Aux Marquises, Les Tikis

BRAINWAVE
Nicolas
Tue 16 May 2023 22:26

pos : 10:44.211 S 139:21.288 W (entre Les Marquises / Fatu-Hiva et les Tuamotu)

 

Les excursions, j’adore. Savoir que quelqu’un va te faire découvrir sa région, sa culture, son histoire, je trouve ça passionnant. Depuis le début de notre navigation, j’ai déjà eu l’occasion de relater quelques-unes de ces excursions lors de mes blogs précédents (Politique, culture et artisanat – San Blas et Kuna – Indiens Embera – Galapagos Splendeurs et richesses de la nature). Aujourd’hui je vais vous parler de ce que j’ai découvert lors d’une visite d’un jour sur l’ile d’Hiva Oa en compagnie d’un jeune guide passionnant et passionné, Jonathan Chastel. Il faut d’abord que je vous présente le personnage. Il a trente-cinq ans, la casquette bien vissée sur la tête, une paire de lunettes de soleil Ray Ban sur le nez, un t-shirt manches courtes, une paire de shorts, les pieds nus et…de magnifiques tatouages, art ancestral largement répandu ici aux Marquises. Jonathan est un autodidacte. Il s’est surtout formé en lisant de nombreux ouvrages sur l’histoire de la navigation et celle de l’évolution des peuples des Marquises. Il a beaucoup voyagé aussi. Il est également le fils de Patrick Chastel, un enseignant et écrivain très connu en Polynésie qui a publié de nombreux romans, des essais, ainsi que des BD pour la jeunesse.

Ce matin-là, Jonathan arrive avec sa dégaine sympathique et emmène notre groupe à la découverte de la partie nord de l’ile de Hiva Oa. Au fur et à mesure que la route décolle du bord de mer et déroule ses lacets infinis en direction des sommets de pierres volcaniques, nous nous arrêtons en des endroits choisis pour admirer un panorama magnifique. A l’une de ces haltes nous marchons un peu en contrebas de la route. Jolie promenade dans la végétation luxuriante. Un petit sentier nous conduit sur le site d’un village ancestral et là nous pouvons découvrir, posé au milieu de cette végétation, Utukua le Tiki souriant. Quelle émotion de pouvoir non seulement admirer ce chef d’œuvre ancien mais également d’apprendre les significations d’un Tiki. Comme je n’ai pas retenu à la lettre tous les détails que Jonathan nous a donné sur les Tikis j’en reprends ici, pour être au plus près, la signification à travers le site wikipedia.

« Tiki se dit Ti’i en tahitien. Ce mot signifie demi-dieu. Un Tiki est une sculpture, en bois ou en pierre, représentant un homme ou une tête d’homme. Les Tikis sont souvent de sexe masculin, plutôt trapus, mais il existe aussi des tikis féminins. Les attributs sexuels sont représentés dans la sculpture. Les bras sont repliés et ramenés vers l’avant, les mains posées sur le ventre. Les jambes sont fléchies et la tête, souvent disproportionnée, laisse apparaître des yeux immenses. La bouche est parfois très expressive laissant imaginer un cri. On peut faire la comparaison entre les tikis et certaines positions du Haka. »

Après ses explications très détaillées et colorées, je me permets de demander à Jonathan, si c’est possible que je joue du cor des alpes en ce lieu sacré. La réponse immédiate est : oui. Et là, je peux jouer des sons au milieu de cette jungle. Quel cadeau. Que de belles vibrations positives. J’en suis encore tout ému. Finalement le son du cor des alpes est proche de la Trompe d’appel utilisée ici lors des cérémonies traditionnelles. Souvent cette Trompe d’appel se trouve être un immense coquillage dans lequel on souffle et qui fait un son très chaleureux et puissant.

Après une halte en début d’après-midi pour manger au restaurant de Manie Antoinette, nous nous rendons sur le site archéologique de Mea’é à Puama’u, site également connu sous le nom de Lipona, ceci en référence à la vallée verdoyante dans lequel il est localisé. Ce site est très bien conservé et l’on peut y observer un bon nombre de Tikis ainsi que des plateformes formées de grosses pierres qui sont les fondations d’origine des maisons qui existaient dans ce village. Pour sortir de l’ile il faut un bateau. Alors les habitants construisaient de grandes pirogues en bois et, une fois terminées, les faisaient glisser sur des branches de bananiers et autres feuillages jusqu’à la mer. Le jour où cela se passait c’était une immense fête car ça signifiait que des membres de la tribu pouvaient partir pour pêcher et découvrir d’autres iles. Dans cette vallée, comme dans d’autres, il y avait à l’époque des milliers d’habitants qui y vivaient, ceci jusqu’à l’arrivée d’envahisseurs tels Espagnols puis des Anglais qui ont amené des maladies qui ont en partie décimé la population, sans parler bien sûr des guerres fratricides, exactions et autres horreurs.

Les explications de Jonathan, sur ces périodes historiques très difficiles pour les populations indigènes, sont à la fois d’une beauté et d’une cruauté incroyables. Je ne peux malheureusement pas écrire ici tout ce qui nous a été raconté mais je vous conseille vivement, si l’histoire des Marquises vous intéresse, d’aller vous documenter. Plusieurs livres et sites de références sont à découvrir via le net.

Après une journée bien remplie, le retour au port s’effectue en début de soirée. Comblés par ces découvertes exceptionnelles et heureux d’avoir appris autant de choses sur cette partie de la planète, en plein Pacifique Sud, nous pouvons déguster une Hinano, bière polynésienne, en toute tranquillité sur le pont de Brainwave. (Denis Alber)

 

 

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