Quelques jours à DAKAR

Planète Rouge II
Daniel CANTINEAU
Fri 4 Nov 2011 23:29
Nous partîmes 17 (bateaux) et nous fûmes 17 en arrivant au port. En réalité en arrivant au mouillage car il n'y a pas de véritable port de plaisance à Dakar, juste une petite darse qui n'accueille que quelques barques à moteur sans tirant d'eau conséquent, le reste est un port de commerce assez actif ma foi mais de peu de capacité car 10 navires de gros tonnage restent en rade en attendant leur tour. Il y a aussi une gare maritime flambante neuve, ici ce n'est pas un vain mot car au bout de 2-3 ans les batiments deviennent un peu lépreux et surtout pas entretenus à l'exception des hôtels et batiments officiels (et encore). La ville est malgré tout très active mais les pauvres sont très pauvres, les rue adjacentes servant parfois de dortoir à des gens sur des cartons, pour qui connait l'afrique, c'est typique, saleté odeurs poussière et foule permanente, sans compter les marchands ambulants qui vous emm... tous les 30m en vous suivant pendant des centaines de mètres voire toute l'après-midi pour glaner quelques sous, vous vendre des trucs dont on ne saurait que faire une fois rentrés ou vous emmener chez le cousin du frère de l'oncle qui a forcément l'affaire en or, ils vous tirent par la manche vous barrent le passage, s'y mettent à deux pour vous faire entrer ci ou là, vous donnent de fausses informations pour vous dérouter de votre destination et se fâchent désagréablement quand on les envoie paître. Bref la plaie du tourisme qui détournent les visiteurs des marchés et autres endroits typiques et intéressants.
Nous voici donc disais-je à Dakar dans un mouillage plutôt confortable, peu agité, dans une zone interdite car façe à la résidence du président (Abdoulaye Ouad) où nous sommes ancés par dérogation et sous surveillance d'une vedette de la marine Sénégalaise dont on ne sait si elle nous sécurise ou si elle nous surveille (sans doute un peu des deux).
Un petit retour en arrière pour parler de notre étape à la voile avec un vent sérieux (25-27kts) au départ de Dakhla que nous fûmes contents de quitter vu les conditions exécrables de mouillage avec vent et vagues, débarquements en annexes trempés souvent même avec combinaison et ciré, nuits agitées par un bateau qui roulait et tanguait en tous sens, sommeil impossible, chacun se disant que ce ne serait pas pire en mer et dès le samedi matin 29/10 tout le monde remonte son ancre et sort de la "petite mer" de Dakhla. Les gros bateaux rapides prévus pour partir l'après midi rompent la consigne et s'envolent dès le matin creusant rapidement les écarts en laissant les plus lents derrière qui au final arriveront deux jours derrière eux, fatigués par deux jours et deux nuits supplémentaires en mer alors qu'à la VHF on entend les premiers se congratuler et se proposer de se prendre une bonne douche à l'hôtel, de se retrouver au restau voire de passer la nuit à l'hôtel pour se reposer de leur "course épuisantes". Moyennement sympa pour ceux qui sont encore à l'effort et au manque de sommeil en mer avec parfois des ennuis sérieux.
Planète Rouge II se situant dans le milieu du tableau (à notre connaissance) n'avait qu'une demi-journée de retard sur les plus rapides car je décidais de réduire la toile d'un ris la nuit, de ne porter ni spi ni même génois tangonné car en cas de départ au lof sur une grosse lame (certaines levaient derrière nous un mur de 2m50 d'autant plus impressionnant qu'il fait nuit) on se serait retrouvé "en vrac" avec peut-être de la casse à la clé ou au moins des difficultés pour remettre de l'ordre sur le pont avant dans la vague et sauf exception je refuse d'envoyer un équipier sur le pont la nuit, tout doit être contrôlé depuis le cockpit. Cela ne rate pas dans la deuxième nuit , après une 2ème journée à surfer sur la houle avec Martine à la barre et des pointes à 13,7 kt (25km/h) que j'eus bien du mal à battre avec un 15,4 kts, lors d'un virement de bord, le génois se coince dans son écoute et forme un coquetier et nous voilà comme des poules avec leur coquetier impossible de dérouler ni d'enrouler, le tout dans des rafales à 30kt (55km/h) évidemment ; moteur, un 360° sur place, rien n'y fait, je reste queques instants à réfléchir à une solution, on déroule la grand'voile enroulée par précaution pour masquer le foc et me voilà sur l'avant à dérouler les noeuds et les tours rejoint par mon équipier et en 30 mn de bataille l'ordre revient dans la toile et les écoutes. Les autres jours, le vent se calme un peu vers 18-22kt puis mollit franchement. A une nuit de l'arrivée, message de difficultés pour un bateau ami un peu en arrière de nous. Alors que le vent tombe et que certains choisissent l'option moteur que nous avons longtemps différé, leur moteur ne leur donne plus de propulsion et l'arrivée à Dakar semble problématique. Nous faisons demi tour pour revenir 7 miles en arrière alors qu'ils sont rejoints par un autre bateau ami qui tente mais sans succès de prendre leur remorque, exercice périlleux à cause d'une grande houle. Nous leurs proposons de rester en appui à proximité mais ils déclinent et nous repartons pour arriver à Dakar au petit matin. Le diagnostic sera sans appel : perte de l'hélice (heureusement, comme moi, ils ont gardé leur ancienne hélice).
D'autres nouvelles de  Dakar dans un autre message car la nuit s'avance et il me faut dormir un peu pour capitaliser en vue des autres étapes, la prochaine est courte et devrait être couverte en une journée mais l'arrivé dans le delta du Saloum parsemé de bancs de sable est malaisée.
Amitiés à tous et bises aux autres,
Daniel
et Martine