WE dans la baie de Fort de France, mouillage aux Trois ilets

Planète Rouge II
Daniel CANTINEAU
Sun 29 Apr 2012 14:35
14:31.50 N
61:01.50 W
 
Dimanche 22 avril 2012
 
La Martinique ne se résume pas au Marin, il y a beaucoup de superbes baies et de jolies criques à visiter. Nous avons donc fait une dernière sortie pour le plaisir des yeux et de la voile, direction la baie de Fort de France qui est immense et profonde mais pas très bien pavée avec des chenaux partout et des hauts fonds ailleurs.
Nous décidons de passer la nuit au mouillage dans l’anse des Trois ilets très protégée car il y a un peu de houle dans la rade et le vent est soutenu. Comme nous approchons du chenal d’accès, une voix teintée d’un fort accent créole nous dit dans la radio “pourquoi vous voulez passer à terre” ce qui veut dire que je vais m’engager du mauvais côté de la bouée verte qui est là justement pour montrer qu’il y a une tête de corail à éviter, je vire aussitôt car en même temps que la voix me parle sur le canal 16, je me rends compte de ma méprise. Je me retourne et je vois un bateau de pèche qui nous rattrape avec trois hommes hilares qui nous regardent. Coupable oubli, de l’autre côté de l’Atlantique le balisage est inversé par rapport au reste du monde (Ah ces américains) la-bas les bouées rouges se laissent à tribord et les vertes à bâbord, c’est comme si conduisant à gauche dans un pays anglophone, un instant de fatigue et d’inattention vous faisait reprendre la droite, danger. Mais je vire trop large et la voix continue “pas par là non plus” et conclut par un “suivez moi !” impératif. Ouf je retrouve 6 m d’eau au centre du chenal,à Il passe , je le suis quelques minutes mais le petit port ou il accoste m’est interdit pour cause de profondeur insuffisante. J’avance prudemment vers la zone de mouillage où sont déjà deux ou trois bateaux et je vois la sonde remonter jusqu’à 2 m 50 (je cale 2 m 35) j’ai la main sur la manette du moteur pour battre arrière si le fond remonte encore, mon coeur lui bat en avant et plutôt rapidement, je n’ai jamais eu si peu d’eau sous la quille, 15 cm de pied de pilote (la marge sous la quille) c’est peu, je suis un peu tendu, mais ça passe les chiffres de la sonde augmentent et pour finir je mouille dans 4 m d’eau. On va à terre avec l’annexe remercier les pécheurs qui opinent du chef sans commentaires, pour eux c’est un monde normal, les plaisanciers sont des plaisantins, Seuls les professionnels savent la mer. Cela dit cette petite crique est très belle, très calme et le village des Trois ilets est agréable avec une cote superbe bordée d'un golf dont les pelouses descendent jusqu'à l'eau, des gens souriants et polis qui vous disent bonjour dès qu’on les croise, c’est l’heure de la messe du Samedi soir et ils se rendent tranquillement à l’église dans leur costume du dimanche ce qui leur donne une élégance certaine, les hommes reculent le moment d'entrer en palabrant sur la place du village alors que les femmes sont déjà toutes entrées et assises sur les bancs et bavardent bruyamment en attendant l'office. Nous repartons alors que le clocher sonne comme pour presser les retardataires d'entrer. Le lendemain, après une nuit aussi paisible que l'endroit, nous levons l'ancre et reprenons le chenal pour sortir en laissant bien la verte du bon côté et paf on talonne dans le sable, un petit droite gauche pour que le bulbe fasse son trou,une marche arrière musclée et nous retrouvons notre flottaison, le chenal était vraiment étroit, pas plus de 20 mètres, nous avons du passer à 21 mètres, le chenal n'est balisé que d'un côté. Au total les difficultés de passage nous ont rendu cette crique encore plus sympathique, ce qui est difficile est toujours un peu intéressant mais nous avons surtout beaucoup aimé cet endroit paradisiaque.
Au retour on longe les côtes pour voir de près de Fort de France et ces baies qui portent des noms qu'on ne trouve qu'ici : l'anse Mitan, l'anse à l'âne, l'anse d'Arlet très rouleuse où nous nous arrêtons pour déjeuner et se faire balloter puis nous faisons route vers Sainte Anne à l'entrée du Marin pour y passer la nuit. Martine prend plaisir à barrer, ce sont ses derniers moments de barre et de voile dans les Antilles avant son retour.
Demain matin retour au Marin pour continuer les travaux.