Fausse sortie

Planète Rouge II
Daniel CANTINEAU
Sat 10 Dec 2011 14:49
03:06.080 N
026:33.642 W
 
Nous descendons toujours doucement les latitudes, maintenant 3°.
Dans le pot au noir il fait un léger vent chaud avec une pluie d’une demi heure toutes les heures, tout est trempé rien ne sèche, l’atmosphère est très humide et à l’intérieur il n’y a pas d’air, on est rapidement patraque, on ne peut rien ouvrir à cause de la pluie, quelques fuites au niveau des articulations des panneaux de pont, dehors la pluie à percé les capotes et le bimini qui fuient par les coutures, pas une place pour se réfugier au sec donc salopette et veste de quart qui finissent aussi par percer, que des nuages noirs autour, cela dure depuis jeudi 19 h, en plus la mer est très agitée et en tous sens sous les grains qui se succèdent, on peut les voir au radar comme des grosses taches jaunes indiquant qu’il y pleut beaucoup, impossible à éviter, ils vont plus vite que nous.
Ce matin (samedi 10) les nuages se déchirent, le soleil apparait timidement d’abord puis s’installe franchement, le pont, les bancs de cockpit, le linge, tout sèche en deux heures. Le vent ne tarde pas à renaitre à 14 kt, vite les voiles et voila qu’on taille du 6-6,5 kt, au loin l’horizon est clair, c’est le bonheur, mais...
Sur les fichiers grib on voyait que la ZIC semblait s’élargir Samedi midi, c’est pourquoi j’avais hâte d’en sortir. Réinspection du ciel, il persiste en effet quelques gentils nuages à barbules mais... ces nuages sont hachés obliquement exactement comme dans les livres et comme nous les avions reconnus à l’entrée de la ZIC, bref le bateau trace c’est l’essentiel.
Midi, la pasta est cuite nous dit Paola qui s’apprête à les verser dans la passoire, patatras, le voilier sous la rafale se couche, met la lisse dans l’eau, le vent rugit et le pilote auto couine pour annoncer qu’il ne peut pas gérer, grosse pluie brutale évidemment, je saute dehors avec Andrea, je déconnecte le pilote et reprends la main et le bateau part au lof, je stabilise et redresse l’engin, réduction à 3 ris d’un coup pour GV (grand voile) et GA (génois), Andrea fait une manoeuvre impeccable pendant que je maintiens au vent, en trois minutes la situation est normalisée, moteur et à la soupe. En bas Paola a évité de justesse l’ébouillantement ou le passage des pâtes par dessus la passoire ce qui eut été navrant vu la préparation fine qu’elle nous avait concoctée : lamelles de chorizos et chèvre râpé comme substitut du parmiggiano, délicieux, il ne restera rien dans la grande cocote.
Conclusion : un bon gros grain avec sa pluie et son vent violent venant de partout à la fois indique que la ZIC s’est étendue sous notre nez de plusieurs Nm et notre belle sortie est ratée. Nous en sommes quittes pour encore du moteur pendant 12 h ou plus.
A+