Marquises_Coquines vahines et curiosite religieuses_txt

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Wed 27 Oct 2010 00:23
Objet : Un missionnaire crie : « Au viol! »

Bonjour,

Voici la suite de l'épisode d'hier où je vous racontais l'histoire véridique et pourtant très particulière des moeurs alimentaires des Marquisiens du dix-neuvième siècle. Je finissais cette lettre, en vous disant que les Missionnaires définirent un "nouveau régime" de bonnes paroles pour les insulaires. Mais cette mission, qui pour réussir demandait une témérité et une abnégation sans faille aux hommes de foi, eut des fins parfois cocasses...

Les deux premiers missionnaires à se porter volontaires pour établir une mission aux Marquises furent Harris et Crook. William Wilson, à bord du "Duff", les conduisit à Tahuata (où nous sommes en ce moment) en 1797.

Crook, jeune homme de vingt-deux ans, fut enthousiaste et porté par l'esprit de sa foi dès son débarquement à Vaitahu. Son collègue, Harris, fut plus réticent. Et fuit cette île, complètement anéanti...

Voici ce qui lui arriva la seconde nuit de son débarquement à terre :

Harris et Crook furent invités par le chef de Vaitahu à visiter les montagnes environnantes. Crook suivit le chef, mais Harris resta au campement.

« Alors, le chef ne voulant pas qu'il restât seul, et ne croyant pas pouvoir trop faire pour lui, lui laissa sa femme, lui disant de la traiter comme la sienne. (...) Quand elle vit qu'il la négligeait entièrement, elle conçut des doutes sur son sexe, et en fit part à quelques unes de ses compagnes, qui vinrent avec elle pendant la nuit, et se satisfirent sur ce point; mais ce ne fut pas assez tranquillement pour ne pas le réveiller. La vue de toutes ces femmes le glaça d'effroi, et ce qu'elles faisaient, le détermina à quitter un lieu dont les habitants étaient si vicieux et si adonnés à la perversité; raison qui aurait dû lui inspirer une résolution contraire. »
(Propos tenus par William Wilson, le frère du capitaine)

Mais la nuit n'était pas finie. Le pauvre missionnaire s'enfuit, avec ses bagages, au bord de la mer, croyant qu'il serait embarqué sur le vaisseau dès ses premiers cris. Malheureusement personne ne l'entendit. Il s'allongea sur son coffre. Mais quelques insulaires alléchés par ce qu'il pouvait contenir le suivirent. Ils le tirèrent de dessus le coffre. Ils le dépouillèrent de ses habits et de tous ses effets. Il passa le reste de la nuit tapi dans la montagne de crainte de ce qui lui serait encore infligé. Il fut trouvé au petit matin par le capitaine du vaisseau, dans un « état pitoyable; il était comme un homme qui a perdu les sens. »

Crook demeura seul sur l'île de Tahuata pour y prêcher la bonne parole. Il y fut bien traité jusqu'à l'arrivée quelques mois plus tard, d'un déserteur italien qui se ligua avec les chefs de l'île contre lui. Il déjoua plusieurs tentatives d'assassinat contre sa personne, avant que le brick américain « Betsey » ne passe dans les parages et ne l'embarque pour d'autres horizons moins mouvementés.

La morale de cette histoire : « Quitte à se faire croquer, autant que ce soit pour satisfaire la curiosité des vahinés! »

A plus, pour d'autres nouvelles du bord
Nat et Dom
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