Un vécu de nos derniers deux jours - 3 - 4 jours avant notre arrivée à la Grenade
 
                BRAINWAVE
                  Nicolas
                  
Wed  1 Dec 2021 15:58
                  
                | Bonjour les amis de Brainwave Aujourd'hui j'ai envie de vous parler de nos derniers 
deux jours en mers (pas les derniers de ce voyage; nous avons encore 3 - 4 jours 
avant d'arriver à la Grenade). Vous pouvez vous imaginer qu'au bout d'une 
dizaine de jours il y a une sorte de routine qui s'installe. Oui, c'est 
partiellement vrai mais en même temps complètement faux. Par exemple le temps que je vous écris il y a un oiseaux 
qui vient s'installer sur le pont du bateau. Toute l'équipe l'a appelé, il s'est 
effectivement posé sur notre taud de soleil et il y avait une sorte 
d'énergie positive parmis tous pendant son petit repos chez nous. On l'a appelé 
"Grenadine" (Où nous espérons être dans 3 - 4 jours).  Ces derniers jours nous nous sommes mis dans l'allure 
"traversée de l'Atlantique". Pour cela on met la grande voile d'un côté et le 
génois (grande voile d'avant) de l'autre côté. Pour qu'elle tienne en place on 
tangonne cette voile (c'est à dire que l'on met une sorte de tube de 5 - 6 
mètres entre le mat et le bout de la voile; cela nous permet de bien capter le 
vent pour nous faire avancer). Ainsi on a une allure assez stable et 
l'autopilote peut relativement facilement gèrer la route que l'on lui 
indique de suivre. C'est une allure intéressante quand le vent vient de 
derrièrre. Nous naviguons avec un angle de 175 ° environs (sachant que 180 ° 
serait avoir le vent parfaitement avec nous). Au début nous restions très prudents et la nuit nous 
avons mis les deux voiles du même côté. Mais la nuit passé nous avons décidé de 
laisser le tout en papillon (tout en instruisant les moins expérimentés de 
l'équipage (qui doivent aussi assumer une veille de nuit))  sur la 
manoeuvre de réduction de voile à entreprendre en cas de surventes (on appelle 
cela aussi des "baffes")). La nuit était gentille avec nous et nous n'avions pas 
à intervenir. Au niveau de la vitesse cela nous fait approcher du 
but à grands pas. Nous avons établi un nouveau record de distance en 24 heures: 
167 milles nautiques. Comme un mille nautique correspond à 1,852 km terrestres 
cela nous fait presque 310 km en 24 heures. Mais il y aussi un côté un peu moins 
confortables de cette allure...le bateau "roule" c'est à dire il tangue d'un 
côté à l'autre. Cela est dû en grande partie aux vagues qui peuvent pousser 
le bateau en dehors de la direction qu'il est sensé prendre (pas de crainte par 
contre comme le pilote automatique remet rapidement le bateau sur sa route). 
Essayez de vous imaginer d'être en Allemagne à l'Europa Park et de vous mettre 
sur une des attractions avec beaucoupe de virages. Fermez les yeux et subissez 
les changements de direction; dormez maintenant! Difficile donc de trouver son 
sommeil et ceux qui dorment dans le salon peuvent compter toute la nuit la 
vaisselle et les casseroles qui voyagent de gauche à droite dans leurs armoires 
respectives.  Pour anticiper les éventuelles manoeuvres nous sommes 
contents d'avoir un radar à bord. Cette machine scrute l'horizon tout autour de 
nous pour repérer d'autres bateaux mais elle arrive aussi à capter des nuages 
pleines d'eau qui peuvent se transformr en "squals". Ce phénomène peut amener 
des trombes d'eau mais aussi des raffales de vent assez violents. Donc c'est 
sécurisant de les voir arriver (on voit leur vitesse d'évolution et la direction 
qu'ils prennent). Pour l'instant nous n'étions jamais directement touchés mais 
tous les jours il y en a qui passent devant, derrière ou a côté de nous. 
 Concernant l'avitaillement nous sommes maintenant dans 
la réalité des la consommation (comme nos réserves diminuent). Par exemple 
lorsque Nicolas a proposé des Coca Colas on disait tous oui, pourquoi pas... et 
aujourd'hui nos réserves sont épuisées. Nicolas nous a parlé de commencer à 
rationner les vivres mais ceux qui le connaissent savent qu'il nous parle avec 
ses exigences à lui et nous sommes parfaitement conscient que nous pourrions 
nous perdre encore plusieurs semaines sans mourir de faim et de 
soif! Cela m'amène à vous parler de l'état psychologiques des 
matelots. De ce côté là tout va bien et on commence à connaître les petites 
forces et faiblesses de chacun sans que cela nous dérange nécessairement. C'est 
assez étonnant parce que on pourrait croire qu'avec le cumul de fatigue (les 
nuits sont courtes et les journées aussi; tous les soirs on s'étonne qu'il y a 
un autre jour qui vient de se passer) des frictions entre les différentes 
personnalités devraient voir le grand jour. NON, ce n'est pas ce que nous 
ressentons. A mon avis cela est aussi dû au fait que tous les matins on a notre 
réunion qui nous oblige de parler non pas seulement de problèmes techniques et 
des solutions à trouver mais aussi de notre ressentiment émotionnel. Dû à ce 
point chacun est conscient qu'il peut parler, qu'il doit faire attention à 
l'autre aussi et que nous sommes une équipe qui doit pouvoir puiser dans les 
ressources de chacun.  Je ne veux pas trop vous parler de nos petites 
interventions techniques mais hier nous avions la génératrice qui se mettait en 
surchauffe. Un contrôle des filtres à eaux, de la conduite d'eau qui amène le 
refroidissement au moteur et rapidement nous avons trouvé le problème. 
L'impeller (une sorte de turbine qui amène l'eau de refroidissement dans le 
moteur) était complètement cassé. Nous l'avons changé et depuis tout 
fonctionnent merveilleusement bien. Même la climatisation des cabines se remet à 
marcher (pas que nous l'utilions vraiment). Au début de cet article je vous ai parlé de routine. 
Jugez vous-mêmes: de la routine il n'y en a pas! P.S. et notre voiseau et toujours avec 
nous 
 
 
 
 
 
 Pour Brainwave Georges Co-skipper | 





