Compagnons de route

Planète Rouge II
Daniel CANTINEAU
Wed 27 Jun 2012 16:55
Ce matin, au changement de quart, je trouve Martine en train de photographier l'eau le long du bateau, surement des dauphins qui caracolent autour de l'étrave comme d'habitude une ou deux fois par jour. Spectacle toujours agréable, il se dégage souvent des visites impromptues de ces mammifères réputés intelligents et sensibles une relation éphémère mais amicale envers le bateau et ses occupants avec une grande curiosité dénuée de crainte, l'homme n'est pas un prédateur pour le dauphin (sauf accident) et il est tellement rapide et habile à virevolter en croisant l'étrave qu'il ne craint rien.
Eh bien non, ce n'était pas des dauphins mais une colonie de bonites au ventre argenté qui faisaient la course avec le bateau, toutes massées du côté ombragé par rapport au soleil naissant et qui nageaient à une vitesse saisissante, dépassant le bateau, s'éloignant et revenant, nageant à moins d'un mêtre sous l'eau sans effort apparent. Je les observe un moment, puis je regarde la ligne de traine à 80 m derrière le bateau qui n'attire aucun poisson. Je prends alors la ligne à la main et je vais vers l'avant du bateau pour placer le rappala dans le troupeau, je n'ai pas le temps d'y arriver, clac, une prise, on ramène une belle bonite d'environ 3 kg un peu plus grosse que celle prise la veille au soir au coucher du soleil, hop la tête dans le seau et je renvoie le rappala à l'eau pour m'occuper de ma prise. Pas le temps, clac, une autre prise, même gabarit, même efforts désepérés pour recouvrer sa liberté et sa vie. Une fois la tête dans le seau, je range le leurre, je ne vais quand même pas vider la mer, nous ne prendrons que ce que nous mangerons. Nous voila, Martine et moi avec deux bons gros poissons bien viandus à vider, lever des filets, découper des darnes et mettre au congélateur nos trois à quatre futurs repas. Le carnage, ça saigne, ça glisse, on en met partout sur la plage arrière. Une bonne heure pour tout mettre en sac congél et encore une demi-heure pour laver le pont le cockpit et tout ce qui a été éclaboussé de sang autour, le bateau sent la vieille morue. Le poisson c'est bon mais ça se mérite. L'odeur de gasoil qui préexistait après nos ennuis de moteur de la première étape est bientôt remplacée par celle des chalutiers en retour de campagne. Bref on lave, on envoie des seaux et des seaux et les choses finissent par s'arranger. Ce midi, poisson au court-bouillon et riz nature.
Dès le matin le vent plein arrière avait montré un peu d'ardeur, bienvenu après une nuit au moteur, si bien qu'on a mis les voiles en ciseaux avec le génois tangonné mais au total il ne dépassera guère les 10-13 kt sauf une heure en sandwich entre deux grains venant perturber notre repas. Grand plaisir quand même d'avancer à 7 kt pour 10-11 kt de vent avec des pointes à 8 et 9 dans les risées. Re-calcul, même à cette allure si on la tient, Gibraltar est à 4 jours et demi et Malaga un jour de plus soit le 2 ou le 3 juillet.
A bientôt
Daniel
 
NB: Dear Doris und Erich, Would you be so kind to send us a message to let me catch again you mail address. I've lost for the third time my whole address book in three computers failure since I leave France in september. We think to you, hoping you cruise is or has been happy and safe and see you soon with our best friendly regards.