Rarotonga, Cook Islands

Canopus 3 on the Blue Water Rally
Jean Michel Coulon
Sun 8 Jun 2008 10:13
Le blog a pris du retard, nous nous en excusons. Voici de quoi remplir les trous et renouer le fil du périple.
 
Vendredi 30 mai 2008 4h57
(MP)
On a essuyé hier le pire temps que Jean-Michel ait connu sur Canopus III.
Les vents ont tourné au nord comme annoncé dans la soirée de mercredi. C'était déjà une bonne brise à près de 20 noeuds. Après minuit, ils forcissaient encore à 25-30 noeuds et la voilure a été réduite au minimum en prenant 3 ris.
Des rafales à 40, des masses de pluie accompagnaient une houle de face qui avait grossi et secouait le bateau. Tous les objets qui pouvaient glisser ou tomber ont effectivement glissé et sont tombés. Mais, gros avantage des bateaux Amel, aucun placard ne s'est ouvert et n'a laissé dégorger son contenu ! Et tout cela dans le noir presque complet, rompu entre deux nuages par un éclat de lune.
Le pilote atomatique avait du mal à garder le cap au point même de décrocher au petit matin et le bateau s'est retrouvé dans la direction inverse! Il a fallu enlever ce qui restait de la toile, mettre le moteur, Jean-Michel a pris la barre fermement et Canopus a repris la bonne direction. Il reste une trace rouge de cet écart de conduite sur l'écran du plotter.
Le vent s'est maintenu à 18-20 noeuds toute la journée d'hier, avec une ou deux courtes répliques de la nuit et passages pluvieux. Avec cela dans le nez, nous n'étions pas près d'arriver à Roratonga... et c'est très inconfortable. La houle est secouante, de temps en temps c'est toute la coque avant qui retombe dans l'eau avec un grand claquement et force éclaboussures. Tous les objets continuent à brinqueballer dans leurs placards et l'équipier de repos à faire de la lévitation discontinue sur sa couchette.
A cette heure-ci, le vent a enfin nettement baissé, ce n'est plus qu'une "jolie brise", nous allons plus vite et arrivons à Rarotonga en début d'après-midi. Et c'est toujours inconfortable, mais nettement moins qu'hier !
 
Rarotonga 30 mai - 4 juin 
(MP)
L'arrivée au port d'Avariu n'est pas très engageante: une épave récente est échouée sur le récif juste à l'entrée de la passe, les amers à aligner sont de simples poteaux de bois qui se distinguent difficilement des bâtiments dans lesquels ils se fondent, le quai de béton laisse voir ses entrailles de fer rouillées, un chalutier plein de rouille amarré sur le côté penche dangereusemet sur son bâbord. Mais on est content d'arriver après cette mauvaise traversée, Denzil et Camille sont sur le quai et attrapent nos amarres. Enfin au calme!
 
Les Iles Cook sont indépendantes, sur le plan interne, sous la supervision d'un Haut Commissaire de Nouvelle Zélande, l'ex-puissance coloniale. Tout ici a un parfum britannique comme le chalet de l'Office portuaire, aux couleurs pimpantes qui tranche singulièrement sur le paysage désolé du port. Evidemment, ici on conduit à gauche. Et le Queen's Birthday est ici aussi, à l'autre bout du monde, un jour de congé et manque de chance c'est justement ce lundi. Tout sera fermé presqu'autant que le dimanche.
 
Samedi 31 mai
Pendant que JM faisait la vidange et entretien du moteur qui a bien tourné pendant cette très mauvaise traversée (unanimité de tous ceux qui sont passés dedans) j'ai pris la voiture que nous avons louée (2 fois et demi moins chère qu'aux Marquises) et je suis allé sur la côte ouest jusqu'au Rarotonga Beach resort and Spa où je me suis baigné dans le "lagon" qui est en fait un platier couvert de sable de corail qui s'étend sous 50 cm à 1m d'eau avec des patates de corail jusqu'au récif qui est à moins de 100 m. Pas de coraux extraordinaires mais pas mal de poissons dont encore quelques nouveautés: mon 1er poulpe, un tétrodon moucheté...
Nous sortons ce soir avec un groupe du BWR qui a réservé pour diner avec danses polynésiennes au Edgewater sur la côte ouest - dont mon guide dit que c'est le + grand resort de l'ile plein de béton dès le parking... Animateur aux plaisanteries attendues, sono tonitruante, buffet quelconque, danses correctes...bof!
Dimanche 1er juin
Je suis allé au culte protestant, à celui qui avait lieu dans la vieille église, car on ne manque pas de choix d'églises ici, ni de cultes.
 
Une église de pierre massive, au clocher enfoncé dans le toit, peinte en blanc, entouré de son cimetière, de ses tombes aussi peintes en blanc, certaines même poussant de l'autre côté de la route. Ici les cimetières sont plutôt désordonnés, pas clos. Les gens installent même leurs tombes à coté de la maison familiale, elles sont en général doubles, certaines couvertes d'un toit de tôle ou de ciment, d'autres pas. C'est une coutume polynésienne car nous l'avions déjà observée à Moorea et Huahine notamment, coutume que les missionnaires n'ont pas réussi à éradiquer...

Des gens sont assis sous le porche et bavardent avec les arrivants;
 les femmes sont généralement vêtues de robes blanches avec broderies ou dentelles, avec des chapeaux de paille tressée généralement ornés qui d'une couronne de fleurs blanches ou colorées, qui de coquillages enchâssés dans la paille ou tout simplement de fines fleurs de paille tressée; leurs beaux cheveux noirs sont souvent relevés en chignon ou s'étalent dans leur dos. Les hommes sont en veste et pantalon blanc pour la plupart.
L'assemblée est d'âge moyen à mûr, quelques enfants, pas tant que ça, j'ai vu peu de jeunes fillles ou jeunes femmes pas plus que d'hommes d'âge correspondant. On entre, beaucoup de gens sont déjà installés et ça chante.
Ca chante tout le temps, le temps du culte bien sûr, les cantiques en maori et aussi en anglais (pour les touristes peut-être) et quand nous sommes
sortis après une heure et demi de culte et d'un long sermon en maori qui faisait rire de temps en temps l'assistance, ça chantait toujours, et quand
je faisais après le tour du cimetière, ça chantait encore; peut-être les mêmes qui étaient déjà là quand nous étions arrivés, peut-être d'autres, car tout ce
monde va et vient, même pendant le culte... Et vers 15 h quand nous sommes passés par là JM et moi après notre premier tour de l'ile, ça continuait à chanter. Le
s les femmes s'étaient changées, toujours endimanchées, mais certaines étaient encore en blanc, et les hommes toujours en veste et pantalon, mais noirs ou gris! Ces chants polyphoniques, chantés a capella, sont très prenants et m'ont rappelé les chants entendus dans les églises basques.
Quand je suis rentré au bateau après le culte, Jean-Michel, manuel en main, s'était plongé dans la réparation des toilettes de la cabine avant. Le matin en effet la pompe avait refusé d'évacuer en couinant faiblement. J'avais nettoyé avec la tige de fer prévue à cet effet avant de partir, et réussi à extirper quelques fibres de tissus et cheveux. Le moteur s'est révélé grillé et heureusement JM avait découvert qu'il en avait un dans ses pièces détachées.  Et il y avait effectivement sur l'hélice de la pompe faisant office de broyeur un énorme noeud de fibres diverses durcies au calcaire... trop d'invités inexpérimentés probablement. Il a ajouté cette zone-là à la déjà longue liste des entretiens réguliers à faire, et, dans la foulée, a vérifié le sien aussi qui en avait besoin même si il y avait moins de résidus accrochés qu'à l'avant. Beau travail! en bateau, il n'y a pas de dimanche!
Tout était désert pendant notre tour de l'ile alors que nous étions à la recherche d'un restaurant ou d'un café ouvert. Nous avons fini en allant
dans le Rarotonga Beach resort, où je m'étais baigné la veille. La moitié de la clientèle y était en partance pour rentrer en Australie et Nouvelle
Zélande, la nouvelle fournée devant les remplacer encore dans l'avion qui allait les ramener, l'autre moitié entassée dans le restaurant et les salons,
buvant sec et parlant fort, car la plage était peu accueillante, sous la pluie et avec un petit vent d'est la prenant de travers... Peu de monde sur
les routes, les bars fermés, à part ceux des hôtels, le temps gris et maussade, la pluie, les maisons cabossées, la côte sud pas si engageante malgré les vantardises des déplants publicitaires, le triste état du monument inauguré par le prince Andrew en 1992 à la gloire des canoés océaniques et canoés de guerre partis de Cook, d'Hawai, de Tahiti et autres iles polynésiennes pour participer au 6e Festival du Pacifique, nous ont rendus neurasthéniques et on était content d'être rentrés au bateau!
On sent pourtant qu'il y a une vie autonome dans cette ile, avec une population d'allure bonhomme, restée traditionnelle, serrée autour de ses églises. On voit de loin en loin des vestiges, ruines ou habitations anciennes au parfum désuet de southern post. mais il y a aussi tout ce décor de loisirs plaqué pour séduiire des masses de touristes d'Australie, de Nouvelle Zélande, de Canadiens et d'Américains, tous anglophones bien sûr et buvant sec.
Et à 18h nous sommes allés à la séance du cinéma du dimanche et y avons vu "Indiana Jones et le royaume de ???", le dernier sorti, et entre les deux séances, tous les yachties du Bluewater ont du le voir.
 
Lundi, c'est Queen's Birthday, il pleut, tout est fermé.
Mardi, le ciel est gris, on fait quelques courses. Diner avec Odile et Bernard, de Miss Styx, avec un peu de Bluewater bashing.