Suva (suite)

Canopus 3 on the Blue Water Rally
Jean Michel Coulon
Tue 24 Jun 2008 10:18

(MP)
Mardi 254 juin 21h00
Le parcours des formalités a été particulièrement éprouvant, conformément aux prédictions faites et en dépit de nos efforts d'avoir un profil bas !
A 14h00, ne voyant toujours personne venir ni nous proposer un rendez-vous, Jean-Michel a rappelé une nouvelle fois le Port Control qui nous a dit avoir signalé notre présence aux Customs et que nous pouvions nous rendre là-bas à leurs bureaux pour effectuer les démarches. Aussitôt dit, aussitôt embarqués dans le dinguy, nous voici partis sous une pluie battante - Suva est dans un pot de chambre et prend toutes les pluies qui passent. Arrivés à l'endroit indiqué, nous nous sommes amarrés à un gros pneu de protection, lequel nous a servi de marchepied pour grimper sur le quai. On traverse l'entrepôt sous douane, arrivons dans des bureaux anonymes, demandons les customs: porte fermée, signes d'impuissance d'une personne du service "Container": il faut revenir ! JM insiste, n'y a-t-il pas d'autres démarches à faire en attendant ? Au 2e étage, nous sommes reçus aimablement par la Quarantine qui fait remplir un formulaire en trois exemplaires - hop c'est fait ! nos quelques légumes et fruits à bord ne seront pas saisis et brûlés. Puis nous passons à l'Immigration: trois formulaires dont un en trois exemplaires - et hop, nous avons notre autorisation de débarquer.
Entretemps, le douanier est revenu, un yachtie est là et repart la tête basse avec des papiers à remplir et faire signer par un autre douanier à l'autre bout de la ville. C'est à nous, il n'est pas content que nous ayons débarqué - et manifestement pas que les autres papiers nous aient été fournis sans difficultés par les autres services.
"Big problem", "heavy penalty" pour avoir mis le pied à terre sans avoir eu la visite à bord du Health Dpt, c'est une infraction visée par l'annexe 44 du code des douanes (ou quelque chose comme cela), nous aurions venir avec le bateau pour l'amarrer au quai et non avec le dinguy, un autre yacht récemment n'avait pas attendu et s'était installé au Royal Yacht Club, ça lui a coûté 1.250 $ fidjiens (600 € environ) ! Cela n'arrêtait pas. JM lui explique que nous sommes venus directement aux bureaux sur l'indication du Port Control, qu'on a fait ce qu'on nous avait dit de faire, rien de plus, "Big problem"! répondait-il tout en téléphonant à droite à gauche pour vérifier nos dires et en référer à ses supérieurs. Pendant ce temps-là, nous remplissions 4 ou 5 formulaires en trois exemplaires avec papier carbone (oui cela existe encore), de la liste des équipements présents à bord du bateau, des pièces détachées, la marque du dinguy au  nom et à l'adresse du "next of kin" (proche parent); le gars du Health est arrivé et sans faire d'histoires ni proposer de visite du bateau, a tamponné le formulaire déclarant que nous n'avions eu aucun décés à bord ni de maladie contagieuse (en fait on applique à un yacht de plaisance toutes les formalités que doivent remplir des navires de commerce...) en acceptant qu'on ne revienne que le lendemain pour payer la taxe due. A la demande du douanier, Jean-Michel a fait une déclaration écrite décrivant ce que nous avions fait et que c'est sur l'indication du Port Control que nous avions abordé. Il a re-téléphoné de nouveau, puis en rappelant que c'était un big problem, a tamponné les formulaires, puis nous a expliqués que pour aller à Musket Cove, ce n'était pas sa juridiction et qu'il fallait faire un check-in dans un autre port, sans oublier de faire auparavant notre check-out chez lui...
Puis il a réclamé à JM sa "Clearance" de Tonga, patatras! JM ne l'avait pas, juste un reçu des Douanes de Neiafu des 9,20 $ tongans encaissés à la sortie. "Ce n'est pas un document suffisant, j'ai besoin d'une clearance en bonne et due forme, it's a big problem". Un couple de Français derrière nous dans la queue était plié en deux... tout en confirmant que c'était infernal, que les 3 ports autorisés à traiter les formalités avaient en fait chacun leur zone, que si l'on voulait visiter des iles en passant, il fallait en plus se faire délivrer un permis de croisière,  à montrer à chaque chef de village avant de se poser sur une plage ou de piquer un plongeon, en s'en tenant strictement aux arrêts indiqués, et qu'on passait son temps à faire des check-ins et des check-outs etc. Enfin, tout en répétant que c'était un big problem, il a repris sa feuille tamponnée et nous a dit de revenir demain matin à la première heure et que nous ferions mieux de chercher la clearance sur le bateau que de visiter la ville...
On est sorti de là la tête basse, tous les deux très penauds et furieux contre cette engeance bureaucratique jouant jusqu'à l'abus du pouvoir de son coup de tampon. Et on est parti en ville se payer un milk check ou quelque chose d'approchant, tirer de l'argent, faire quelques courses, dîner chinois bof! en passant.
Une fois de retour sur le bateau, Jean-Michel a enfin pu parler à Colette et il a retrouvé la clearance de Tonga. Du coup le moral est remonté en flèche et on s'est bu un whisky pamplemousse à la santé de nos nexts of kin respectifs, puis dodo. Demain sera un autre jour: on finit le check-in et on fait la clearance out de Suva...