Equilibres – Chapitre 2 : L’équipag

BRAINWAVE
Nicolas
Sun 23 Apr 2023 17:54

 

 

pos: 07:54.950 S 119:05.440 W (entre Galapagos et Marquises)

 

« Ses fluctuat nec mergitur

C'était pas d'la littératur',

N'en déplaise aux jeteurs de sort, aux jeteurs de sort.

Son capitaine et ses mat'lots

N'étaient pas des enfants d'salauds,

Mais des amis franco de port,

Les copains d’abord ».

 

Qui d'autre que Tonton Georges pour démarrer cette ode à 5 mecs sur un bateau ?! A 1 mois ensemble. Dans 25m2 de surface de vie.

 

5 gaillards condamnés de bon gré à vivre ensemble.

 

5 lascars plutôt bien en forme(s), trop vieux pour être jeunes, trop jeunes pour être vieux.

 

5 tronches, caractères forts, assez expérimentés pour faire des concessions. Pour ne pas trop en faire non plus.

 

5 parcours de vies, si différents, si structurants.

 

5 jardins secrets, que les gars entre eux ont, par pudeur, toujours tant de peine à partager, fragilités qui se découvrent par petites touches, à la faveur d’un passage de quart, d’un café rallongé, d’un instant de vague à l’âme.

 

Il y a l’artiste, Denis. Mon cher ami. Celui dont on se demande forcément ce qu’il allait faire dans cette galère. Notre cuisinier de haut vol et de haute mer attitré. Et aussi ministre de la sécurité à bord. Normal : c’est un inquiet, alors il garde aussi l’œil ouvert pour les autres. A chaque belle occasion, il déploie son cor des alpes télescopique et emplit le néant de mélodies lentes et profondes.

 

Il y a le grand frère, Daniel. Celui qui fait alterner avec bonheur la lenteur de sa Berne natale et la célérité de ses actions instinctives sur la marche du bateau. Il a une expérience folle, notre « papy » du bord, il a presque tout vécu sur les nombreux voiliers qu’il a barrés, en séries olympiques ou au long cours, sur 1 ou 2 ou 3 coques. Et plus on avance, plus il ouvre la porte d’un esprit brillant et bienveillant, sûr de lui mais à l’écoute, bien moins sérieux qu’il n’y paraît, plein d’un humour percutant et parfois corrosif.

 

Il y a le faciatutto, Claude. L’homme indispensable à bord. Celui qui rigole quand la génératrice tombe en panne. Celui qui prétend qu’il ne sait pas naviguer, mais qui te règle absolument tous les problèmes à bord avec une efficacité et une dextérité inouïes. C’est surtout celui qui, après une demi-phrase, te met la bonne humeur dans le cockpit, juste avec son mythique accent du Jura vaudois. Denis Meylan, alias Bouillon, humoriste du gros de Vaud depuis un demi-siècle, n’a qu’à bien se tenir : le verbe de Claude a le goût des carnotzets, la couleur du vin qui coule à flots dans les (bien trop petits) verres à blanc vaudois, l’odeur des forêts qui montent vers le Chasseron.

 

Il y a enfin le skipper, Nicolas. Celui qui prend soin de nous. Qui est partout. Qui se démultiplie. Qui fait le 6ème homme. Qui ne hausse jamais le ton. « Ô Capitaine ! Mon Capitaine ! (sic :bientôt) Fini notre effrayant voyage, Le bateau a tous écueils franchis, le prix que nous quêtions est gagné. Proche est le port, j’entends les cloches, tout le monde qui exulte ».

 

Et il y a moi. Qui parle à l’Océan. Qui cherche la paix intérieure.

 

Vivement demain !

 

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