En route pour Niue

Canopus 3 on the Blue Water Rally
Jean Michel Coulon
Sun 8 Jun 2008 08:42
Mercredi 4 juin 15h10
(MP)
Nous voici partis à 13h40 de Rarotonga sans réel
regrets. La mer est d'huile, il fait presque beau, et,comme d'habitude, on est
contents de reprendre la mer.
Vers 17h, il y avait u peu de vent arrière, on a
montré les voiles jumelles, en s'y reprenant à 2 fois! On avait oublié de
ramener la drisse, un petit coup de rouille probablement. Il a fallu
ramener les tangons, descendre le gênois à la main (on l'enroule et le déroule
électriquement mais on le descend à la main, hé oui!), et le ballooner
vient avec, puis remonter le gênois à la manivelle, quelle hauteur à monter! On
perd l'habitude sur ce bateau de faire des travaux de force! Et enfin rétablir
les tangons et haler le ballooner avec la drisse cette fois-ci en boucle. Ouf!
Le temps de dîner, le vent était retombé à rien du
tout. Les deux voiles sont enroulées ensemble en attendant un vent plus
ardent et le moteur tourne depuis... Les prévisions météo sont plutôt
bonnes, le vent devrait forcir après minuit, toujours d'est et il suffira alors
de dérouler les deux voiles, cette fois en appuyant sur le bouton.
On est sept bateaux à être partis de Rarotonga
aujourd'hui. Et c'est tellement inhabituel la nuit pendant son quart d'avoir
autant de lumières autour de soi! Le Pacifique Sud, c'est comme les Champs
Elysées un soir de 14 juillet! C'est d'autant plus agréable que ce
soir est une nuit sans lune...
Jeudi 5 juin 14h00 (MP)
Ca y est, enfin les bons vents: du sud est, à 20 noeuds, largue, nous filons à 8 noeuds! des pluies intermittentes, du roulis - il va falloir que je mette la planche antiroulis de ma couchette. Parfait pour les crêpes, la poêle saute dans la coursive, attention les pieds! Il y en a pour deux jours. Nous arrivons si cette allure se maintient à Beveridge (que les yachties anglophones écrivent "Beverage") samedi au petit matin. On s'arrêtera si les conditions le permettent, d'autres bateaux du Rallye ont le même but. Pas un arbre pas de terre, quelques restes d'épaves, mais une passe passable et un lagon praticable et plein de snorkeling "sauvage". JM a trouvé quelque chose sur Wikipedia avec un beau croquis de l'atoll qui ne ressemble pas vraiment à la photo satellite qui l'accompagne (Hum! Prudence!)... et la marine néozélandaise qui a délogé le Beveridge Yachting Club qui s'était installé dans une épave!!! Certains vont directement à Tonga sans même s'arrêter à
Niue.
21h30 Le vent est toujours aussi vif à 22-24 noeuds, la houle a gonflé, le vent lui arrache des embruns. Elle est assez régulière , vient par l'arrière tribord et nous fait rouler de temps en temps avec de fotres gîtes. Au moment de préparer le diner, je me suis dit que ce serait trop solliciter mon estomac que cuire un plat et essayer de le manger. J'ai encore en tête l'affreuse saucisse de William Saurin de la dernière traversée... Donc j'ai préparé un porridge et JM s'est contenté de la même chose, le pauvre! Lui qui se réjouissait des côtelettes d'agneau de NZ promises! C'était parfait, juste ce qu'il me fallait. Une petite heure de sommeil de 7 à 8 et me voici dans mon premier quart de la nuit - ce qui n'est pas mathématiquement juste puisqu'avec nos quarts de 4 heures c'est d'un tiers de la nuit qu'il s'agit... Le bateau remue fortement, remuant tout ce qui peut bouger dans les placards et ailleurs. L'écoute du ballooner, qui est plaqué contre le gênois son jumeau, se tend fréquemment et vient claquer le tangon qui est un manchon d'aluminium creux et du coup résonne comme une cloche. Il fait très frais. Pas trop de lignes, cela fatigue.. Le blog que j'avais commencé au petit matin attendra encore! Vendredi 6 juin 14h00 (MP)
Le vent a été fort toute la nuit et il a plu et il faisait froid (le fond
de l'air est chaud en fait, c'est l'humidité qui donne cette sensation de froid)
et la pluie rentrait dans l'habitacle, poussée par le vent arrière; finalement
je me suis serré dans mon coupe-vent, capuchon lacé et j'ai fermé la porte. Du
vrai bon temps pour voileux calé dans son ciré! Installé sur le siège du pilote,
les mains en appui, j'ai regardé la pluie, les vagues et le vide dans un noir
quasi-complet (le soleil se lève tard en ce moment), en attendant la relève.
Peut-être même que j'ai fermé les yeux... Au radar, on a perdu les bateaux qui
étaient encore autour de nous: trop petits points, trop de
vagues...
Finalement, personne ne s'arrêtera à Beveridge à cause de la météo: trop de vent, trop peu d'indications et ... pas de soleil! En route donc pour Niue où nous devrions arriver dimanche 8 au matin.
Ce sont des bureaucrates parait-il là-bas, qui ne travaillent évidemment
pas le dimanche, et il est dit qu'ils ne veulent voir personne mettre pied
à terre tant que les formalités d'entrée ne sont pas faites. Au fait, Rarotonga
ne nous a jamais fait sa fumigation ni saisi nos fruits et légumes. Bon on
restera sur le bateau et on dormira (si le mouillage ne bouge pas trop).
Les vent devraient faiblir bientôt et en même temps ils vont passer au Nord
puis carrément à l'Ouest. Encore du moteur en perspective, et vent debout de
surcroit! Enfin tant qu'il ne fait pas comme l'autre jour...
Je me sens mieux ce matin et nous avons mangé avec appétit les côtelettes d'agneau de Nouvelle Zélande que j'avais renoncé à cuire hier soir. Nous étions en voiles jumelles depuis cette nuit, enroulées 3 à 4 tours à cause du vent, c'est beaucoup plus confortable, on roule beaucoup moins. Mais quand ce matin, JM a voulu dérouler un peu plus, le ballooner est tombé, comme ça. La pièce en résine qui le retient en haut du mât et qui sert pour le décrochage était cassée. C'est la 3e que JM casse,ça fait beaucoup!, d'autant qu'elles ne sont pas données par Amel! Nous voici donc revenus aux 3 voiles, non 2 en fait, gênois et artimon, en grand largue tribord amures avec le vent qui a tourné au nord-est, et nettement moins confortables. Et il pleut encore, c'est déprimant.
23h50 Le mauvais temps continue... Personne dehors! Je suis au radar dans tous
les sens du terme. Je tombe de sommeil bien qu'ayant dormi tout au long de la
journée chaque fois que c'était possible. Au radar, on ne voit que de la
pluie, un énorme tache verdâtre, rien d'autre. Il y a pourtant quelques voiliers
dans le coin, mais zéro! De jour ce n'était pas mieux. Il faut dire que les
chances de voir sont très faibles car il faut se trouver sur une crête et
l'autre aussi et ça dans le même azimut... Grain sur grain, on n'a plus que la moitié du gênois que j'ai enroulé tout-à-l'heure, les pointes de vent dépassant les 25 noeuds et Canopus faisant une pointe de vitesse à 9,7 noeuds! |