Tahiti_Papeete_ambiance du marché quotidien_ photos_01

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Thu 30 Dec 2010 01:28
Bonjour,

Nous aimons Papeete. Non pour l'architecture, qui n'a pas un grand intérêt, mais pour ses habitants. Ce sont les gens qui font l'ambiance d'une ville. Et malgré des embouteillages chroniques, il règne à Papeete une atmosphère de sourires bon-enfant, de joyeuse insouciance qui se lit sur les visages croisés à chaque coin de rue. Immuablement, nos pas nous ramènent vers le marché municipal. Là, au centre de la cité, les marchands reconstituent chaque jour leurs échoppes. Eternel recommencement, et pourtant, le chaland ne ressent pas de lassitude.

Ici, chaque matin est le premier matin du monde.

Les femmes, couronnes de fleurs sur la tête, ou plus simplement, fleur de tiaré à l'oreille sont à poste. Elles vendent des fruits, des poissons, ou de l'artisanat. Quelques hommes s'immiscent dans ce cortège de sourires. Les vahinés s'interpellent, les tanés (hommes) se moquent gentiment des touristes. La bonne franquette est de mise, sans le moindre chichi, avec une bonne humeur naturelle qui fait plaisir au coeur.

Entrer dans le marché de Papeete c'est d'abord traverser un jardin tropical. Aux abords de la bâtisse moderne, sur les trottoirs environnants, des fleuristes étalent roses de porcelaine, balisiers, anthurium... Les Polynésiens ont l'art dans la peau. Avec deux feuilles, trois fleurs et une lanière de pandanus, leurs créations sont de réels chefs-d'oeuvre. Plus loin, à l'éclat des pétales de fleurs tropicales répondent les couleurs vives des volutes de tissus. Les étoffes aux grosses fleurs d'hibiscus sont suspendues au plafond et descendent jusqu'au sol. Des nappes, des couvres-lits, des paréos... Tout est là pour attiser la tentation de re-décorer complètement son intérieur. Là au milieu des cotons aux couleurs vives je rêve de froufrou et de rideaux neufs. La variété de teintes, est, à elle seule, un baume au coeur.

Ces mêmes tissus servent pour les fameuses "robes missionnaires". Lorsque les premiers hommes d'Église sont venus évangéliser les païens maohis (cela remonte à 1797), ils ont en premier lieu habillé les femmes.
"Recouvrez ce sein que je ne puis voir..."
Obéissantes, les vahinés ont laissé tomber leurs pagnes sur leurs chevilles. Mais au lieu d'utiliser les tissus de bure, proposés par les gourous occidentaux, elles ont choisi de revêtir toutes les couleurs de l'île sur une même robe. Et si les modèles des vêtements cachaient les formes appétissantes, au moins, les couleurs ravivaient immanquablement leur silhouette. Aujourd'hui, les femmes d'un certain âge portent encore ces robes sacs, sans doute plus pour être à l'aise et laisser passer des courants d'air salutaires que pour obéir aux prêtres du 21e qui, paraît-il, "se la pètent encore façon Jesus" (selon les dires un peu osés, d'un copain d'ici que je ne nommerais pas!)

Mais revenons à notre marché. Lorsque le rideau d'étoffes est traversé, nous accédons au sérail ! Là se trouve l'essence du marché. Côté alimentaire, nous ne trouvons pas d'énormes montagnes de fruits. Tout est à un prix tel que les commerçants vendent avec parcimonie des lots de six bananes, de trois pamplemousses, de quatre mangues ou de dix citrons. Les agrumes viennent généralement des Marquises. Le lot de citron coûte 200 FP (1.60 euros), trois melons se vendent à 1000FP (8 euros)... Nous sommes loin du marché profusionnel de Panama City où nous achetions un régime entier de bananes pour 3 dollars.

Incroyable, comme d'un pays à l'autre (alors que les bananiers sont autant présents à Tahiti qu'au Panama) l'échelle des valeurs change.

Plus loin, les étals de poissonniers sont de véritables aquariums tropicaux. Malgré un risque élevé de ciguatera, les Polynésiens sont friands de poissons de lagon. Le premier cas d'urgence en hôpital est dû à la ciguatera. Mais peu importe. Le Polynésien vit aujourd'hui. Il vit même dans la seconde qui existe, et demain... tout à l'heure n'a pour lui aucune signification. Ce qui compte, c'est ce qu'il y a dans l'assiette, ici et maintenant. Et les conséquences n'ont aucune espèce d'influence sur leurs habitudes alimentaires. Ce n'est pas encore dans ces contrées, que les médias culpabilisants auront des adeptes. Au fond... qui a raison?

Au-delà de ces marchandises comestibles, l'artisanat prend une grande place du marché. De l'artisanat local! Oui, oui! Pas du "made in china"... Du moins pour 80% de la production, car je ne suis pas certaine que le banjo où il est écrit "Tahiti " soit fabriqué sur place. Je doute aussi beaucoup de la provenance des masques africains (et de leur succès...). Par contre, les nacres viennent toutes des Tuamotu ou des îles de la société. Les colliers sont façonnés sur place, devant nous. Les mamas tressent les écorces de burau (arbre local) et fabriquent les pagnes qui servent aux danseurs des fêtes locales... Les paniers en pandanus, les chapeaux viennent des îles australes. Et puis, les tikis des Marquises, en bois sculptés, les ukulélés sont vraiment d'ici!

Tout se vit en musique.

Un groupe de tanés hilares se produit à l'étage, là où un petit restaurant sert des plats locaux de poissons crus. Ukulele à la main, ils "ambiancent" tout le marché. Ils chantent sans discontinuer des refrains, repris sur toutes les lèvres des visiteurs locaux. A vrai dire, il faut être connaisseurs pour y comprendre quoique ce soit, mais l'art est parfois hermétique aux étrangers, c'est leur manière de rester entre eux, tout en nous offrant de très belles mélodies.

Lorsqu'on a mis le pied dans le marché de Papeete, on y revient, c'est certain!
Il suffirait de s'y balader chaque matin, pour ne jamais avoir recours aux antidépresseurs!

A plus, pour d'autres clins d'oeil d'ici
Nat et Dom
www.etoiledelune.net


JPEG image

JPEG image

JPEG image

JPEG image

JPEG image

JPEG image

JPEG image

JPEG image