Après Salvador nous voici à Joao Pessoa

Planète Rouge II
Daniel CANTINEAU
Sun 22 Jan 2012 03:46
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Chère famille, chères amies, chers amis
 
J’ai donné peu de nouvelles de Salvador de Bahia ou nous sommes pourtant restés trois semaines bien remplies tant par la résolution de problèmes techniques que par les visites de la ville, la découverte de la vie locale à la Bahianaise, les excursions plus lointaines et explorations des environs en bateau.
Il a été bien difficile de trouver des professionnels pour nous venir en aide, pas ou peu de pièces détachées, d’accessoires de bateau, aucun circuit commercial fiable dans les temps impartis, les shipchandlers très peu achalandés, pas de cordages, pas de filtres pour le générateur, pas de durites de rechange, pas de prise de quai spécifique. La marina de Salvador est dans un état un peu déliquescent avec des sanitaires douteux, des pontons branlants, des bornes électriques insuffisantes pour alimenter tous les bateaux, on se les partage ainsi que les points d’eau sans pression ou sans eau de temps en temps comme les sanitaires la nuit. En revanche, si nous n’avons pas eu beaucoup d’eau, on a eu beaucoup de soleil et surtout de chaleur avec des 40° en milieu de journée (désolé pour vous qui êtes dans le froid de l’hiver de métropole) et pas mal de pluie sur la fin du séjour.
Pendant la période de Noël nous avons remonté le fleuve Paraguaçu jusqu’à ne plus avoir d’eau sous la quille et visité différents petit villages avec des églises à frontons comme on les voit dans les westerns tournés au Mexique et des gens massés le dimanche au bord de l’eau avec les voitures à sono hyper puissantes autour desquelles les gens dansent dans la rue.
Nous sommes ensuite allés en voiture voir des bourgs typiques de l’intérieur qui ont nom “Cachuera” ou “Maragogipe” villes traditionnelles anciennes, un peu coloniales, anciens centres de culture et traitement de la canne à sucre ou du tabac.
Puis nous avons passé avec un petit groupe trois jours dans une région éloignée de l’intérieur qui a des attraits nombreux tels que des grottes imposantes des lacs et des canyons surprenants, une jolie flore et faune spécifique et qui s’appelle la “Chapada diamantina” du nom des gisements diamantifères dans le lit et sur les berges des nombreuses rivières aujourd’hui interdites à l’exploitation depuis que la région est devenue parc naturel (et que les gisements se soient taris). Seule ombre au tableau l’hôtellerie ou plus exactement les maisons d’hôte qui y fleurissent ont un confort plus que sommaire bien que les petits déjeuners y soient copieux avec des breuvages bizarres et du beurre rance dont on nous affirme que c’est local, quelques bonnes choses à côté heureusement. Le soir nous sommes allés manger à plusieurs reprises dans des restaurants “au kilo” : pour une vingtaine de reais le kilo (1 real = 1/2 €) on se sert au buffet des plats locaux variés, parfumés, conseillés par des serveurs serviables et des serveuses obligeantes et souriantes, beaucoup de découvertes culinaires attirantes : salade cuite de cactus, feuilles de manioc toxiques au départ, cuites dans des eaux successives pendant trois jours pour les rendre digestes, potée de légumes de jacque (fruit du jacquier), viandes et petites saucisses dans des plats en sauce délicieux etc... Nous nous sommes aperçus qu’il était bien difficile de dépasser les 500 à 600 g de nourriture (poids de l’assiette non compris).
Une collègue brésilienne anesthésiste et une amie sont venues de Curitiba (sud Brésil) pour passer deux jours avec nous et malgré son aversion pour le bateau nous sommes allés naviguer dans la “Bahia de todos os sanctos” (la baie de tous les saints ou se trouve Salvador) et s’ancrer pour déjeuner et une ballade en zodiac devant l’ile du “Bom Jesus”.
Dans les derniers jours nous sommes descendus en bateau sur la côte sud et passé une nuit au mouillage à “Morro de Sao Paulo” haut lieu touristique très fréquenté avec une petite ville très coquette et une activité nautique débordante de bateaux à moteurs en tous sens.
Nous sommes bien vite rentrés à Salvador à la nuit tombée pour être au rendez-vous de l’énorme fête populaire religieuse du grand “lavagem” (lavage) où les femmes bahianaise partent de l’église la plus ancienne de Salvador devant la marina pour aller laver les marches de l’église de “BomFim” (+/- “la belle mort”) à 8 km de là. Une longue procession s’ébranle formée de trente ou quarante cortèges de sociétés religieuses chrétiennes en tête puis congrégations diverses puis des sociétés corporatistes et même des partis politiques (ici il y a encore des communistes en nombre mais ils dansent au son des tambours) et tout ce monde est assisté de nombreuses fanfares et groupes de percussions terriblement efficaces pour mettre une ambiance fantastique dans une foule immense (des dizaines de milliers de personnes au départ, et un bon million sur le parcours).
Nous avons aussi fait à deux reprises un excellent repas au restaurant de l’école de cuisine du Pelourinho, la vielle ville de Salvador, réputé internationalement semble-t-il, qui forme ses jeunes à la cuisine traditionnelle et dans un autre restaurant à la cuisine internationale. Tous ces plats très locaux sont soit délicieux soit très intéressants pour leur gout inconnu de nos palais et les desserts y sont très très bons et comme c’est en buffet à volonté...
Nous avons aussi fait le canal d’Itaparica, ile rendu célèbre par l’installation du premier Club Med d'Amérique du sud, avec ses plages superbes, parfois boueuses à marée basse. La petite marina au nord de l’ile dans laquelle nous avons passé une nuit à quai et une nuit au mouillage, a eu pour nous un intérêt majeur, celui de distribuer de l’eau minérale au ponton venue de la fontaine “Fonta da Bica” qui jouxte la marina et qui donne une eau excellente. Nous en avons aussitôt rempli nos soutes et nos bidons de réserve et avons pris beaucoup de plaisir à se doucher à l’eau minérale.
En route le 15 Janvier pour “Joao Pessoa”, grande ville après “Recife” et avant l’archipel “Fernando de Noronha” réserve naturelle marine très protégée. Nous avons fait 550 nautiques en 4 jours. La navigation au près dans peu de vent et beaucoup de grains, croisant la route de cargos et au travers des dizaines et dizaines barquettes de pèche ancrées la nuit au bord de la plaque continentale qui passe de 50 m de fond à 2000 m en une dizaine de milles, ne nous laissera pas un souvenir impérissable, on s’est trainé à 3-4 kts avec moins de 10 kts de vent donc pas mal de moteur et d’autre part quelques sérieux coups de vent sous les grains qui se sont multipliés sur la fin du parcours avec une arrivée sous une pluie battante, vive les tropiques. Pour mouiller ici à Jacaré à 5 km de Joao Pessoa, il faut entrer dans un bras de fleuve peu profond (4 à 8 m) et le remonter jusqu’à trouver une petite marina sans prétention mais très sympa et accueillante, sanitaires impeccables, tenue par deux français voileux et également convoyeurs patentés. Mouillage tranquille mais beaucoup de courant de marée. Nous allons faire quelques balades notamment à Olinda, ville coloniale hollandaise, alors que Salvador était Portugaise, puis dans l’intérieur ou les paysages vallonnés et verts sont à voir.
 
A bientôt, amitiés et bise à tous,
Daniel