Visite au peuple Embera

Ce matin-là, nous nous sommes levés très tôt pour partir de la Marina de Shelter Bay avec un minibus en direction de la forêt tropicale. Le but est d’aller rendre visite au peuple Embera, l’un des sept groupes d’amérindiens encore présents sur le territoire panaméen. Les Embera est une ethnie composée d’environ trente-cinq mille personnes réparties dans diverses communautés appartenant à la comarca, située majoritairement dans la province du Darién. Originaires de la région de Chocó en Colombie, de l’autre côté de la frontière, beaucoup sont venus s’installer dans le Darién, sur les rives du fleuve Chagres, ce même fleuve qui alimente en eau le Canal de Panama via le lac Gatun. Après une bonne heure et demie de route nous nous arrêtons dans un petit relai, avec une buvette, hélas pas encore ouverte, c’est le début du parc national de Chagrès. Nous repartons rapidement, sans café, après avoir troqué notre minibus contre une jeep quatre fois quatre, aménagée spécialement pour la brousse. La couleur jaune bus postal du véhicule nous rappelle nos cars postaux de montagne, mais ici pas besoin de klaxons, les croisements sont rares. Les chemins dans la forêt sont sinueux et difficiles à circuler, tant ils sont parsemés de nombreux trous où la jeep risque de rester prise à chaque instant. Ce parcours n’est pas très long, une demi-heure environ. Arrivés près du fleuve, des Embera nous attendent en tenue traditionnelle, composée d’un simple pagne, debout à côté de leurs pirogues amarrées le long du fleuve. Nouveau transfert, nous grimpons dans l’une de ces pirogues et la navigation sur le fleuve peut commencer. Il n’y a pas beaucoup d’eau car c’est la fin de l’été. Les pluies d’avril et des mois suivants sont attendues avec impatience. La pirogue est conduite par deux personnes, l’une au moteur à l’arrière et l’autre à l’avant, équipé d’un grand bâton qui permet de faire pivoter l’embarcation d’un bord sur l’autre quand la profondeur le demande. Parfois les deux conducteurs débarquent pour pousser la pirogue afin qu’elle ne s’arrête pas sur un banc de pierre et de sable. Au bout de trois quart d’heures nous sommes arrivés au petit village des Embera, où les habitants vivent de manière traditionnelle huit mois par année, afin de perpétrer leurs coutumes et de faire connaître leur culture aux personnes comme nous, curieuses de découvrir d’autres cultures. Ce village est composé d’une dizaine de huttes construites sur pilotis avec des murs en bois et un toit en feuille de palmiers. Un groupe de musiciens est là, nous faisant une haie d’honneur pour nous accueillir avec leur belle et colorée musique. Notre guide nous explique le cheminement de ces populations depuis plusieurs siècles et le chef du village, accompagné d’artisans, nous présente leur artisanat dont nous pouvons faire l’acquisition à l’un ou l’autre des stands répartis sous un grand pavillon, lieu de rencontre des autochtones. Pour le repas de midi les femmes nous ont préparé des bananes plantains accompagnées d’un excellent poisson. Cette nourriture nous est servie dans des bols fabriqués à l’aide de feuilles de bananiers, vaisselle conçue pour un recyclage rapide et naturel. Pour le dessert nous savourons des ananas, des papayes et des bananes. Les femmes de la tribu nous présentent également quelques danses traditionnelles dont, pour la dernière, elles nous invitent à participer. Quel beau moment. Après quelques heures passées dans ce village très paisibles nous remontons dans notre pirogue pour redescendre la rivière Chagrès. La descente est plus facile car il y a beaucoup de courant par endroits, c’est spectaculaire. Nous rentrons vers la fin de l’après-midi sur Brainwave, heureux d’avoir fait de nouvelles connaissances et la découverte d’une autre culture. |