Panama_cayo Hollandes_ILES OUEST

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Sun 13 Dec 2009 19:51
9:35.837N  78:46.568W
 
Objet : Les bonheurs solitaires des Hollandes de l'Ouest.
Photos :
1) Rapace des îles (faucon ou épervier... voire buse?) Il a des moeurs de pêcheurs
2)Vue en kayak sur Waisaladup, dans le chenal qui sépare les deux îles
3) Vue panoramique des deux îles depuis le haut du mât
4) Sur la plage de Acuakargana bouquets de palmiers photogéniques
 
Bonjour,
 
Dans l'extrême ouest des Hollandes, notre Etoile trouve entre deux croissants de plage, un vaste mouillage. L'espace ne manque pas, pourtant les possibilités de mouillages sont réduites. Le fond de la baie est tapissé d'écueils affleurants. Le premier jour, le vent est calme. La mer est d'huile. L'idéal pour se balader en kayak entre Acuakargana et Waisaladup. Je me régale à vous donner ces noms "immémorisables". J'ai beau me les répéter par coeur avant de vous les écrire, je dois à chaque fois les vérifier. Mais en même temps, ces patronymes revêtent tout le côté pittoresque des San Blas.
 
Bien que seul bateau, nous ne sommes pas solitaires. Sur Waisaladup, une famille habite dans des huttes. A peine avons-nous posé l'ancre qu'un pêcheur et son petit garçon de 7 ans viennent nous voir. Ils se présentent, Clifton pour le papa et José Robinson pour le gamin. Là, il y a de quoi être déçu. Je m'attendais à un Anacledio, Badulabala... ou Olokindibipilele. Ne riez pas cela existe! C'est un chef réputé de la Révolution kuna...
Nous restons donc sur notre faim, et nous voici en présence de noms qui ne sonnent pas kuna, mais alors pas du tout du tout! Je les soupçonne de penser que nous ne sommes pas assez évoluer pour comprendre et retenir leur nom réel. Ce en quoi, je ne leur donne pas tort. Nos repères d'Occidentaux nous collent un peu trop à la peau pour nous familiariser au langage éthéré des kunas.
 
Clifton nous montre sa barque pleine de poissons. Nous choisissons des pagres et des rougets, une belle pesée. Il n'est pas gourmand, il nous demande 5 dollars pour le tout. Nous rajoutons des biscuits pour José Robinson. Ils ne vivent pas en permanence sur cette île isolée. Ils sont venus là, le temps des vacances du petit. Car l'école est fermée. Nous apprenons néanmoins que le frère de Clifton vit à l'année longue sur ce morceau de sable tapissé de cocotiers. Là, nous sommes admiratifs! Ce qui pour nous est un paradis, car nous y trouvons la quiétude et l'éloignement, doit à longueur de temps devenir pesant. Du moins, c'est ce que je pense. Mais sans doute, mes satanés repères d'Occidentale me rattrapent à nouveau?
 
Sur les Hollandes, et les archipels éloignés du continent, il n'y a pas de village proprement dit. Seules des huttes se répartissent au sein des cocoteraies. Elles dépendent d'un village plus gros, plus proche du continent. En général, les îlots éloignés de « la civilisation kuna » ne sont pas habités en permanence. Les kunas de villages voisins viennent pour des périodes de trois mois dans les cocoteraies. Ils les entretiennent, vivent de la pêche, loin de tout. C'est paraît-il une récompense attribuée par le sahila (chef) dont ils dépendent. Des vacances, loin de leurs villages où ils s'entassent tout le restant de l'année.
 
Depuis que nous sommes arrivés aux San Blas, il ne manquait qu'une chose à mon bonheur : marcher. En effet, aux Coco Bandero et aux Hollandes de l'Est, les îlots (mis à part BBQ Island) ne permettaient pas de se balader. Sous les cocotiers la végétation était particulièrement dense, et puis les plages réduites à peau de chagrin étaient en permanence immergées. Les deux îlots qui nous protègent de la houle, nous offrent deux belles plages dessinées en croissant de lune. D'un coup de pagaie de kayak, nous nous retrouvons à terre, pour une jolie promenade à l'ombre des palmes. Il règne un calme si pur qu'il se matérialise. Seuls des pélicans, des fous (pas nous! ) et des rapaces fréquentent la cime des cocotiers. Ils nous surveillent d'un oeil intrigué :
"Tiens des bipèdes... Se sont-ils perdus?"
 
Les îlots sont défendus par une barrière de corail. Elle retient la houle, et forme un tapis d'eau de moins de 20 centimètres sur une largeur de plus de deux cents mètres. Par endroits, les fonds s'ouvrent et creusent des piscines émeraude scintillantes. Là, il est facile de suivre les raies qui volent au-dessus du sable. Entre les deux îles, le chenal décline par les différences de profondeur toutes les teintes lagon. C'est un camaïeu de couleurs étincelantes, un ravissement pour les yeux.
 
L'après-midi, nous sommes à la télévision. Nous n'avons en fait pas besoin d'elle pour assister à un reportage grandeur nature que nous livrent les fous. Un couple de fous bruns tourne autour de notre Etoile. Ils pêchent. Nous passons plus d'une heure à les observer. Pas étonnant qu'on les surnomme parfois les exocets ! Les ailes fuselées, le bec en pointe, ils foncent dans la vague en piqué. Ils ressortent du rouleau l'écume le bec brillant d'un poisson qui se déhanche et tente de retrouver son élément.
 
Le vent fraîchit. Il lève la mer et elle contourne l'îlot de l'ouest. L'Etoile n'est pas franchement secouée, pas de roulis, pas de tangage, mais... un effet d'ascenseur. Vous savez cette sensation lorsqu'il monte trop vite et qu'il fait un rebond arrivé à l'étage. Oui, c'est ça vous y êtes. Mis à part que l'ascenseur fait quatre à cinq rebonds par minutes. Pas trop désagréable... Mais il y a sans doute mieux ailleurs.
 
Des copains nous appellent à la radio. Ils nous ont donné leur point GPS de mouillage à 6 milles de nous.
Nous levons l'ancre pour East Lemon Cays...
 
Ne vous éloignez pas trop vite, la suite arrive...
Nat et Dom.

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