Moorea et quelques soucis de vols d' annexes... Un problème perpétuel : la sécurité

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Thu 6 Jan 2011 01:43
Bonjour,

Depuis les fêtes de Noël, il y a quelques perturbations dans les mouillages de l'île toute proche de Moorea. Bon nombre de copains sont partis pour les fêtes dans la petite île soeur de Tahiti. Malheureusement, six bateaux ont eu a déplorer, en une seule nuit, dans le même mouillage, des disparitions ennuyeuses. Pour les uns ce sont les nourrices pleines d'essence, pour les autres les moteurs d'annexe, voire les rames, les chaussures... Tout est bon à prendre, et il semble que des petits "plaisantins" fassent leur marché de Noël sur les bateaux. Ils profitent du premier sommeil, pour se glisser sur les ponts, et chaparder tout ce qui les intéresse.

Ce matin, un article complet est sorti sur "La Dépêche de Tahiti". C'est le journal quotidien diffusé dans toute la Polynésie. L'article est long, avec force de photographies et de détails sur les "cambriolages" qui ont lieu depuis quelque temps à terre, comme en mer. Elle titre en première page : " Moorea : Les voiliers devenus la cible des cambrioleurs".

Si je vous raconte tout cela, ce n'est pas pour pointer du doigt ces malheureuses histoires, mais pour exprimer les sentiments que m'inspirent ces diverses affaires. Venant des pays latinos, où nous avons vécu quatre ans, nous trouvons sincèrement que la vie en Polynésie est très, très cool d'un point de vue de la sécurité des personnes et du matériel en général. Il est vrai que dans les pays plus démunis, nos bateaux représentent de réels coffres-forts. Outre le bonheur de vivre libres sur l'eau et notre passion du voyage, cela n'empêche qu'un dilettantisme exacerbé est un "crime".  Je l'ai écrit maintes fois déjà, mais les équipages en route sur les océans, sont les premiers responsables de ce qui leur appartient! Où qu'ils soient!

Après ces années de vigilances dans les pays dits "pauvres", en arrivant en Polynésie, la surveillance n'est plus systématique, la confiance s'installe... Et tôt ou tard nous offrons la trop belle occasion, à celui qui, en fin d'année, s'offre son petit cadeau! Dans tous les pays du monde, décembre et janvier sont toujours délicats d'un point de vue de la sécurité matérielle.

Outre l'aspect nautique, j'aimerais soulever le problème humain de l'insularité. Chaque île de Polynésie est un microcosme. Un landerneau insulaire, un minimonde où chacun se connaît. Au sein d'une même île, les habitants se tiennent les uns les autres... "Collés serrés ", comme dit la chanson. La promiscuité n'est pas tant physique que morale. Certaines îles ne sont composées que d'une voire deux familles (des grandes familles!). Les différends n'éclatent jamais au grand jour, car la vie serait intenable. Ici, les non-dits sont plus lourds et plus opaques que partout ailleurs.  Tout le monde sait, mais personne ne parlera. Non pour protéger celui qui a fauté, mais par la honte qui rejaillit sur tous, de ce qu'il a fait. Comment faire autrement, lorsque tous les jours on vit les uns à côté des autres. Lorsque depuis le premier jour de la vie, jusqu'au dernier, on croise les mêmes regards, les mêmes âmes?

Depuis que nous sommes en Polynésie, nous avons observé plusieurs cas aussi inconfortables les uns que les autres. Aux Tuamotu, deux îles soeurs, que je ne nommerais pas, partagent des destins semblables. Deux grandes familles règnent sur toute l'intendance de ces deux îles. Elles deviennent politiquement plus puissantes, par la voie des élections. C'est ainsi que les places de salariés sont distribuées au sein d'un même nom... Et que la progéniture, née dans le sérail, lassée du quotidien répétitif s'en prend aux bateaux de passage. Tout le monde sait qui c'est, mais personne ne peut rien y faire, autour des chérubins, un oncle est policier, un autre est maire, un troisième s'occupe des travaux départementaux. Les autres familles grognent, elles doivent fermer les portes de leur faré, les cadenas commencent à faire leur apparition... Mais personne n'y peut rien, ce ne sont encore que de petits larcins, où les plus jeunes de la plus petite île rivalisent d'ingéniosité avec les "déjà plus grands" de l'île voisine.

Aux Marquises, dans une toute petite île, nous avons eu vent d'affaires qui empoisonnaient la vie tranquille des 586 habitants. Après un ras-le-bol général, la famille fautive a été pointée par 580 doigts, puis elle a été poussée vers le rivage, embarquée sur le premier bateau de passage, avec interdiction de remettre les pieds sur la terre natale. Entre l'ostracisme et le silence... Que choisir?

Et puis, plus récemment, voici le cas de Moorea. J'imagine que toutes les familles de l'île sont bien embêtées que la vérité éclate ainsi en première page du journal le plus lu de toute la Polynésie. Je pense que cette publication accable d'opprobre toutes les familles. Le sentiment sur cette si jolie petite île doit être général à cette heure... La honte, pire que toute autre punition. Malheureusement, elle rejaillit sur tout le monde, pour les agissements d'une petite poignée de mal élevés. Mais, il semble que ce sera une grosse leçon, et que cela calmera les esprits, et certainement que le silence, d'habitude si épais, grondera de coups de tonnerre bien assénés.

Je pense que les Occidentaux qui lisent ces lignes doivent sourire. Cela fait déjà bien longtemps que nos sociétés n'ont plus de tels sentiments, que la morale ne fait plus partie de nos valeurs. Mais, ici, cela fonctionne encore, car l'insularité les protège d'une délinquance qui rendrait leur paradis infernal!

Gageons que chacun en tire la bonne leçon. Que les navigateurs prennent plus soin de leurs effets (cadenas et relever l'annexe) et que la population concernée prenne conscience que cette publicité leur fait du tort.

A plus, pour d'autres nouvelles des îles
Nat et Dom
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