L'Aranui

pos : 14:32.140 S 146:21.270 W (les Tuamotu / atoll AHE) La Polynésie française est aussi vaste que l’Europe. Elle est formée d’une multitude de petites îles respectivement d’atolls dont certains sont habités par de petites communautés, d’autres inhabités. Pour les relier, il n’y a que l’avion, pour autant qu’une piste ait été construite, ou le bateau. Dès 1954, la nécessité de relier les îles des archipels des Tuamotus et des Gambier à Tahiti a conduit à l’affrétement d’un navire à même de ravitailler ces communautés, de leur permettre de livrer des marchandises et de transporter les personnes souhaitant se rendre à Tahiti ou sur une autre île des archipels desservis. Progressivement, la desserte des Marquises s’est ajoutée à ces destinations. La saga des Aranui était née. Nous avons eu la chance de voir à Fatu Hiva l’Aranui 5, dernier de la série et seul navire de ce type en activité dans la Polynésie. L’Aranui 5 est un cargo mixte de 126 mètres de long, 22 de large et d’un tirant d’eau de 5,2 mètres. Il peut transporter 3'000 tonnes de fret et accueillir 230 passagers. Compte tenu de sa taille, ce navire ne peut pas accoster, sauf à Papeete. A chaque destination, l’arrivée de l’Aranui est attendue, le mot est faible. Ses vacations rythment la vie insulaire. Ainsi lors de notre escale dans la baie de Anaho, sur l’île de Nuku Hiva, nous avons vu le paysan de la baie voisine de Ha’atuatua venir à la baie voisine d’Anaho avec ses 6 chevaux pour apporter la récolte de pamplemousses, de noix de coco, de pastèque, de citrons qu’il avait cueillie le jour même, la transférer le lendemain sur un petit bateau pour la baie de Hatiheu et enfin l’acheminer avec un véhicule jusqu’à Taihoe en vue de son chargement le jour même sur l’Aranui destination Papeete. La même logique prévalait à Fatu Hiva, la veille du passage de l’Aranui. Nous avons ainsi aidé Poui (notre chauffeur sur l’île de Fatu Hiva) à transporter sa récolte au port à 6h du matin, pour la charger le jour même sur l’Aranui. Ce navire de ravitaillement est également attendu pour les biens qu’il apporte aux communautés locales. Nous avons ainsi vu débarquer à Fatu Hiva un pick-up rouge flambant neuf, des sacs de ciment, des paquets de cigarettes, du bois de construction, une machine à laver, etc. Dès que le bateau apparaît, le village se vide et tout le monde se trouve au port pour les opérations de déchargement et de chargement. Ce n’est pas une mince affaire, avec la houle, le ressac et la marée. Il faut d’abord descendre de l’Aranui les deux barges de transport, puis les charger et les amener aux petits ports de débarquement. A terre, un engin de chantier prend les sacs de biens pondéreux (cailloux pour l’essentiel) ou les palettes posées sur des supports en acier pour les poser à terre. Parfois un incident émaille l’opération, un sac qui se casse, une vague poussée par la marée trop haute qui mouille du matériel. Pas d’énervement. Ces incidents sont le lot quotidien du transport local. L’officier responsable du fret note les avaries, remet à chacun les biens qu’il attend, prend en charge les produits à transporter sur une autre île ou le plus souvent à Papeete. Parallèlement, un autre engin de chantier charge les pick-up des bénéficiaires finaux des diverses marchandises transportées, bénéficiaires tout heureux qui quittent aussitôt le port pour y revenir au plus vite chercher le solde de la livraison tant attendue. Les opérations de chargement et déchargement prennent du temps. A Fatu Hiva, l’Aranui est resté 6 heures au moins au large de Omoa puis 5 heures au moins au large de Hanavave. Il a pris 3 heures de retard sur sa rotation. Pour les passagers, des activités sont organisées à Terre. Fatu Hiva est connue pour la qualité de son artisanat. Les artisans locaux tiennent donc à Omoa un marché pour vendre leurs produits aux touristes débarqués de l’Aranui. Ces derniers passent d’une table à l’autre, sous un couvert protecteur du soleil qui tape. Tiki, Ukulélé, plats en bois de rose, parchemins peints, tout l’artisanat local est exposé. Nous avons pu profiter de ce marché pour admirer l’artisanat local, revoir Edwin à qui Nicolas et Denis ont acheté la veille un Ukulélé et faire quelques emplettes. D’autre touristes font une marche de Omoa à Hanavave, avec un pique-nique au sommet de la route, sous un abri en bois. A leur intention, le petit marché d’artisanat local se déplace rapidement de Omoa à Hanavave pour qu’ils puissent y faire leurs achats. Les passagers sont également débarqués au moyen de barges qui peuvent soit s’ouvrir sur le côté, soit par l’avant, à l’image de barges de débarquement militaires, barges qui voyagent également avec l’Aranui. L’Aranui crée une animation considérable dans chaque communauté. Nous sommes très heureux d’avoir pu la vivre à Omoa et à Hanavave. La noria des barges dure tout le temps de l’escale, sans répit. Le bateau doit repartir au plus vite desservir une autre communauté et ainsi de suite. L’Aranui passe ainsi deux fois par mois dans chacune des communautés desservies, pour le plus grand bonheur des habitants et sans doute des touristes. |