Mindelo – Isla Sao Vicente – Cabo Verde

Mercredi 30 novembre 2011

L'histoire commence au Salon Nautique il y a quelques années, je découvre le stand du  Rallye des Iles du soleil. Je rêve d'Amazonie. L'année suivante nous nous retrouvons au Salon avec Bruno et Marie-Hélène avec qui nous avons fait quelques voyages sur Planète Rouge. Les cartes nautiques   sont alors déployées dans leur appartement  Marie-Hélène et Daniel s'y plongent fébrilement, Bruno et moi les regardons amusés, nous sommes plus avion que bateau, Marie quittera l'Armée de l'Air en juin 2010 et le grand voyage est prévu pour 2011. Elle part en convoyage avec Daniel en mai 2010. Fatiguée mais volontaire elle profite de son temps au quai pour astiquer les inox :jamais une minute sans rien faire. Fin juin elle nous annonce qu'elle ne sera peut-être pas là pour le rallye. Incompréhension mais tristesse quand nous connaissons la cause. On vient de découvrir un cancer digestif. Nous sommes anéantis comme le projet.. Lors d'un dîner une amie nous présente Martine et Bernard fanatique de voile. Il s'enthousiasme pour le voyage, connaît des équipiers. Nous organisons donc des week end de préparation où Martine décline l'invitation, elle n'est pas « voileuse ». Entre temps je rencontre  Jean avec lequel je suis allée à la fac, il a un rêve  pour la retraite: acheter un nouveau bateau pour faire le tour de la Méditerranée, je lui propose de commencer ensemble par le RIDS. Ce sera Dakar-Cap Vert.

Doris et Erich furent nos voisins à Puerto Addaya à Minorque, nous avons sympathisé et gardé le contact. Dans nos échanges nous leur parlons du projet : ils rêvent aussi d'Amazonie. Ils seront donc du voyage mais l'Amazonie est compromise. L'envie de naviguer sur Planète Rouge est forte et ce sera Malaga Madère seul possible avec leurs contraintes professionnelles. Nous projetons de nous revoir en méditerranée en 2012, c'est sûr et pourquoi pas sur PR2.

Septembre 2011 est arrivé. Daniel, Bernard et une équipière sont partis des Marines de Cogolin Quelle joie d'embarquer et de rejoindre Doris et Erich à Malaga même si le départ de Clermont a été  « bousculé » (Merci Cécile  qui m'a aidée à faire mon sac et m'a déposée in extremis à l'aéroport).

La navigation et le détroit de Gibraltar sont comme prévus cahotiques mais la compétence,  la solidité, le sourire de nos amis allemands sont précieux.

A Madère nous visitons le jardin botanique, Doris est pharmacien et férue de botanique : nous nous  amusons à nommer les plantes en latin, en anglais et dans nos langues. Devant des arachides le mot anglais m'échappe: je dis « prosit » Doris me sourit et dit « peanuts » et nous rions ensemble de notre communion de pensée.

Avec les 2 autres équipiers à l'inverse nous allons de désillusions en  désillusions sur le plan nautique et humain. Ils finissent par débarquer au Cap Vert après maintes péripéties qui pourraient prêter à sourire sur le comportement humain et les faux-semblants  mais qui sont dangereuses sur un bateau en faisant courir des risques au reste de l'équipage. Le rêve vire parfois au cauchemar, expérience malheureuse mais expérience.

Avec Jean embarqué à Dakar nous connaissons la navigation plaisir (même dans les moments difficiles comme l'écopage de nuit). Nous dormons peu et allongeons nos quarts pour partager nos derniers moments de féerie nocturne avant son retour en France. L'arrivée sportive et mouillée sur Mindelo nous ravit (elle fera  peur aux autres). Quel paysage s'offre à nous entre  deux virements de bord ! Le soir Jean offre le Champagne pour fêter la fin de son séjour à bord et nous recevons un message de Bruno : Marie-Hélène nous a quittés ce matin. Nous partageons ce moment avec Jan et Ria de Kismet. Le lendemain Jan s'aperçoit que l'antenne VHF pend en haut du mat, Patrick de Klec aide à hisser Daniel en haut du mat, en « toute simplicité ». Réussite de la réparation. Ensuite Daniel se penche sur le téléphone Iridium qui ne fonctionne plus et là encore réussite. Les amis du RIDS nous ont aidés dans ce moment difficile mais peut être aussi Marie nous protège; Non Marie ne nous a pas quittés elle sera toujours avec nous et dans les moments difficiles nous penserons à elle qui avait si bien préparé ce grand voyage, notre voyage et pas le sien en solitaire. Ce matin entourée de sa famille et de ses amis elle a rejoint son village natal. Elle restera notre équipière discrète, persévérante, vaillante dans les 59 noeuds de notre croisière à l'île d'Elbe.

Vendredi Evelyne la future équipière arrive, bienvenue sur Planète Rouge !

Je suis venue au rallye pour découvrir des régions et des populations à chaque étape.

Et si ma terra incognita  n'était pas l'Amazone et ses habitants mais Planète Rouge et ses équipiers  et tous ceux qui partagent et partageront cette aventure? Bienvenue à bord !

Martine