Huahine 16° 45.8'S - 151° 02.1'W

Canopus 3 on the Blue Water Rally
Jean Michel Coulon
Sat 17 May 2008 07:51
 
Jeudi 16 mai, 21h04
 
Des réclamations répétées nous obligent à reprendre ce blogue alors que nous sommes surchargés de tâches variées qu'il n'est pas facile de différer. Et nous avons perdu avec Robby, qui vient de rentrer chez lui à Washington, notre principal contributeur au blog, et en langue anglaise de surcroit, pardon à nos amis anglo-saxons qui essaient de nous lire maintenant, car nous aurons du mal à écrire dans les deux langues, moi en tout cas, certaines subtilités m'échappant complètement ! Et nous n'avons pas perdu seulement notre écrivain mais aussi notre guide touristique et gastronomique. Comment! déjà deux jours à Huahine et encore pas une seule halte dans le seul restaurant de l'île vanté par tous les guides, m^me pour un Matai !
Pour en revenir à nos difficultés immédiates, comment par exemple ne pas plonger après chaque mouillage pour:
  1. inspecter l'ancre: est-elle bien positionnée? ne risque-t-elle pas de s'enrouler autour d'une patate de corail? quel est le bon cercle de sécurité pour que l'alarme ne sonne pas plus de deux fois chaque nuit?
  2. pour cela il est indispensable de patrouiller le secteur, patate après patate, avec masque et tuba, un appareil photo étanche si possible, tout en admirant bien sûr au passage les variétés de coraux présentes dans les récifs avoisinants et quelles espèces de poissons fréquentent les lieux, ce qui nous amène à une autre tâche indispensable et non différable:
  3. pêcher! pour assurer l'approvisionnement bien sûr, pas pour le plaisir... Là, il faut le reconnaitre, nous sommes un peu à la traîne si l'on peut dire, car nous en sommes à la théorie: si ça mord, faut-il s'arrêter? et si on est arrêté ou ancré ça ne mord plus! Le matériel est là, nous avons les bons fils, la bonne longueur, de la réserve d'émerillons, d'hameçons, d'appâts et de plombs, il nous faut encore le monter, puis expérimenter...
  4. et, après de telles journées de labeur, il faut préparer le cocktail du soir, celui qui précède le repas, à préparer lui aussi d'ailleurs en passant...
  5. Et puis il faut également ménager des temps de repos car il faut bien récupérer les décalages horaires encore assez proches et les quarts de nuit. Il faut qu'ils soient proportionnels aux responsabilités assumées à bord et aussi nombreux que les réveils intempestifs au mouillage comme le Faucon maltais qui s'annonce par AIS de l'autre côté de l'île à 2h30 du matin...
Alors nous reprocher d'être en retard dans l'alimentation du blogue, quand même, c'est dur à entendre ou à lire!
 
Nous avons quitté la marina Taina précipitamment mercredi soir, non pas à la cloche de bois mais pour prendre le chemin d'Huahine car la météo annonçait qu'exceptionnellement les vents d'est allaient souffler de l'ouest dans les 24h ce qui nous les aurait mis en plein dans le nez, si nous étions partis comme prévu le vendredi... Courses chez Carrefour, formalités de police et de douane - et là JM a fait très fort puisqu'il a réglé en même temps l'entrée et la sortie! et le plein des réservoirs au tarif détaxé. On a quand même pris le temps d'écouter un jeune Canadien de Toronto candidat équipier, le temps de s'assurer qu'il était non-fumeur et non-végétarien (le précédent candidat, végétarien et désargenté, , britannique de surcroit, s'était désisté pour suivre l'appel d'un lama le ramenant à son pays natal), tout en lui donnant rendez-vous à Bora Bora pour nous donner le temps de méditer notre réponse...
 
La baie de Faie, sur la côte est de Huahine, est une petite baie d'aspect très "local", avec quelques maisons et la route côtière qui passe, entourée de parois verdoyantes et d'un dôme abrupt, accessible par une passe étroite sans amers d'alignement, juste les bouées verte et rouge, que nous avons franchie avec frissons et succès.
Un escogriffe, plutôt grand d'ailleurs, avec un accent américain impeccable, nous a accostés rapidement pour nous suggérer des mouillages autres que celui indiqué par nos guides et vers lequel nous nous dirigions. Sa ferme perlière, et sa poterie, est installée juste là; c'est un haut lieu touristique de la côte est de Huahine, fréquenté par les promenades en bateau du tour de l'île, deuxième attraction du coin après les anguilles nourries au maquereau en boite dans la petite rivière qui se jette au fond de la baie de Faie.
Elles sont spectaculaires, ces anguilles ! Nous les avons vues ! Après avoir, il faut le dire, failli les manquer, si une petite fille nous voyant notre boite de maquereaux à la main remonter le courant, ne nous les avait pas montrées, cachées dans l'ombre, enfoncées sous la maçonnerie du quai, leurs têtes noires groupées en plusieurs bouquets comme l'hydre à sept têtes de la légende.
 
 
Elles s'avancent, roulent leurs beaux yeux bleus presque langoureusement et happent les bouts de maquereaux. Certaines s'approchent même à toucher l'objectif. Toute déployée, la plus grande mesurait bien 1,50 m... Ce qui était amusant c'est de voir les enfants et adolescents du quartier se regrouper et se jucher sur le parapet du petit pont pour regarder le spectacle des touristes nourrissant et photographiant les anguilles! Apparemment, ils étaient encore ou déjà en vacances, les rythmes scolaires sont toujours aussi étranges.
A l'autre bout de la baie, attirés par ce qu'un guide nomme le "jardin de corail", nous atteignons en dingy, après plusieurs méandres (repérés en observant les bateaux locaux) pour éviter les nombreux hauts fonds parsemant la baie, une fausse passe ouvrant sur le récif, encadrée par d'un côté un motu et de l'autre l'extrémité d'une langue de terre sur laquelle étaient bâtis les farés sur pilotis et sur terre de l'hôtel Sofitel, en état de décrépitude, abandonnés depuis plusieurs années. Beaux fonds de sable blanc, grondement du surf tout proche, beau dôme montagneux surplombant le site. Ca devait être superbe, bien que très isolé, et c'est triste à voir aujourd'hui. Curieusement, le jardin de corail est tout aussi dévasté, abandonné, quelques coraux colorés par ci, quelques poissons par là...
Le chenal que nous comptions emprunter pour remonter le bras de lagon contournant le dôme jusqu'aux trappes à poissons (bâties en corail voici déjà quelques siècles) près du site de Maeva riche en marae et autres vestiges archéologiques, se révélant difficile d'accès avec des passages délicats, même en dingy, pour ceux qui ne connaissent pas, nous abandonnons ce projet et levons l'ancre pour passer de l'autre côté de l'île.
 
Nous voici assez rapidement en vue de la passe Avopehi, avec les deux amers bien alignés, que JM franchit en vrai pro des lagons qu'il est devenu. Nous poussons plein sud jusque dans la baie Haapu, en surveillant les balises, admirant la côte, ses beaux hôtels (le Tiare en bord de mer), ses nombreuses baies, ses plages de sable blanc, sa végétation tantôt sauvage, avec des verts presque noirs, tantôt exubérante et colorée.
Nous rebroussons chemin ensuite car s'il est possible d'aller encore plus au sud, c'est beaucoup plus délicat et difficile, et la raison donc l'emporte sur la possibilité mirifique d'un repas pantagruelique de langoustes et fruits de mer tous frais dans la baie d'Avea.
Au retour, nous essayons quelques mouillages avec plongée pour inspecter l'ancre etc. cf plus haut, nous apercevons le Faucon maltais qui quitte majestueusement la baie de Port Bourayne et nous précipitos pour prendre sa place. Après quelques essais trop près du platier, nous optons pour une longue chaine (72 m) et un large rayon d'alarme pour dormir tout à notre aise.
Bonsoir!