Panama_Cayo Hollandes_Venancio expert en molla

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Thu 10 Dec 2009 15:12
Objet : Un beau cadeau d'anniversaire
Photos : Venancio et ses mollas, un travail de 25 ans.
 
Bonjour,
 
Merci pour les bons voeux d'anniversaire. Je me sens comblée par votre gentillesse et vos pensées.
 
En ce jour, j'ai, un aveu à faire!
 
Depuis que je vois la date du 10 décembre approcher et que mon capitaine très gentiment me demande ce que je désire pour fêter cette année de plus qui vient s'ajouter à un chiffre qui ne cesse de grandir..., je souhaite essentiellement deux choses.
 
La première m'est acquise depuis que nous sommes arrivés aux San Blas, c'est vivre cette journée au paradis. La deuxième était d'approcher l'un des maîtres faiseurs de mollas des San Blas. Tout le monde connaît, du moins de réputation, les mollas des San Blas. Les touristes en sont si friands, que la production de ces dernières années a explosé. Je me demande même si les ventes de mollas n'ont pas dépassé celles de la coco?
 
Les femmes sont en général les "faiseuses de mollas". Mais dans le Kuna Yala, il existe deux hommes qui se sont rendus experts dans le domaine. Leurs mollas sont d'une telle qualité que leur réputation les précède partout où ils passent. Et moi, je voulais pour mon anniversaire rencontrer, Lisa ou Venancio. S'ils ont chacun un domicile où les visiteurs peuvent les rencontrer. Ils se baladent en barque motorisée avec leur production dans tout l'archipel. Il leur faut trois heures de trajet pour se rendre de leur village aux Hollandes. La chance doit être au rendez-vous pour croiser l'un d'eux à une date déterminée.
 
Lisa paraît-il est habillé en femme, elle... enfin, il porte la tenue traditionnelle féminine. Venancio est d'allure très raffinée, très efféminée. Attention ! Ils ne forment pas un couple ! Notre ami Gaétan qui sillonne les San Blas depuis plusieurs années nous l'a confirmé. Lisa et Venancio bien que partageant les mêmes tendances s'évitent soigneusement ! L'important, hors potin mondain kuna est que Venancio a dirigé ses antennes vers mes souhaits, car ce dernier a eu l'excellente idée de se présenter le long de notre coque la veille de mon anniversaire.
 
La venue de Venancio à bord est un événement en soi. Il débarque avec ses grosses boîtes étanches renfermant 25 années de couture. Vous vous rendez compte? 25 années à assembler des bouts de tissus, à aligner les points de couleur, à imaginer des motifs géométriques, animaliers, des scènes de la vie ou de la culture ancestrale des Kunas ? Et vous vous représentez certainement le nombre de bouts de tissus qui sortent de ses containers et qui s'étalent sur la table du cockpit!
 
La séance dure plus d'une heure... et je ne me lasse pas. Au passage, Venancio se fait prendre en photo. Ne soyez pas impressionnés par l'air sérieux de Venancio. J'ai remarqué que les Kunas avaient une attitude 1900 sur les photos. Vous vous souvenez de ces vieilles photos jaunies ou tout le monde se fige pour l'immortalité? Ici c'est pareil. En dehors de l'objectif, ils sont expressifs, souriants, affables. Dès que l'objectif s'ouvre, le rictus disparaît. Il faudrait les prendre par surprise... Mais je doute qu'ils apprécient...
 
Venancio sort une à une ses oeuvres. Avec une patience d'ange, il me laisse admirer chaque pièce. Elles s'empilent sur la table. Que le choix est difficile! L'oeil se familiarise aux formes, aux couleurs, aux assemblages. Visiter du regard chaque molla est un voyage, un dépaysement en soi. L'allure et le façonnement sont si loin des carcans occidentaux. Il faut ouvrir son esprit à cet art ancestral afin de l'intégrer à ses propres repères esthétiques.
 
Les pièces qui subjectivement me plaisent sont mises sur le côté. Je n'ose trop tirer sur la corde, je ne sais pas quel budget mon capitaine a prévu. Je décorerais volontiers tout le bateau en mollas, mais l'allure athlétique de notre Etoile se transformerait peut-être trop en caravane gitane au goût de mon Cap'. Je finis par trancher et me voici nantie de trois superbes mollas traditionnels. Je ne trouve pas leur prix exagérés, je m'attendais à plus... Il vend des mollas de 60 centimètres sur 50 (grands donc) pour 40 dollars pièces.
 
Tout en me félicitant de mon choix (que c'est gentil!) Venancio nous met en garde contre les différentes qualités de mollas que nous trouverons sur le marché. Il nous explique que pour plaire aux touristes, ils sont obligés (lui aussi) de coudre des mollas dans les tons bleus, ou jaune, ou roses, et que ces teintes qui apparaissent ces dernières années ne sont pas traditionnelles. Cela dit, il estime que c'est à chacun de choisir selon son goût (merci!) Et finalement, nous observons une fois de plus, nos Kunas en train de marier leur travail aux desiderata du tourisme. Une belle preuve d'adaptation!
 
Pour la petite information, la qualité du molla se mesure au nombre de pièces de tissus empilées, mais aussi au fait que les points de couture ne se voient pas. Plus les motifs sont ciselés et fins, plus ils requièrent de travail. Et puis, il vaudrait mieux ne pas acheter ceux fabriqués à la machine, ou ailleurs qu'en pays Kuna(!). Ou alors, cela ne se nomme plus "Comprar Molla". Bref, il y a pour évaluer un molla quantités de critères que vous comprendrez en les tâtant et en les auscultant de près.
 
Merci à tous pour l'affection témoignée
Nat et Dom
 
(une carte postale en musique de l'art kuna)
 
 
 
 

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