Une belle escapade à la cascade de Vaipo

BRAINWAVE
Nicolas
Fri 19 May 2023 23:22

 

pos : 14:32.140 S 146:21.270 W (les Tuamotu / atoll AHE)

 

Après une belle journée de navigation, nous sommes arrivés le 8 au soir dans la baie de Hakatea pour deux nuits. La baie est magnifique. A l’Ouest, elle est bordée de falaises volcaniques sombres, très escarpées et impressionnantes, ponctuées de-ci, de-là de petits arbres verts vifs. Une frondaison verdoyante entoure tout le reste de la baie. Deux vallées s’en échappent, une au Nord, une autre à l’Est, toute deux à la végétation luxuriante. Au-delà du sable de la plage, les petits arbres dominés par de nombreux cocotiers nous donnent un panorama de rêve.

Sous le coup des dix heures, l’annexe touche la plage. Elle est rapidement mise en sécurité. Un marquisien (dont nous apprendrons plus tard qu’il est l’arrière-petit-fils d’une reine de l’Ile) nous donne quelques indications sur la route à suivre. Nous partons à la découverte de la chute d’eau de Vaipo. Le temps est clément, mais chaud. Les pas sont alertes. Passée la plage, nous montons sur une petite hauteur qui sépare les deux vallées pour redescendre dans la vallée la plus vaste orientée Nord qui doit nous conduire à la fameuse cascade. L’aventure commence.

Pour y accéder, premier gué, ou plutôt passage de rivière. Après quelques hésitations, toute la petite troupe mouille chaussures et pieds pour la première traversée de la rivière, prélude à une longue série. Les pieds trempés, nous arrivons au grand carrefour pédestre de la vallée. Surprise, nous y trouvons une cabine téléphonique de France télécom, à priori en état de marche. Nous renonçons à son utilisation (nos interlocuteurs favoris étant dans les bras de Morphée) pour progresser dans ce qui tient lieu de localité. Plusieurs maisons, deux voitures 4x4 en ruine (sans route pour les utiliser), un lieu de culte, quelques chevaux, trois ou quatre chiens. Pour le surplus, la localité est déserte et Nicolas comme notre ami Jean (du bateau A plus 2) sont refaits pour leurs rêves de restaurant avec vue sur la mer.

Nous progressons dans la vallée, passons deux chevaux, puis un second passage de rivière. La végétation est resplendissante. Le chemin au départ large et souple fait progressivement place à un sentier accidenté, souvent glissant, semés de cailloux et de petites mares. Il faut être vigilant, poser son pied au bon endroit. La chaussure de Christiane (A Plus 2) casse engoncée dans la boue. Une ficelle de chapeau permet de la réparer. Nous poursuivons. Nous croisons quelques autres équipages qui descendent. Invariablement, ils nous expliquent que nous en avons encore pour une heure, les premiers pour ne pas nous décourager, les suivant avec l’heure juste, les troisièmes par oubli du temps passé. Un chien errant couleur noisette nous accompagne et veille sur nos pas. Nous avançons sous un couvert de bananiers, de cocotiers et d’arbres locaux aux essences inconnues formant une frondaison qui ne laisse pas passer le soleil. Le moustique y est roi. Il se régale. Nous avançons toujours. Bientôt nous croisons les fondations rectangulaires d’anciennes maisons, dont seul le socle a subsisté, quelques murs, une sorte de puit. Les vestiges d’une civilisation passée. Nous nous sentons Indiana Jones, la machette en moins. Le sentier se fait hésitant, au milieu d’une végétation envahissante.

Il faut à nouveau traverser la rivière, sur des pierres, puis des troncs, puis des pierres avant de reprendre notre parcours. Des cairns nous guident dans l’entrelas de troncs. Denis et Christiane renoncent et rebroussent chemin, le passage de la rivière étant trop acrobatique. L’atmosphère devient très humide, même si l’air est plus frais. Nous marchons plus souvent qu’à notre tour dans l’eau. Le chemin se fait rivière et inversement. Il nous faut patauger, éviter de glisser, viser un caillou, puis un tronc à nouveau un caillou, puis plonger les pieds dans l’eau. Nous passons aux pieds de falaises de terre volcaniques, dépassons le second panneau « passage interdit – danger de chute de pierres ». Les derniers mètres se font au travers d’une épaisse couche d’herbe grasse, entre terre et rivière, au fond d’un tout petit cayon entouré de parois verticales. Enfin elle se dresse devant nous, majestueuse, altière, la cascade de Vaipo. Dans un grondement, elle choit derrière un rocher générant une multitude de gouttelettes qui nous rafraichissent. Tout alentour, les parois sont verticales, de couleur très sombre, ponctuées de quelques arbustes. Au sommet de dresse fièrement un gros bosquet de pins, dominant de leur couronnes la chute et ses minuscules spectateurs. Un petit lac couleur chocolat complète le tableau. L’érosion est forte et fertilise la vallée. Nous entendons le choc sec d’un gros caillou qui choit sur le sol.

Mais il est déjà temps de rejoindre notre bateau, la descente, quoique plus rapide, nous prend deux bonnes heures, attentifs, malgré la fatigue à ne pas glisser et nous blesser. Dans un univers vert, nous nous nous rapprochons de la mer, accompagnés par un chien couleur noisette. Nous retrouvons Denis et Christiane, puis la cabine téléphonique, toujours en attente d’un hypothétique usager, enfin la plage où nous attend l’annexe. Le Marquisien est toujours là, tondant sa prairie avec une débroussailleuse. Il nous apprend à ouvrir les noix de Coco, nous permettant de déguster et d’étancher notre soif avec l’eau de quatre noix, avant d’en manger la chair. Quel délice et quel bel échange avec ce descendant d’une des dernières reines des Marquises.

 

 

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