empare de mon petit appareil photo (le tout-terrain!) pour débuter sa carrière de photographe. Son chien est sa première cible, puis rapidement, nous devenons ses "modèles"... Pas "top"! L'appareil survivra à cette expérience tumultueuse...

Ce jardin est un don de Harrisson Smith à la communauté tahitienne. Il est né à Boston le 29 décembre 1872, il fut professeur de physique à l'université de Harward. Grand voyageur, il débarqua à Tahiti pour la première fois en 1903.

Pendant la Première Guerre mondiale, il fut ambulancier sur le front français. Après la guerre, en 1919, il revient s'installer à Tahiti. Il achète plusieurs propriétés de Papeari.

etoiledelune_tahiti_jardin botanique_harrisson smithIl se lie d'amitié avec Charles Nordhoff et James Norman Hall les deux écrivains de la Bounty. Au départ de Charles Nordhoff de Tahiti pour son retour définitif aux Etats-Unis, celui-ci confie à Smith les deux tortues des Galapagos qu'il reçut en 1928, des mains du gouverneur de Pennsylvanie. Les deux pensionnaires sont encore vivants et "participent" à la visite du jardin.  Te Ara Tau (qui signifie Le veilleur du temps) est une tortue mâle. Te Ara U'I (celle qui veille sur les générations) est une tortue femelle. Elles font partie des plus grandes tortues du monde, malheureusement, elles n'ont jamais voulu procréer. Pour les Polynésiens, la tortue est le symbole de la sagesse, de la persévérance et de la longévité. C'est également un animal totémique "un taura" (protecteur).  En 2008, une grande fête a été donnée en l'honneur de ces centenaires qui bénéficient de tout le confort au sein du jardin.

Passionné de botanique, Harrisson Smith rassemble à Papeari bon nombre d'espèces tropicales.  Mais, il ne se confine pas dans son jardin. Pour l'agrémenter d'espèces toujours nouvelles, il parcourt le monde. En 1921, il ramène d'un de ses voyages à Bornéo, le "pamplemoussier" donnant des fruits plus gros et moins amers que les espèces connues en Polynésie.Après dix ans de plantations et de soins, en 1930, les premiers gros pamplemousses sont dégustés sur le sol tahitien. Ils sont aussi succulents que ceux de Bornéo. Smith met alors au point le greffage par écusson et distribue gratuitement des pieds greffés dès 1931. Aujourd'hui cette variété fait des merveilles aux Marquises, où les pamplemousses y sont, sans doute, les meilleurs au monde.

En 1936, plus de 250 espèces nouvelles batifolent dans son jardin. Plantes ornementales, ou espèces destinées à enrichir le régime alimentaire des Tahitiens ou trouvant leur utilité dans la menuiserie. Il parvient aussi à combattre un ennemi insidieux du sol tahitien. Le musa fehi ou fei (banane légume) a toujours été l'aliment de base des Polynésiens, mais, il était la proie préférée d'un insecte particulièrement destructeur le "cosmopolites sordidus". En 1937, Harrisson Smith introduit, avec l'accord des autorités, un prédateur (le Plaesius avanus) qui dévore les larves et empêche la disparition du bananier.

Harrisson Smith est apprécié par les Polynésiens. Il est naturellement généreux et offre à toute personne qui le lui demande des plantes, des graines et des greffes. Il organise des concours de fleurs dans son district qui devient le plus fleuri de Tahiti. Il finance également la première infirmerie de Taravao qui, plus tard, devient un hôpital.

Il prend position contre les autorités qui autorisent les commerçants chinois de Atimaono à payer leurs ouvriers non pas en monnaie sonnante et trébuchante, mais en gallons de rhum. Il s'insurge contre les méfaits de l'alcool sur la société tahitienne et dénonce le laxisme des officiels. Il reste honnête et sincère toute sa vie, refusant même sa promotion dans la "Légion d'honneur", autocensure motivée par sa désapprobation face à un arrêté de loi autorisant Atimaonon à produire plus de rhum que de sucre.

Il meurt à Papeari en 1947. Son testament stipule que ses héritiers ne devraient jamais réclamer les sommes dues par ceux auxquels il avait prêté de l'argent.

Toute sa belle âme se trouve encore dans l'atmosphère de ce jardin. Il fait bon s'y balader, une après-midi entière.
A plus pour la suite
Nat et Dom
www.etoiledelune.net


JPEG image

JPEG image

JPEG image

JPEG image

JPEG image

JPEG image

JPEG image