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EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Tue 25 Jan 2011 19:20

L'implantation du culte chrétien en Polynésie


So
débarquement des missionnaires à
              Tahitimmaire 
La découverte du Paradis par la lorgnette des Missionnaires.
Le point de vue des Missionnaires
Des débuts difficiles
Pour activer le pas..., ils s'allièrent aux têtes qu'ils couronnèrent.
Les conséquences véritables de l'établissement des missionnaires.
Une pièce maîtresse sur l'échiquier de la chrétienté
(Réflexion délicieuse d'un vieux chef!)
Les conséquences de la mort de la société maohie
Les religions des îles aujourd'hui

Bonjour,

eglise de tahitiIl suffit de faire le tour de l'île pour s'apercevoir que les missionnaires ont eu à coeur de s'installer sur le Territoire maohi! Partout... partout des églises. Des grandes, des petites, des baroques, des coloniales, des classiques, des jaunes, des roses, des rouges, des blanches. Dans un même village dans un rayon de moins de 500 mètres, nous en avons compté quatre.

Impossible de sous-estimer l'impact de l'établissement de la chrétienté sur la société maohie. Elle a infiltré tout le fonctionnement de l'archipel.

Certaines églises siègent sur le lieu même des maraes originels. Pendant plus d'un millier d'années, les insulaires vénérèrent leurs dieux maohis. En tête, Taaroa, le créateur du monde, suivi par des dieux secondaires, mais néanmoins importants, tel Oro, le dieu de la guerre, ou Tané, le dieu de la beauté. Les anciens respectaient les « tupapau » les esprits des choses ou des revenants... Tout un culte qui rythma la vie des Maohis pendant des centaines d'années. Puis, en quelques décennies, ils oublièrent tout : cérémonies, signification des rites, déroulement de leur quotidien.

Comment les chrétiens sont-ils parvenus à éradiquer les cultes ancestraux? Comment ont-ils détourné les habitants de leurs croyances païennes pour qu'ils adhèrent aux rites protestants ou catholiques?

Le Duff et les Missionnaires à TahitiLa découverte du Paradis par la lorgnette des Missionnaires.


Les premiers « colons » à vouloir s'installer de manière permanente dans ces îles furent, des navigateurs mutinés ou naufragés et ensuite des missionnaires, nantis de l'ambition de prêcher une morale « pure et saine ».

Le 24 septembre 1796, à Portsmouth une trentaine de missionnaires appartenant à la London Missionnary Society, cinq épouses (dont la plus âgée avait
67 ans pour un mari de 28 ans) et trois enfants embarquèrent sur le Duff, piloté par le capitaine James Wilson. Celui-ci a pour mission d'installer 18 missionnaires et leur famille sur Tahiti, deux jeunes religieux sur Tahuata (Marquises) et le reste des volontaires se répartirait entre les îles des amis et de la Société.

Dès leur débarquement à Tahiti, le 5 mars 1797, les missionnaires réalisèrent qu'ils  furent dupés par des récits enjôleurs qui ont subi l'influence des moeurs caressantes des jolies Polynésiennes. L'Océanie leur apparut tel un gigantesque lupanar où pour quelques clous les marins pratiquaient l'amour libre.

Le très puritain pasteur Ellis William écrivit dans son journal : « Aucun humain n'est tombé aussi bas dans la pire des licences et la plus bestiale des dégradations. » Quelques années plus tard, le constat est le même dans les troupes catholiques françaises et un prêtre s'étonna que « Le Dieu des passions honteuses prédît des orgies. »

Voilà un « cauchemar » auquel les responsables des diverses obédiences  auraient dû s'attendre, s'ils avaient su lire entre les lignes alambiquées de Cook, Wallis, Bougainville...

Le point de vue des Missionnaires

Lorsqu'on lit les carnets des premiers hommes d'Église, on se rend compte qu'étrangement, ils ont, cédé à un style édulcoré. Non pour dépeindre de façon jolie des moeurs qu'ils déclarent barbares, mais pour rendre acceptable leur établissement parmi la population.

Ainsi, après les premières impressions de dégoût, ils cédèrent, comme tous, au charme des îles. Au bonheur de vivre au sein d'une population souriante, affable, dans un climat sain, sur des îles à la végétation généreuse. Ils apprécièrent «  la gaieté, la douceur, la générosité de ce bon peuple ».
C'est à Tahiti que leur installation est la plus aisée. Ils parvinrent à se tailler une place au sein de cette population qui accepta, avec une facilité déconcertante, de partager leurs vivres et des bouts de terrain.

Commémoration missionnaires tahitiAu début, les insulaires, prêts à partager leur Territoire et à faire coexister des cultes différents, consentirent  à pratiquer leurs Heiva traditionnelles (fêtes où la danse, la musique et l'accouplement étaient à l'honneur) loin des missions. De plus, les insulaires assistaient, curieux, aux messes. De leur côté les missionnaires, les trouvaient bien sages, et apprirent à parler le tahitien, passage obligé pour substituer aux «  dieux des passions honteuses » le leur! Dès qu'ils maîtrisèrent suffisamment la langue, ils mirent sous presse la bible, en tahitien. Ils apprirent au bon peuple à lire...

La mutation vers d'autres cultes semblait aller bon train. C'est sans compter quelques réticences.

Des débuts difficiles

Selon les archipels, la conversion de la population fut plus ou moins aisée.

A Tahiti, en 1898, deux missionnaires échappèrent de peu à la « noyade » préméditée par les insulaires. Aux Marquises, les résistances furent nombreuses, certains missionnaires passèrent sur le grill (il semble que les restes de trois d'entre eux sont enterrés à Atuona sur l'île d'Hiva Oa?), d'autres firent les frais de la curiosité et de la légèreté des moeurs féminines. (voir paragraphe suivant )

Sur Tahiti, la guerre des clans ne facilite pas l'installation des missionnaires. En une dizaine d'années, des pionniers venus évangéliser les « sauvages », seule une poignée d'hommes ont tenu le coup. Des noms à retenir : Crook, Nott, Jefferson.

Pour activer le pas..., ils s'allièrent aux têtes qu'ils couronnèrent.


Avant l'arrivée des Occidentaux, il n'existait dans ces archipels aucun roi. Les îles étaient partagées entre des chefferies qui s'alliaient entre elles pour défaire des
tribus adverses. Il n'y avait pas d'autorité suprême qui gouvernait tout le peuple. Seul un pouvoir sacré était commun, mais les dieux « intervenaient » en faveur des guerriers de part et autre et favorisaient plus les combats que l'union.

Les Occidentaux eurent à coeur d'élire des interlocuteurs privilégiés. Peu à peu, cette préférence favorisa la création d'un « trône ». Notion européenne que nous ne sommes pas certains que les Maohis intégrèrent en tant que tel. Peu importe, le pli était pris.

Afin de simplifier leurs relations avec un peuple trop divisé par les ambitions des arii (chefs locaux), à leur tour, les Missionnaires amplifièrent l'importance d'une famille issue d'une longue lignée de chefs : les Pomare. Après de multiples péripéties guerrières entre chefferies qui découragèrent plus d'un missionnaire, Nott un résistant de la robe de bure, décida Pomare II de répudier au nom de son peuple le dieu Oro. En 1812, « le roi » demanda le baptême (pour la petite histoire, les Missionnaires outrés par sa conduite « scandaleuse » le lui refusèrent). Cela n'empêche pas la conversion en masse du peuple tahitien. En 1815, Pomare remit les idoles familiales aux Missionnaires qui les expédièrent aussitôt au musée de Londres. En 1819, Huahine et Raiatea se convertirent, tandis que Pomare fut baptisé. Il tentera toute son existence de garder le contrôle de l'Eglise.

Pomare II eut un rôle décisif dans l'établissement de la religion protestante dans l'archipel. Il aida à corriger L'Evangile établit en langue tahitienne, il est à l'origine d'un dictionnaire anglais-tahitien. Il parvint à traduire la
bible offerte à Pomareplupart des termes théologiques essentiels à la promulgation du culte. L'Evangile devint en réalité une arme politique, qui étendit son pouvoir des îles de la Société aux Australes. 

Les conséquences véritables de l'établissement des missionnaires.

Malgré les quelques « martyres » que l'Eglise eut connus, elle se tailla la première place, selon des méthodes éprouvées au travers des siècles. Ainsi, en culpabilisant la population, elle acquit une partie de son audience. Elle convainquit le reste à la rejoindre, par la force. Partout, les tikis en bois furent brûlés, les tikis de pierre mutilés ou détruits à coup de masse. Les maraes furent détruits ou servirent de soubassements à la nouvelle Eglise. Les chants et danses païens furent interdits. Le port du pareu et des « petites tenues » remplacé par les robes missionnaires. Les tatouages proscrits.

Toujours dans le but d'acheter sa place au Paradis, les pasteurs, monnaient les indulgences, en acquérant les terres des autochtones. Le procédé était des plus troublant. Le pasteur ayant une famille, lors de sa mort, les parcelles acquises ne revenaient non pas à l'Eglise, mais à ses successeurs. Au cours de notre pérégrination, nous avons ainsi côtoyés des familles marquisiennes qui ruminaient encore aujourd'hui l'indignation d'avoir été si facilement dépossédés de leur patrimoine. Quant aux catholiques, ils firent de même, avec la différence que ce procédé contribua à enrichir l'Eglise.

reverend john williamUne pièce maîtresse sur l'échiquier de la chrétienté
(Réflexion délicieuse d'un vieux chef!)


Les protestants ont coiffé au poteau les catholiques. Arrivée la première, l'Eglise évangélique fit table rase des coutumes ancestrales.

Vers 1836, les catholiques attirés, eux aussi par l'Océanie, tentèrent de s'y établirent. Mais, ils rencontrèrent non seulement la voracité des derniers cannibales, mais en prime, l'animosité des chefs fraîchement convertis au protestantisme.

Alors que le père Caret, catholique demandait à un arii que des enfants lui furent envoyés, le vieux chef eut cette réponse avisée :
« Il y a plus de soixante ans que les missionnaires anglais sont venus ici; ils nous ont tourmentés pour nous faire entendre que notre religion était détestable; nous finîmes par les croire, et ils nous firent embrasser la leur. Nous avons donc renoncé aux croyances de nos pères pour adopter le protestantisme des Anglais; nous nous trouvons bien, et nous voulons nous y tenir.
« Mais vous voilà arrivés, à votre tour, avec une nouvelle religion qui, selon vous, est non seulement la meilleure, mais la seule, l'unique qui soit bonne.
« Les Anglais nous ont tenu absolument le même langage; après les avoir écoutés à tort ou à raison, nous ne sommes pas mécontents du premier changement...
« Il viendra bientôt d'autres étrangers, qui voudront, eux aussi, nous insinuer leur religion, en disant qu'elle est meilleure que la vôtre; et alors, pensez-vous que nous devons passer ainsi notre existence à changer de religion sans jamais nous fixer à aucune?
« Quant à moi, je finis par croire que, si chaque nation a une religion, qui, d'après elle, est meilleure que celle du voisin, celle de nos pères devait être également bonne, et que nous aurions dû la conserver sans écouter les discours ni des uns, ni des autres; une trop grande mobilité finira par nous faire mépriser. »

Les catholiques ne s'implantèrent à Tahiti qu'au début du XXe siècle.

Les conséquences de la mort de la société maohie

Ce vieux chef avait bien raison. Outre la conversion à une religion nouvelle, la venue des Occidentaux bouleversa radicalement la société maohie. En imposant leur mode de vie, les Européens ont saccagé les socles sur lesquels s'appuyait le quotidien des insulaires. Sans prêtres maohis, sans plus de chefs rituels pour baliser leurs activités, les insulaires perdirent leurs repères.

Sous le joug
d'une église dont ils ne percevaient pas le rôle, ils se dissipèrent dans des pratiques autrement plus violentes qu'elles ne l'étaient lorsqu'ils respectaient l'ordre établi par leurs ancêtres. Ainsi, tout l'archipel vécut, dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle, une période de troubles sans précédent : l'alcool, l'opium, les armes à feu, les maladies apportées par les baleiniers et tous les bateaux de trafics divers faillirent éradiquer la population polynésienne.

Une folie destructive s'empara de la population. Celle-ci fut d'une ampleur particulièrement désastreuse dans l'archipel des Marquises qui vit en quelques décennies sa population diminuer de 90%.


A Tahiti, Pomare-Vahiné, « la nouvelle reine », n'avait pas l'envergure nécessaire pour rétablir l'ordre. Elle demeurait sous le joug de puissances qui la dépassaient : le commerce et le protestantisme. Ce dernier fut longtemps incarné par George Pritchard, pasteur de Papeete depuis 1825. Si Pritchard avait, un tant soit peu, été soutenu par la couronne de Grande-Bretagne, la Polynésie aurait sans nul doute été anglaise. Mais l'Empire britannique avait déjà jeté son dévolu sur la Nouvelle-Zélande et l'Australie, considérant l'archipel comme quantité de terres négligeables perdues aux confins du Pacifique.

Ainsi, sans appui de son pasteur préféré, Pomare-Vahine voit la France lui imposer son « protectorat ». Une relation franco-tahitienne qui démarra sous l'égide de : « je t'aime, moi non plus » et qui perdure encore de nos jours.

A plus, pour la suite du Tour de Tahiti...
Nat et Dom
www.etoiledelune.net


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