VANUATU : le banian, arbre surprena nt, photos et récit

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Thu 12 Jul 2012 02:06
Bonjour,

Depuis que nous voyageons sous les Tropiques, nous rencontrons sur nos routes beaucoup de banians. En Colombie, les enfants l'appelaient "el arbole qui caminar" (l'arbre qui marche) et effectivement celui qui était au coeur de Fuerte semblait avoir d'énormes pattes d'éléphants qui s'en allaient du "tronc principal". Aux Marquises, les banians étaient sacrés, voire carrément "tapu". Ils abritaient les esprits (souvent les restes : crânes, os...) des chefs, des prêtres et des guerriers les plus respectés. Le banian avait pour fonction non seulement de préserver l'esprit, mais aussi de l'emmener, haut, très haut vers le ciel. Partout dans les îles de Polynésie, les sites sacrés (me'ae ou marae) portent un ou plusieurs banians.

Le banian fait partie des ficus, il partage la famille des Moraceae avec le figuier. Le banian serait d'ailleurs un "figuier étrangleur". Vous comprendrez cette _expression_ avec les explications qui suivent. Cet arbre s'est répandu un peu partout dans le monde. On en trouve même aux Etats-unis, où le premier spécimen a été planté par Thomas Alva Edison à Fort Myers en Floride.

Le banian est originaire d'Inde, du Pakistan et de Sri Lanka. Lors de notre voyage à Sri Lanka (ouf! ça date d'il y a au moins 20 ans!) nous trouvions toujours un ficus dans les parages des temples bouddhistes. Il a également dans ces contrées, la réputation d'être sacré, c'est le Bodhi (Ficus religiosa). La légende, dit que la princesse Sanghamitta, religieuse bouddhiste l'aurait ramené d'Inde sur Sri Lanka, afin de perpétrer le moment où Siddharta Gautama reçut, sous cet arbre, l'illumination et devint Bouddha. Les bouddhistes du monde entier vénèrent cet arbre, lui rendant grâce d'avoir protégé l'ombre du prince Siddharta en prière avant qu'il ne soit illuminé.

Je ne vais pas poursuivre sur la route de Sri Lanka... tout vient en son temps, et notre heure du retour dans ces contrées envoûtantes viendra...

Nous avions toujours pensé que cet arbre évoluait et grandissait grâce à ses racines aériennes qui descendaient de sa cime vers le sol. Par contre, nous n'avions jamais imaginé sa "naissance", telle qu'elle se passe en réalité. Sur l'île d'Efate, nous rencontrons Peter, qui attire notre attention sur plusieurs spécimens.

Le premier est un cocotier qui est complètement enchâssé dans un tronc qui se finit en feuillages de banian avant que le cocotier ne développe sa propre sommité et ses noix caractéristiques. Incroyable mariage de ces deux arbres. Le second spécimen est énorme, il a plus de 500 ans. Peter, notre guide, s'arrête au milieu de la seule route de Efate qui en fait le tour. Il n'y a aucune voiture autre que la sienne pour gêner la circulation. Nous descendons, assistons à un cours sur le banian au milieu de la chaussée.

Le banian commence sa vie grâce à la contribution des oiseaux. Ceux-ci viennent grappiller les fruits d'un congénère, et les emmènent dans les branches d'un arbre voisin ou lointain d'une espèce différente. Dans le fruit, il y a la graine reproductrice, celle-ci trouvera asile dans la canopée dès lors que l'oiseau l'aura déposée (d'une manière ou d'une autre). Peu importe si l'espace est déjà occupé par une forêt, le banian vaincra. La graine germée envoie des racines aériennes depuis les branches de son hôte. En ceci, le banian est dans les premiers temps de sa vie, une plante épiphyte. Ce terme nous vient du grec, (comme vous le devinez), et signifie : "épi"= sur, Phyte = végétal. En d'autres termes, cette plante trouve un support sur d'autres végétaux. Par contre, les plantes épiphytes ne sont pas considérées comme parasites. Elles ne se nourrissent pas leur hôte, et sont capables de trouver par elles-mêmes les substances (eau, lumière, sels minéraux) nécessaires à leur subsistance. Cependant, au cours de son existence, le banian quittera cet "air"  non parasitaire...  


Dès que les lianes du banian touchent le sol, elles se développent en tiges et prennent racine dans le sol. Les lianes, une à une, encerclent leur hébergeur qui leur sert au départ de tuteur. Au final, lorsque les lianes sont si resserrées, qu'elles forment un tronc, elles étouffent leur hôte qui s'affaisse. Ainsi lorsque ce dernier meurt, l'intérieur du banian forme un grand trou central.

Les Nivans aiment cet arbre, ils le considèrent comme le meilleur abri anticyclonique. Lors de catastrophes telles que les ouragans, ils se faufilent entre les troncs et pénètrent à l'intérieur du banian pour se parer de tout ce que les vents fou catapultent dans leur espace de vie. L'intérieur du banian est aussi un formidable garde-manger. Ils y trouvent les petits cochons de lait, les oeufs des poules, les poussins, les crabes de terre, les pigeons et autres oiseaux nicheurs...

Le banian peut se développer sur plusieurs hectares. Il émet jusqu'à 350 troncs de grosse taille et 3000 petits. L'un des plus grands banians recensés se trouverait à Calcutta en Inde, il atteint une circonférence de 412 mètres, soit 131 mètres de diamètres. Cela dit, en cherchant le plus Maousse!!! et bien on trouve le plus grand banian du monde à Sri Lanka, à Angkor, ailleurs en Inde (Vince Kalkata) ou en Thaïlande... au choix!

A plus, pour d'autres clin d'oeil du Vanuatu
Nat et Dom
www.etoiledelune.net

Cocotier imbriqué dans un jeune banian. Les jours du cocotier sont comptés...



Sur l'île de Pentecôte, les banians sont séculaires



Avec les marées cycloniques, les vagues démentielles les galets s'accumulent au pied du banian. Celui-ci poursuit son
oeuvre. Ses lianes imbriquent les galets de la plages tout en augmentant la superficie de son royaume.



Arbre aux allures mystérieuses, pas étonnant qu'il a été choisi comme étant sacré dans de nombreuses religions.



Ce banian femelle a plus de 500 ans. Les arbres mâles envoient des lianes "barbues", tandis que les arbres femelles
ont des lianes non "velues"...