TAHITI_PAPEETE_le Temple de Kanti_des pratiques très pratiques!

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Sat 5 Feb 2011 00:16
Voici, la suite du Nouvel An Chinois, des photos du temple Kanti et un comparatif succinct et "très personnel" sur les religions (éloignez les âmes sensibles SVP!).

Bonjour,

Le temple Kanti de Papeete est le plus grand temple chinois des archipels du Pacifique Sud.

Kanti fut au temps où la Chine était divisée en trois royaumes, un grand guerrier apprécié par ses contemporains pour sa bravoure, sa loyauté, et sa générosité envers les pauvres. Il vécut entre 162 et 219. A sa mort, il fut divinisé en tant que dieu de la guerre et des arts martiaux.

Le temple n'a pas pour les Chinois la même signification que pour les protestants, ou l'église pour les catholiques, une synagogue pour les juifs, une mosquée pour les musulmans. Le temple est à leurs yeux "un bâtiment administratif officiel" où siège le fonctionnaire suprême. Ainsi, Dieu ne serait-il finalement qu'un bureaucrate? Pour confirmer cette donnée, un bureau est installé devant sa statue. Les "fidèles" y déposent des offrandes : nourriture, menue monnaie, bâtonnets d'encens... Le fonctionnaire "Kanti" est entouré de cinq objets, sans lesquels il ne peut travailler, dont un brûleur d'encens flanqué de chaque côté d'un vase et d'un candélabre ou à défaut d'un brûloir à bougies. Pour l'accompagner dans sa tâche, son fils et adjoint est représenté à ses côtés, ainsi que son fidèle écuyer porteur d'armes.

Contrairement aux Eglises monothéistes, qui ne laissent pénétrer en leur sein que LEUR dieu et renvoient loin hors de portée ceux du voisin, les Chinois se révèlent particulièrement diplomates avec les "Bureaucrates célestes". Outre Kanti, le temple accueille des divinités taoïstes, des ancêtres vénérés, des impératrices érigées au grade de déesse de la mer, les membres de la famille fondatrice de la Chine... Le culte chinois se rattache aux croyances animistes ainsi qu'aux philosophies comme le confucianisme, le taoïsme ou le bouddhisme.

Ainsi, les quatre coins du temple sont décorés d'autels aux significations diverses. L'un d'entre eux est particulièrement intéressant et révèle une partie du vécu de la communauté à Tahiti. Il est dédié à Chim Soo Kung martyr de la communauté polynésienne. Au temps où les blancs exploitaient le coton dans l'archipel, ils firent venir des Chinois. Le traitement qui leur était infligé se révéla si inhumain que l'esprit de révolte gronda parmi les coolies. Une bagarre meurtrière éclata. Avant que les autorités ne châtient un grand nombre de Chinois, Chim Soo Kung se déclara seul coupable. En offrant sa tête, il sauvait celle de tous ses compatriotes. Il fut guillotiné en 1869, sa communauté le porta au rang de martyr. Aujourd'hui, un autel lui est dédié.
Ainsi,  tout homme qui marqua son époque peut se retrouver, éternel, au panthéon chinois.

Les nantis d'une sacro-sainte éducation peuvent se poser la question suivante : mais comment honorent-ils leur "bureaucrate", comment tout cela se concrétise-t-il?
Par un système simple de voeux et de cadeaux.

Les Chinois, n'ont pas besoin de prêtres pour pratiquer leur culte. Ils ne prient pas non plus, au sens où les pratiquants de religions monothéistes l'entendent. En allant au temple, par leurs offrandes, ils s'assurent la protection surnaturelle de leurs idoles. Les requêtes les plus légitimes sont celles de la prospérité, de la richesse, de la santé et du bonheur.

Quand son destin lui échappe, que tout tourne mal dans sa vie, le Chinois vient au temple. Jusque-là, pas de grande différence avec les autres religions. Mais au lieu de se morfondre en monologues litaniques où il se convainc, que tout est tellement de " sa très grande faute" qu'il finit par tout accepter, le Chinois, vient au temple pour inverser, ou du moins influencer le cours des choses.

Avant de se livrer aux dons, il doit s'assurer que le "Dieu" de son choix est bien là pour l'entendre. A l'aide du gong et du tambour, il annonce sa présence pour demander audience. Il jette des croissants en bois, dont un côté est plat et l'autre bombé. Si l'esprit "Kanti" est là, les croissants tomberont chacun sur une face opposée. Puisque tout le monde est annoncé, l'adepte peut commencer le jeu des questions. Tout en les formulant il lance ses croissants. Les réponses sont immédiates :
2 faces bombées = non
2 faces plates = incertitudes
2 faces opposées = oui


Notre Chinois peut à la suite de ce rituel retourner chez lui, l'esprit serein. A moins, qu'il ne décide de consulter les oracles. Dans ce cas, il secouera 100 bâtonnets de bois où sont inscrits des numéros, chaque baguette correspond à une réponse. Le petit papier sur lequel la réponse est inscrite lui tiendra compagnie pour des jours entiers tant la réponse donnée par l'au-delà est sibylline.

Achevons ce tour d'horizon (pour le moins partiel et partial) par un proverbe chinois : "Ce à quoi on croit existe, et ce à quoi on ne croit pas, n'existe pas!"

A plus, pour d'autres horizons tahitiens
Nat et Dom
www.etoiledelune.net


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