Panama_casco viejo_visite de la vieille ville

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Sat 20 Feb 2010 23:08
Objet : une journée de visite, de belles rencontres. L'étonnement de découvrir le sentiment panaméen, à l'égard des Français et des Américains, affiché aussi ouvertement....

Album photo en musique: http://s121758490.onlinehome.fr/edl/photos_panamacity/

Photos jointes à cette lettre :
Casco Viejo, ses maisons rénovées et à rénover
Paluula, le frère d'Alek d'Oléon le peintre de ustupu
Photos historiques du musée de Panama

Bonjour,

Panama City fut la première ville établie par les Européens, côté pacifique du continent sud-américain. En 1519, avec cent hommes, Pedro Arias Davila fonda la ville de Panama. Ce qui ne fut au départ qu'un village de pêcheurs, devint rapidement un centre actif qui vu les prémices de la ruée vers l'or inca. Dès 1521, la ville est si prospère qu'elle reçoit le titre de « Cuidad Real » (ville royale), et dont Charles Quint offre le blason. Tout comme ses cousines de la rive caribéenne, la ville attisa la convoitise des pirates. En effet, l'or et l'argent du continent américain prirent la route de l'isthme de Panama qui représentait le plus court chemin entre les deux océans. Débarquées coté pacifique sur les rives de la ville de Panama, les cargaisons traversaient l'isthme soit en barque défiant les rapides du rio Chagres, soit  à dos de mules sur des sentiers qui sillonnaient la forêt tropicale. Les deux routes, terrestres et fluviales, rejoignaient le fort Lorenzo, à deux pas de Colon où à nouveau les cargaisons reprenaient la mer sur les galions espagnols en direction de la « mère patrie. "

En 1671, Henry Morgan, le pirate gallois (encore lui !) s'aventure avec mille deux cents hommes et sa flotte dans la sinueuse rivière du Chagres. Il remonte son lit, non sans peine, mais il parvient jusqu'aux portes de la ville de Panama. Là, avant d'attaquer la ville, il fait relâche, pour reposer ses hommes de la navigation harassante. Le gouverneur de la ville décide de prendre les pirates par surprise et emmène 2000 hommes jusqu'au campement des pirates. Malgré la supériorité en hommes, les Espagnols subissent une cuisante défaite et laissent la ville sans défense. Morgan pénètre dans la ville sans encombre, le saccage qui s'en suit est si drastique qu'après le retrait des pirates, les Espagnols délaissent les décombres et reconstruisent plus loin, une autre ville. Ils choisissent une péninsule, plus saine, plus facile à défendre qui se situe à 8 km de la première ville qui aujourd'hui se nomme Casco Viejo.

Aujourd'hui, laissez-moi vous emmener à Casco Viejo.
En partant de la Playita, où notre Etoile est ancrée, le chauffeur de taxi me fait préciser où je veux aller. Il insiste, me fait répéter... Je doute de moi. Mon espagnol n'est pas terrible, mais quand même ! A l'approche de Casco Viejo, nous comprenons ses hésitations. En quittant les grandes artères qui ceinturent la ville, nous pénétrons dans des quartiers miséreux. Les immeubles à étages multiples sont dans un état de délabrement à faire peur. Au milieu du béton mal dépoli, de façades lépreuses, de fenêtres éventrées, des princesses panaméennes ondulent des hanches et déambulent dans les rues sales. Contraste saisissant de beautés pures, d'ambiances musicales où la salsa conte la vie de rêve et l'amour et d'habitations insalubres. L'Amérique latine est un des continents de cette planète où les disparités sont les plus grandes. Les riches exagérément riches, les pauvres dans un dénuement à faire hurler.

Quelques quartiers plus loin, le taxi nous dépose à l'orée d'une promenade de bord de mer, avec la recommandation de ne pas dépasser l'avenida central, si nous ne voulons pas courir de risques.

Sur le bord de mer, les bougainvilliers ont pris d'assaut les tonnelles. Nous pénétrons dans cette ombre fleurie sous le regard interrogateur de quelques agents de police. Là, nous trouvons des étales. Un kuna assis à même le sol peint un perroquet jaune et bleu sur une plume. Je me penche vers lui. J'ai la curieuse sensation de le connaître. Il me regarde, décèle mon trouble. Il nous a entendus parler français et me dit avec un gros accent rond et rouleur : « c'est 5 dollars ».
Je lui réponds par une question : « D'où venez-vous ? »
Il me répond : « Du kuna yala»...
« Oui, ça, je le vois bien que vous êtes kuna, mais... (je ne réfléchis pas et lui demande): vous ne seriez pas de Ustupu ? »
Là, notre homme pose ses pinceaux, sa plume et me regarde bouche bée : « Oui je suis de Ustupu, comment pouvez-vous le savoir ?»

Ses peintures me font penser à celles, de ALEK d'Oléon, devenu notre ami. Nous étions restés 3 mois, dans les parages de Ustupu, et au final, comme cadeau d'adieu, Alek nous avait offert notre Etoile de Lune peinte sur une plume. J'ai à bord, plusieurs plumes venant de sa galerie. Nos amis de France et du Québec ont reçu aussi des plumes d'Alek, je lui dis que les plumes de son frère ont bien voyagé depuis que nous nous sommes vus. A mon récit, le regard de cet homme s'illumine, Alek est son frère. Il se nomme Paluula, ce qui signifie Arbre de vie. Il me dit que son frère a étudié à l'université, tandis que lui, est autodidacte, il a regardé le travail d'Alek et tente sa chance aujourd'hui, par un travail personnel et un apprentissage par l'observation. Il y réussit particulièrement bien.

Quelle belle rencontre ! Que le monde est petit...
Quel plaisir aussi d'évoquer cette famille d'Ustupu avec laquelle nous avions tissé des liens très forts !

Au bout de la promenade de bord de mer, l'allée s'achève sur la Plaza de Francia. En cette journée de visite, je découvrirai un sentiment que je ne soupçonnais pas. Les Panaméens, que ce soit dans la ville historique ou dans leur musée, offrent un hommage très émouvant aux Français qui ont tenté de bâtir le canal. Sur la Plaza de Francia, en arc de cercle, les bustes des grandes figures françaises ayant participé à la première tranche de travaux sont alignés. En arrière, sous les voûtes ombragées, 10 panneaux de marbre saluent le travail de recherche des ingénieurs français. L'ensemble est chapeauté du coq gaulois, qui domine la place et le Pacifique sur fond d'azur. Plus tard, au musée du canal, une grande partie des galeries est consacrée à l'équipe de Ferdinand de Lesseps. Il est présenté comme un bon père de famille. Des livres en français, ouverts aux pages qui défendent son projet et l'intégrité de l'homme sont présentés sous verre. A la fin de la période française, une photo de Lesseps, dans son jardin quelques jours avant sa mort. Un petit écriteau commente : « Ferdinand de Lesseps, très affecté de n'avoir pu finir le canal en mourra quelques mois après l'abandon du projet. » A aucun moment, il n'est fait mention d'éventuelle corruption qui a entaché ce projet.

Vous me direz que je fais là du « cocorico-isme »...
Point du tout!

Je suis tout bonnement étonnée de la sympathie témoignée à l'égard d'un projet qui n'a jamais été finalisé par les Français. En comparaison de la place tenue par l'histoire américaine au Panama, je finis par me demander si les Panaméens n'auraient pas préféré que les Français aillent jusqu'au bout de leurs idées???? Je suis étonnée de ne trouver aucun buste des grandes figures américaines qui ont réussi à faire la jonction entre les deux continents. La place consacrée aux « acheteurs » du canal est peu conséquente par rapport au reste des commentaires. Goethals, le chef du projet est représenté en photo. J'avoue qu'il n'est pas mis à son avantage, on dirait un nazi de la Deuxième Guerre mondiale. Pour couronner le tout, le seul buste américain est celui de Roosvelt, placé dans le recoin d'une vitrine, celui-ci fut offert par Hilary Clinton du temps où elle était première dame des Etats-unis. Bref, tout cela est très surprenant. Je ne fus pas la seule à l'être, car un Américain qui était rentré avec nous dans le musée a pris sa femme par le bras, et avant de finir la visite, lui a dit d'un ton peu content :
« Let's get out of here!»
Interprétation toute personnelle de ce trait d'humeur, qui voyait la contribution américaine relativement bâclée et coincée entre la compassion pour le sort de Lesseps et l'apologie à l'indépendance. Car, nous passions assez rapidement à l'accord signé par Carter pour rendre l'indépendance au Panama. La fin de la visite se décline dans une joyeuse apologie de la nation panaméenne ou les drapeaux fusent de toute part ! Et où la fierté de voir flotter le drapeau panaméen sur le canal se respire à plein poumon !

Au-delà du musée et de la Plaza de Francia, le théâtre de casco viejo est un hymne aux oeuvres de Shakespear, Wagner, Molière et Rossini (tout le monde est content!). Ses couleurs vieux rose tranchent avec la cathédrale aux tons jaune pastel. Sur la Place Bolivar, le palacio Bolivar qui abrite aujourd'hui le Ministère de l'extérieur est une pure merveille... Et puis l'hommage au grand homme ne passe pas inaperçu, Bolivar et tous ses bienfaits pour l'Amérique latine sont déclinés à coup de bronzes forgés sous un aigle magistral en face de l'Hôtel de Colombie aux allures mauresques !

En réalité le tour de Casco Viejo se fait en une grosse demi-journée. Il révèle des traits de cousinage avec Carthagène. Les demeures sont rachetées, une à une par des étrangers qui ne regardent pas à la dépense pour offrir des restaurations somptueuses. Si le rythme des réhabilitations se poursuit, d'ici une petite dizaine d'années, ce site historique fera une concurrence directe à la célèbre cité colombienne.

A plus pour d'autres clins d'oeil
Nat et Dom
www.etoiledelune.net

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