Pamana_City de consommation_ acheter ou ne pas acheter telle est la question!

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Sun 14 Feb 2010 19:50
Objet : Une journée de patience pour mon capitaine, l'aire de la consommation bien implantée au Panama.

Bonjour,

Après une semaine entière de bricolage à bord (les derniers, nous l'espérons), hier mon capitaine m'offre une journée de consommatite aigüe. Un tour de force pour, lui. Car de son plein gré, il m'emmène à ALBROOK, le plus grand centre commercial de la capitale du Panama. D'emblée vous remarquerez la date : nous étions le samedi 13 février.
Innocents que nous sommes!
Ignorants jusqu'au jour de la semaine et à l'événement qui marquera les amoureux de la terre entière dès le lendemain. Qu'est ce qui nous a pris, à nous, les musardeurs des tropiques, les rêveurs pacifiques, d'écumer, un jour de folie, ALBROOK?

Je ne saurais répondre à cette question. Toujours est-il que le plus beau cadeau de Saint Valentin que Dom m'ait offert c'est sa patience! Les mille magasins du centre commercial étaient littéralement pris d'assaut. Sans doute, l'air frais à l'intérieur et l'air torride du carnaval qui commence à l'extérieur ont favorisé les envies de se réfugier sous les lampes aux néons des plus grandes marques de la planète?

Deux choses à retenir pour cette journée, qui n'a rien d'étonnant à la plupart des terriens, mais qui dans la vie de marins est quand même exceptionnelle.

La première est que nous avons rencontré hier, toutes les ethnies du Panama. Sans qu'il y ait d'interprétations scabreuses à mes propos, voir des  familles kunas au milieu de ce marchandage exacerbé est une vision des plus étranges. Non pas qu'ils n'ont pas le droit de céder aux "vicissitudes de ce 21ième siècle". Ce qui m'étonne ne se situe pas à ce niveau, il est tout à fait normal que tout être sur cette planète accède aux avantages comme aux inconvénients du modernisme... Mais cette vision a fini d'achever en moi, ce que je pensais tout bas dans les San Blas. Cet archipel, n'est qu'un paravent touristique. Ils maintiennent une apparence de culture ancestrale, pour les touristes, qui viennent chercher l'image du "gentil kuna". En eux, tout a changé, et l'aire de consommation et d'industrialisation est bien implantée jusqu'au tréfonds de leurs âmes. La majorité des familles, grâce au tourisme a atteint un très bon niveau de vie avec un pouvoir d'achat non négligeable. Bien sûr, il n'est pas bon de généraliser, et il reste quelques foyers reclus, quelques familles qui sincèrement vivent à leur rythme.

Pour la plupart, ils vivent et s'habillent de manière particulière, c'est leur individualité. Mais il est peut-être temps que les touristes (dont nous faisons partie) arrêtent de gober tout et n'importe quoi au nom d'une vision idyllique du "mythe du bon sauvage"? Une conscience précise des choses, n'est pas laide, c'est juste une adaptation à la réalité. Maintenir une image sans qu'il y ait trop de consistance derrière, est-ce si intéressant?

Sans doute,  avons-nous tous à des degrés divers ajouté notre grain de sel à cette vision des choses. Car nous aimons tous croire à la carte postale. Nous aimons tous y pénétrer et raconter que nous y avons vécu. Je ne suis pas la dernière du genre... Et sans doute que dans pas longtemps je retomberai dans le panneau.

D'avance vous serez indulgents, je l'espère...

Je me demande néanmoins ce que les Kunas pensent, lorsqu'ils voient leur art galvaudé par la surproduction chinoise? Des magasins comme Titan, Corso ou Madison sont l'apanage de la "copie conforme". Dans la rubrique "ethnique", pour deux ou trois dollars, des mollas sous cadres "made in china" sont accessibles à tous. Ils ont du mourrons à se faire, et sans doute des questions à se poser, comme chacun nous, sur les "bienfaits" d'un pouvoir d'achat (ou de vente) qui prend cette tournure...

Heureusement, il existe encore, derrière ce tableau des personnes de chair et d'os, avec une sensibilité baignée de l'expérience ancestrale qui défendent leur art!

Ainsi, notre deuxième sujet d'étonnement du jour est de voir à quel point la Chine est investie au Panama. Ils détiennent les deux terminaux de containers les plus importants de Colon et de Panama City, mais ils ont également pris possession du marché économique du pays. Les magasins ne sont que de vastes étalages de produits tous moins chers les uns que les autres, qui donnent la sensation, d'un coup de baguette magique, que notre pouvoir d'achat est devenu illimité! Mais que dire de la qualité? Elle est si douteuse que les produits paraissent fondre ou se décomposer sous nos yeux. Ce n'est pas une image. La plupart des objets ne sont pas d'aplomb ou de facture si mal finie qu'on en comprend le prix. Nous voyons de tout : des montres à 2 dollars, des services de vaisselle complet pour moins de 5 dollars, des serviettes éponge pour 0.99 dollars, des tapis de salle de bain à 1.99 dollar, des chaussures pour 0.99 dollars, maillots de bain pour 5 dollars...

Malgré tout,  et même sachant que la qualité n'est pas au rendez-vous, il est parfois difficile de résister. Car nous trouverons  à Tahiti, des produits de la même facture (qualité et origine) mais pas du tout pour la même facture... Comment expliquer ce tour de passe-passe monétaire?

Bonne Saint Valentin à tous les amoureux
Nat et Dom
www.etoiledelune.net

PS: dans les jours prochains je vous délivrerai un petit rapport sur l'AIS

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