Marquises_Tahuata_ un reve de vie_texte

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Sat 18 Sep 2010 22:12
Bonjour,

Après notre séjour très culturel, où nous sommes partis à la recherche de tous les tikis disponibles de Hiva Oa, notre vie a basculé dans une béatitude divine. La belle baie d'Hanamoenoa, généreuse de solitude et de sérénité nous offre le gîte, sans compter les jours.

Nous y sommes bien. Une longue houle entraîne notre Etoile dans un mouvement d'ascenseur, mais rien de perceptible à bord. Nous ne nous en rendons compte qu'en descendant à terre. La longue respiration océanique dessine sur le mouillage des courbes voluptueuses, sur lesquelles notre Etoile ondule avec grâce.

Face à l'étrave, une belle plage de sable blanc. C'est surprenant. Ces îles jeunes et volcaniques aux pierres noires ne devraient offrir que des plages noires comme c'est le cas à Fatu Hiva, ou dans le sud d'Hiva Oa. Hé bien non! Ici, sans lagon, sans présence remarquable de corail, nous pouvons capturer des images stéréotypées de paradis! La lumière retrouvée de la plage étincelante, de l'eau délicieusement transparente... quel plaisir!

Attention, les Marquisiens nous ont prévenus : "C'est surtout sur les plages blanches que les nonos sévissent!" Vous savez, ces horripilantes petites bêtes, invisibles, si voraces qu'elles vous arrachent un bout de peau, laissant une blessure qui s'infecte sous des démangeaisons horribles?
Du coup, nous hésitons à répondre à l'appel d'une belle balade sur la plage.

A coeur vaillant rien d'impossible!
Nous partons donc tâter les invincibles nonos. A croire que nous ne sommes pas à leur goût... Tant mieux! Aucun d'eux ne nous embêtent. Cela nous permet d'explorer tout l'environnement. Sous la haie de cocotiers, des dizaines de citronniers, de pamplemoussiers et de manguiers laissent mûrir leurs fruits au soleil. Des petits cochons attendent que les fruits tombent pour les grignoter. Les noix de coco s'enfoncent négligemment sur le sable et repoussent aussitôt pour reformer de belles touffes photogéniques.

En nous baladant sur la plage déserte, je songe à une chanson ancienne...
De qui était-elle?
Lenorman?
Je ne sais plus, j'ai oublié le titre.

Elle raconte l'histoire de deux frères qui partent en plein hiver dans la "nuit sombre glacée" à l'école. Ils se battent sur le chemin à coup de boules de neige et dès qu'ils arrivent en classe, ils sont séparés par le maître. Dans "les vagues d'une douce chaleur prodiguée par le vieux poële, "pendant les leçons, dans un coin" l'un d'eux rêve à des îles...
"Où il fait toujours beau,
Où tous les jours sont chauds,
Où l'on passe sa vie à jouer,
Sans songer à l'école en pleine liberté, pour rêver"...
...

En écoutant le chant des rouleaux d'écume, en regardant le soleil percer entre les grains, et notre Etoile dans l'axe de deux palmes de cocotiers sur fond d'azur, les pieds enfoncés dans le sable blanc, je fredonne cette chanson.
Je suis dans la chanson!
Sur une île, "où il fait toujours beau et où tous les jours sont chauds". Incroyable sensation, d'une liberté, où je peux chanter à tue-tête, faire quelques pas de danse sur cette plage où seul, un cheval étonné me reluque d'un oeil torve.

La liberté d'avoir choisi d'être ici est inestimable...

A plus pour d'autres nouvelles
Nat et Dom
www.etoiledelune.net