47ème jour de mer. Distance
parcourue (sur le fond) depuis Linton : 4849 NM NM ( à 23h59). Distance du jour
(sur le fond) de minuit à minuit: : 153 NM.
Éloignement en direct de
Linton : 4135 NM (7658 km) et distance en direct de Camaret: 304 NM (563
km).
Bonjour
Vent régulier toute la
nuit. A 08h00 il était du 190°/18 à 20 kts permettant une vitesse moyenne de 7
kts fond, route fond au 82°.
Aujourd’hui, malgré un
total de 12 minutes de connexion Iridium, je n'ai pas pu récupérer ma météo!!!!
Avec celle de la veille, voyantt que j'aurai un vent faible défavorable d'Est
mardi, j'ai stoppé ma remontée vers Camaret au 47°51'N et régler la route fond
au 92° pour maintenir cette latitude. Cela devrait me donner un angle au vent
plus favorable lorsqu'il va reprendre en force du SO mardi soir et
mercredi.
Vers 2 h00, un cargo sans
destination (waitng orders) m'apelle sur la VHF. La qualité du son de ma VHF
portable n'était pas terrible ( il était à 15 NM) mais j'ai finalement compris
qu'il voulait connaitre ma destination. J'en ai profité pour lui demander s'il
recevait bien mon signal AIS, il m'a répondu que c'était OK.
Le vent n'a commencé à
faiblir qu'en soirée et à minuit il était du 200°/16 kts, donnant une vitessse
de 6 kts au 0922° fond. Je renverrai la voile bâbord demain matin pour essayer
de maintenir une vitesse fond entre 5 et 6 kts.
Aujourd'hui j'ai entamé la
dernière noix de coco achetée aux San Blas. J'aurai assez de carottes,
betteraves et choux jusqu'à jeudi en les répartissant. Avec cette température
trop fraiche, les graines ont du mal à germer bien que je les ai mise sur le
plancher dans la coque tribord.
Bonus du jour :
Iinterview de Lucian Canfora sur
la
colonisation romaine des gaules et le système esclavagiste
romain
Pline l’ancien :
« La guerre des gaules fut un crime contre le
genre humain »
Rome n’a pas oublié César.
Devant le Colisée, cet été, des soldats impériaux débonnaires
en sandales et
baudrier crient son nom pour divertir les hordes de touristes barbares.
Face
au Panthéon, des supporteurs, qui fêtent la victoire – his-to-ri-que! – de l’AS
Roma
dans le championnat d’Italie, agitent des drapeaux sur lesquels on lit:
«Veni, vidi, vici!»…
Au pays de Berlusconi, le passé antique, fût-il
folklorique, a toujours valeur de symbole,
rappelant qu’il fut un temps –
fier, conquérant, glorieux – où l’Europe était romaine…
Glorieux »
L’historien Luciano Canfora, professeur à l’université de Bari, auteur de
La
Tolérance et la vertu (éd. Desjonquères) et d’une magistrale biographie de
César, César,
le dictateur démocrate (Flammarion), a revu cette période à la
lumière des chroniqueurs
de l’Antiquité. C’est pis que ce que l’on croyait:
la démocratie était un leurre, et la
conquête, un génocide… Et pourtant,
explique Canfora, c’est bien dans ce creuset que
naît une idée, celle d’une
Europe moderne, unifiée, qui va désormais nous hanter…
« La pax romana,
c’était la guerre ! »
Jules César, et la
romanisation, à l’origine de l’Europe moderne… C’est ce que vous
suggérez
dans la biographie extrêmement documentée que vous avez consacrée
au
dictateur. César dépeint en premier Européen, c’est quand même un
peu
provocateur, non?
L’historien allemand
Droysen avançait cette comparaison polémique: comme Alexandre
le Grand a créé
la civilisation hellénistique au IVe siècle avant l’ère chrétienne
en
réunissant la Grèce et l’Orient, Jules César aurait fondé la civilisation
européenne
occidentale en mêlant le monde du Sud et le monde celtique. Ce
qu’Alexandre a fait
pour l’Orient, César l’a fait pour l’Occident, qui est
donc né de la conquête romaine…
Mais il y a une différence de taille:
l’entreprise de César fut sanglante, elle a étranglé la
civilisation
précédente par un véritable génocide, et a été menée afin non pas de
propager
la culture latine, mais bien pour satisfaire sa carrière personnelle.
Le dessein des Romains
n’était donc pas de créer une Europe unifiée sous
leur
contrôle? La conquête était pourtant bien amorcée depuis
les guerres puniques.
Attention! Nous avons
toujours tendance à regarder le déroulement de l’Histoire comme
inévitable,
comme s’il n’y avait eu qu’une seule voie possible, celle que nous
connaissons.
Si l’on fait de l’ «Histoire hypothétique» et que l’on imagine
par exemple qu’Hannibal ait
gagné contre Scipion, on aurait eu un empire
hellénique en Italie méridionale et en
Afrique… Non, il n’était pas inscrit
dans le destin de l’Europe du Midi qu’elle devait
devenir romaine. Rappelons
qu’ «Europe» est un mot grec: Hérodote en parle d’ailleurs
comme d’un
ensemble très limité. Pour les Romains, il y a l’Italie et ses provinces,
c’est
tout. L’Europe romaine est une idée d’historien, une forme de
rhétorique posthume. Et
ce n’était pas non plus l’ambition première de César.
Pour lui, la conquête était un moyen
d’obtenir des légions, car cela lui
donnait un pouvoir réel à Rome. C’était donc d’abord un
outil de politique
intérieure, et en même temps un moyen d’enrichir ses soldats,
d’obtenir de
l’or et des esclaves…
Destin ou non,
intention ou pas, il n’empêche que cette Europe romaine va se
faire,
et notamment par la guerre des Gaules, qui est, selon
vous, une étape historique
majeure parce qu’elle engage la
romanisation de l’Occident.
Oui. De manière
définitive, elle coupe en deux le monde celto-germanique, transformant
les
Celtes en civilisation marginale du monde latin. Jules César adopte une
politique de
division, il dresse les peuples les uns contre les autres. Il
s’ensuit huit ans de guerre
continuelle, impérialiste. Dans le récit qu’il
trace des guerres en Britannie, Tacite analyse
cet impérialisme romain d’une
manière très convaincante. Salluste également, dans les
fragments de ses
Histoires, son oeuvre principale, qui a été malheureusement en grande
partie
perdue… L’élément militaire fut fondamental: les Romains disposaient
de
techniques de guerre évoluées, ce qui – c’est toujours le cas dans
l’Histoire – permet de
devenir non seulement le vainqueur, mais aussi le
civilisateur. Ensuite, la postérité en
vient à justifier la violence du
conquérant.
A ce propos, vous
employez le terme de «livre noir de la guerre des Gaules»,
et
vous parlez d’un génocide de plus de 1,2 million de
victimes, ce qui est vertigineux
pour des guerres au corps à
corps… On est loin de l’hagiographie écrite par César
lui-même
dans sa Guerre des Gaules.
Oui. Pline l’Ancien,
qui avance ce chiffre dans son Histoire naturelle, ajoute: «Je ne peux
pas
placer parmi les titres de gloire un si grave outrage fait au genre humain.»
Plutarque
parle de 1 million de victimes et 1 million de prisonniers. On
pense qu’un tiers de la
population gauloise aurait été éliminé physiquement,
ce qui permet d’oser le mot
«génocide». Appien annonce 400 000 morts au cours
de la seule campagne contre les
Usipètes et les Tenctères, en 55 avant
Jésus-Christ. A Xanten, entre la Meuse et le Rhin,
César feignit de trouver
un accord avec les chefs germains, les fit prisonniers et envoya
ses légions
massacrer hommes, femmes et enfants. La population fut entièrement
éliminée.
Cette monstruosité souleva les protestations de Caton à Rome – non
par
humanité, mais par calcul politique – et pourtant le Sénat loua César.
Celui-ci décrit
d’ailleurs ses carnages, tel celui des Belges, avec des mots
simples: «C’est ainsi que, sans
courir de danger, nos soldats en massacrèrent
autant que la durée du jour le leur
permit.» Voilà comment la Gaule et le
monde celtique furent immergés, par la violence
et le génocide, dans l’océan
de la «civilisation romaine».
Comment
explique-t-on cette incroyable barbarie
Le modèle de cette
conquête, c’est la guerre contre les esclaves, expérience centrale
dans
l’histoire de la République romaine. Quand les esclaves s’étaient révoltés, on
les
avait éliminés physiquement de manière totale. Ce fut le cas en Sicile, à
partir de – 135,
où fut conduit un massacre complet, et lors de la célèbre
révolte de Spartacus, entre – 73
et – 71, qui s’est conclue par l’étalage, le
long de la via Appia, de milliers d’esclaves
crucifiés. Tel était le modèle:
l’élimination complète de l’adversaire. Elle était justifiée par
un racisme
de base: les esclaves n’étaient pas considérés comme des hommes. Les
autres
peuples ne le furent pas non plus. Il était exclu que les Barbares puissent
avoir un
sens de l’honneur et de la loyauté, comme il sera exclu, pour les
conquistadors
espagnols, que les Indiens d’Amérique puissent avoir une âme.
Il était donc normal de
les exterminer, d’autant plus que cela contribuait à
la richesse romaine.
De quelle
manière?
J’en ai la conviction, ce
sont ces gigantesques pillages, cette exploitation totale des
richesses des
pays conquis, ces tonnes d’or acheminées à Rome, ces millions de
personnes
mises en esclavage, qui ont permis à l’Empire romain de durer si
longtemps
sur un si vaste territoire. L’économie romaine était fondée sur
l’exploitation sauvage qui
consistait à massacrer ses adversaires ou à les
asservir, et à les dépouiller entièrement
de leurs richesses.
Vous qualifiez César
de «dictateur démocrate». On comprend pour dictateur.
Mais
démocrate?
Le mot n’avait pas alors le
même sens qu’aujourd’hui. Que signifie la démocratie dans la
cité antique?
«Démocratie» est un mot grec. Pour les Romains, c’est un terme
négatif.
Lorsqu’ils évoquent Athènes, ils y voient un excès de liberté. Les
vrais «citoyens
romains», ce sont en fait des aristocrates, une couche
parasitaire qui exploite la masse
immense des non-citoyens. César exerce son
pouvoir personnel comme un monarque, à
travers l’armée et non pas par
l’élection des magistrats. Son modèle, c’est celui,
monarchique,
charismatique, des grands souverains orientaux, qui deviennent des
dieux, et
cela séduit davantage ses soldats que la vieille République avec ses
élections.
Une fois l’Europe
conquise, le modèle s’impose. On dit parfois que certains peuples,
comme les
Gaulois, aspiraient à la civilisation romaine.
C’est comme si Hitler avait
gagné la guerre et que l’on dise que l’Europe avait souhaité
être germanisée!
Cette idée n’est que propagande, reprise par les auteurs grecs qui
essayaient
de plaire aux Romains! Il n’y a aucune source celtique sur cette époque…
Ce
fut Simone Weil qui, à la fin des années 1930, dans Hitler et la politique
extérieure
romaine, a rappelé combien les auteurs grecs s’étaient montrés
serviles à l’égard de
Rome en racontant cette période.
La romanisation fut donc
bien une occupation brutale.
Oui. Partout, on commence
par la répression. On extermine les populations, puis, quand
la résistance
s’affaiblit, on s’allie les élites et on leur distribue le plus grand des
privilèges,
la citoyenneté romaine. Gagner les classes dirigeantes locales,
c’est le grand secret de la
domination romaine. Tacite raconte comment
l’empereur Claude plaidera plus tard
devant le Sénat l’opportunité
d’accueillir en son sein les notables de Gaule: «Les Grecs
n’ont pas su
accorder la citoyenneté, sauf à quelques rois minuscules. Cela a
condamné
Athènes à la décadence.» La citoyenneté est donc utilisée comme un
instrument
d’unification impériale. César, lui, n’a pas l’idée d’une Europe.
Mais d’une Italie
souveraine et de ses provinces…
Jamais dans l’Histoire,
à l’exception peut-être de la tentative nazie, on ne verra
pourtant une
Europe aussi homogénéisée, sur un territoire aussi immense, comme
le montre
la carte…
C’est une vision illusoire:
cette Europe-là fut en réalité éphémère. A l’est, l’empire des
Parthes était
un danger permanent; et on combattait sans interruption sur le Rhin et
le
Danube. Même chose dans l’Angleterre méridionale, même chose en Espagne…
La
conquête de César était superficielle: elle s’est implantée lentement,
d’abord par les
grands axes de communication, les agglomérations urbaines.
Mais les campagnes
n’étaient pas contrôlées. Et elles ont résisté pendant
deux siècles, jusqu’à l’époque des
Antonins. Pendant tout ce temps, l’Europe
occidentale fut en révolte. La lecture de Tacite
le montre bien: la guerre
était partout. Le seul point fort de l’Empire romain, c’était
l’Orient et
l’Afrique du Nord.
Quid de la fameuse pax
romana, cette vision d’un territoire romanisé enfin serein
et
harmonieux?
La pax romana, c’était la
guerre! Du récit que Tite-Live avait consacré aux campagnes
d’Auguste il
n’est resté, hélas, que le sommaire. Mais celui-ci montre très clairement
que
l’on a combattu presque chaque année! La période «pacifique» de l’Empire
est une
illusion d’optique dont nous sommes redevables, une fois encore, aux
Grecs, qui ont
loué le bonheur, la prospérité, la paix et autres bienfaits
que Rome aurait offerts au
genre humain. En réalité, les guerres furent
incessantes. Au point que, pendant toute
cette période, la population de
l’Ancien Monde n’augmenta pas.
Il était donc logique,
en somme, que l’Empire s’effondrât…
Cela s’est produit à partir
du IIIe siècle après Jésus-Christ, quand les Romains ne furent
plus en mesure
de conquérir de nouveaux esclaves et de nouvelles richesses. Alors,
la
décadence a commencé. Le grand historien anglais Arnold Toynbee
prophétisait: «La
manière dont s’est terminé l’Empire romain est un prélude à
notre histoire future.» Mais
ce n’est qu’une prophétie, bien sûr… Ce qui
unissait les sociétés anciennes, c’était la
réalité de l’esclavage. Et ce que
nous a légué le passé, nous le devons surtout aux
esclaves, qui sont toujours
cachés quelque part derrière le tableau.
«Quelle Europe
aurions-nous sans César?» vous demandez-vous dans votre
biographie, sans
donner de réponse.
Qui peut le dire? Les
Celtes et les populations germaniques auraient peut-être entamé
une
destruction réciproque. Ou une entente, ce qui s’est, au fond, produit par la
suite…
Que reste-t-il de
l’Europe de César maintenant?
Les axes de communication,
l’architecture des villes, l’organisation internationale du
commerce,
l’administration en provinces… Et le droit romain, qui s’est construit au fil
du
temps… Mais le droit germanique a subsisté aussi jusqu’à aujourd’hui, ce
qui prouve que
le modèle romain ne s’imposait pas obligatoirement.
Vous n’hésitez pas à
chercher des comparaisons entre le césarisme et le fascisme.
En histoire,
l’analogie n’est plus un tabou?
Comprendre comment l’Europe
est devenue fasciste à un certain moment exige une
compréhension historique
profonde. L’analogie est évidemment dangereuse, elle peut
être trompeuse.
Mais elle est inévitable, car elle est une manière de lire notre passé.
On
sait que le fascisme est un produit italien, qui a commencé ici au début
du XXe siècle, et
que Mussolini sollicitait volontiers l’image de César,
d’Auguste et de Napoléon.
L’imaginaire fonctionne aussi comme facteur
d’Histoire, on ne peut le nier. Bien sûr, Jules
César ne peut pas être sorti
de son contexte. C’est un pur produit de son époque,
intelligent, curieux,
cultivé, bien plus intéressant qu’Auguste. Et il n’avait pas
conscience
d’avoir créé un modèle. Mais le césarisme vit encore aujourd’hui:
la tentation
bonapartiste, le rapport charismatique entre les masses et le
chef, la dictature militaire,
tout cela se niche encore à l’intérieur des
institutions. Et même dans les démocraties
occidentales…
source :
https://www.lexpress.fr/informations/luciano-canfora-la-pax-romana-c-etait-laguerre_
643047.html
Pour faire reconnaître
le génocide gaulois, c’est ici :
Notre nation et son peuple souffre d’un
traumatisme toujours pas reconnu : le génocide
des Gaulois, le premier crime
contre l’humanité de l’histoire est toujours ignoré par la
république. Si
l’on veut qu’une blessure guérisse, il ne faut pas l’ignorer mais la soigner
!
La république reconnait plusieurs génocides mais pas celui des Gaulois,
pourquoi cette
différence de traitement ? Je vous encourage
à signer la pétition pour la reconnaissance
du génocide Gaulois :
Signer
la pétition :
https://www.change.org/p/pagans-esprit-viking-com-reconnaissancedu-
g%C3%A9nocide-gaulois-comme-crime-contre-l-humanit%C3%A9
Vie
et mort d’un empire
753 av. J.-C.: naissance de Rome.
De 335
à 270: les Romains partent à la conquête de la péninsule italienne.
De
264 à 146: guerres puniques, contre les Carthaginois. Scipion conquiert
l’Espagne, puis le
littoral africain.
146: en Orient, Rome fait de
la Macédoine et de la Grèce ses provinces.
121: la Gaule méridionale
devient à son tour provincia romana.
59: César est élu consul.
De
58 à 51: guerre des Gaules. César va jusqu’en Grande-Bretagne. L’immense empire
aura 14
provinces.
44: César est assassiné au Sénat.
43:
l’Empire est partagé entre Lépide, Antoine et Octave.
27: Octave prend
le titre d’Auguste. La République est morte.
IIe et IIIe siècles apr. J.-C.:
la pax romana, une paix relative selon Canfora.
395: l’Empire,
assailli par les Barbares, est partagé entre Occident et Orient.
476:
les Barbares s’emparent de Rome. C’est la fin de l’Empire romain
d’Occident.