Nuit au mouillage à Maio

Planète Rouge II
Daniel CANTINEAU
Sun 20 Nov 2011 22:57
15:08.224N
23:13.237W
 
Dimanche 20 Novembre, 23:00
 
Juste un petit mot pour vous donner notre position, arrêt à Maio pour souffler après 48h de mer dure et vent fort (19-23kt) houle et estomacs de travers, pas mangé, peu bu, les cp anti-émétiques ne restent pas, brefs fatigués et contents de stopper pour la nuit. retrouvé sur le mouillage Catalina (catamaran) qui a des ennuis 1 moteur HS sur les 2 et quitte le mouillage dans l'après-midi pour Praia et nous apprend que l'étape de Maio a été supprimée faute de pouvoir y faire les formalités d'entrée. Tant pis nous resterons à bord sans descendre à terre, il nous faut une bonne nuit avant de repartir.
La nuit précédente avec une houle d'enfer de 3m ou plus par moments, le bateau (16 tonnes !) est dans une main géante qui le promène en tout sens, nous sommes tous sanglés, quelques vagues traitresses passent par dessus la capote, tout est poisseux de sel dehors comme dedans, à 2h Martine m'appelle pour me faire écouter l'eau qui remplit les fonds et arrive au niveau des planchers, alerte générale, recherche de voie d'eau, tous les passe coque sont contôlés, rien, on branche les 3 pompes d'assèchement, rien, une seule répond et disjonte au bout de 15 secondes, les deux autres sont HS, la pompe à main extérieure ne répond pas, on sort les seaux et l'écope comme au bon vieux temps, on retire les planchers, 200 l d'eau se baladent (comme nous) dans les fonds au gré des mouvements du bateau, écopage pendant trois heures, c'est dantesque, tout est mouillé par terre, on est terriblement chahutés, on traverse le bateau en glissant avec les seaux en main brutalement arrétés par un coin de table ou une barre de protection, Martine croit avoir une côte cassée, je me fais un hématome de cuisse meu-meu, Martine en découvrira deux autres le lendemain mais la côte n'est pas fracturée.
On retrouve à tatons la crépine de pompe dans le puits collecteur bouchée par des brisures et sciures et poudre de polyester générées par la construction du bateau et laissés dans les fonds (merci Dufour pour les nettoyages après sciage et perçage), la pompe remarche, elle se rebouche 50 fois mais on finit par éliminer la poussière et assécher l'eau, ouf. Il nous faut du repos, on ralentit l'allure (8-9kt) en prenant 3 ris dans la GV et 3 dans le génois pour finir à 4-5kt et arriver de jour ici au petit matin.
Ce soir un petit chalutier s'approche directement sur nous, nous passe au ras, les hommes se disputent à l'intérieur semble-t-il, et va s'ancrer en plein sur notre ligne d'ancre. Je crains le pire pour mon ancre mais rapidement leur bateau s'aligne à 30m de nous, nous ne sommes pas trop rassurés, ils sont huit à bord, des marins solides et nous 5 petits blancs pâles, une barque s'en écarte et vient vers nous pour nous demander par signes de charger leur téléphone portable, c'est on ne peut plus louche sur un bateau comme le leur fortement éclairé pour la pèche sur l'arrière il y a forcément une grosse génératrice sur le moteur. On leur répond en Espagol qu'on n'a que du 12V, pieux mensonge mais je ne veux pas les laisser monter à bord, ils s'en vont mais se ravisent en demandant des cigarette, Jean sort deux cigares de sa boite et les leur tend au passage puis la barque s'en va à terre. Pendant deux heures le chalutier reste proche de nous, inquiets de leurs intentions et du croisement des ancres. Il faut dire que l'étape de Maio a été aussi annulée pour des raisons de sécurité des biens et des personnes aux dire des autorités ce qui renforçait notre inquiétude. A la nuit tombée, sans doute après avoir vendu leur poisson à terre les deux hommes à terre sifflent la barque qui les remonte à bord et un quart d'heure après il lèvent l'ancre (la leur, sans la mienne) et lèvent également toutes nos appréhensions. Manger, un peu, dormir, beaucoup. Départ demain 8h pour Mindelo sans l'arrêt prévu à Tarrafal (Sao Nicolao) qui est donné comme le plus joli mouillage, mais c'est le même problème qu'ici pas de débarquement à terre, des rochers et hauds fonds partout, arrivée délicate donc et détour de plusieurs miles. Donc 24h pour Mindelo ou il nous faut arriver de jour pour pétrole et attribution de ponton.
Bonne nuit à tous, la mienne a déjà une heure de moins. Au fait ça fait deux heures que le groupe électrogène et le dessalinisateur fonctionnent sans panne, ils s'améliorent, je leur avait dit que c'était leur dernière chance avant les coups de pied, ils ont du comprendre le message. Oh je ne vous ai pas dit que l'eau des fonds venait du générateur qui aspirait et pissait l'eau de mer par deux durites et colliers mal repositionnés par le mécanicien "spécialiste" des groupes Fisher Panda. J'ai tout rebranché et resserré, ça marche, Jean et Bernard ont plongé cet après midi sous le bateau, retiré une corde de l'hélice (qui nous vient sans doute du Saloum) et nettoyé tous les orifices de passe-coque sous l'eau, bravo, c'est un franc succès.
A+
Daniel