11 août 2013. Toujours à Toau, b aie d'Amyot.

Yapa around the world
Benmoussa Hicham
Sun 11 Aug 2013 18:16


On reste et on restera dans les prochains jours dans cette petite baie bien abritée du Mara’amu. Il s’est levé depuis notre arrivée ici, il y a 5 jours, et s’est renforcé à plus de 20 nœuds. On subit le vent qui rafraichit grandement l’atmosphère mais pas la houle. Par contre, dans les lagons des atolls, qui sont parfois très grands, la houle peut se lever, rendant les mouillages très inconfortables, voire dangereux.

Bref, on est bien dans notre petite baie, bien fermée, et on n’a pas envie d’en bouger, pour l’instant. En effet, le Mara’amu va encore souffler très fort pendant les 4 Prochains jours.

On est bien embêtés pour notre batterie qu’on n’a toujours pas récupérée. Le bonitier n’est pas venu nous la rendre. On ne sait pas où il est basé exactement à Fakarava qui est quand même le deuxième plus grand atoll des Tuamotu (30 x 10 milles). On fait notre enquête mais on n’est pas très optimiste.

On explore les alentours autant que le vent nous le permet. On n’a pas trouvé de vraies plages de sable fin pour Marwan, seulement des grèves de débris de coraux et des roches récifales. Les plages de sable fin sont rares dans les Tuamotu. On les trouve plutôt à l’intérieur des lagons. Nous avons fait une promenade jusqu’à la barrière récifale extérieure ou platier récifal. Pour y parvenir, on marche sur des débris de coraux et des blocs de roche récifale tranchante. Le pauvre Marwan qui est tombé sur les récifs s’est écorché un peu partout.

On trouve, en chemin, des petits trésors, épines d’oursin crayon violettes, porcelaines, petits coquillages bien souvent habités par des Bernard Lhermitte, ….

La végétation n’est pas très diversifiée. Je n’ai repéré qu’une dizaine d’espèces d’arbres et arbustes différents dont malheureusement je ne connais pas les noms. Il y a bien sûr de nombreux cocotiers qui poussent facilement sur ces sols arides et dont la noix de coco est utilisée pour de multiples usages: coprah pour faire de l’huile de coco, coco râpée pour faire du lait de coco, noix verte pour en boire l’eau, …. Toutes les parties de cet arbre, feuille, tronc, racines, ont une utilisation dans l’alimentation, la pharmacopée, la construction ou l’ornement. Les cocotiers ont été amenés par les polynésiens au cours de leurs longues pérégrinations dans les îles du Pacifique. Au XIXème siècle, ils ont plantés de grandes cocoteraies dans les îles pour en faire l’exploitation du coprah transformant les paysages de ces motus arides. J’ai également pu repérer des pandanus dont les feuilles ont de multiples usages: paniers, chapeaux, confection de toits des farés, cordelettes.

Nous atteignons le platier récifal après avoir traversé une plage étroite de sable blanc. C’est une dalle de coraux de plusieurs dizaines de mètres de largeur parcourue par des petits chenaux qui se découvrent à marée basse. On voit parfois au sein des coraux, à fleur d’eau, des bénitiers au manteau diversement coloré dans les tons de bleu et de vert. Des petits poissons colorés piégés par la marée basse nous passent entre les jambes. Au-delà du platier récifal, les pentes sous-marines descendent rapidement vers les grandes profondeurs.

Le monde sous-marin est exceptionnel. Hicham a plongé et pêché en apnée avec nos amis de Marmajua au-delà du platier récifal. Il a vu de nombreux gros poissons et des requins bien sûr, pointes noires, requins gris. Quant à moi, j’avoue être un peu trouillarde. Je suis allée me promener hier matin au milieu des coraux près du lagon, à 2-3 mètres de profondeur. L’eau est ici très claire. J’y ai vu de beaux coraux et une multitude de poissons très colorés: chirurgiens noirs, maninis ou chirurgiens bagnards, poisson Picasso, mérous, poissons-anges, … Par contre, pas de requins ni de très gros poissons. Ouf!!!

Nous sommes, depuis 2 jours, seuls au mouillage. Marmajua est parti sur Tahiti et les rares bateaux de charters également. Nous avons sympathisé avec la famille qui vit sur l’île. La plupart viennent ici pendant les vacances. Un peu moins d’une dizaine vivent à l’année sur Toau, tous plus ou moins apparentés. Parmi les résidents, il y a Valentine et son mari Gaston, qui ont une cinquantaine d’années. Ils ont des activités très diversifiées: tourisme avec une petite pension, un restaurant, gestion des bouées, coprah culture, pêche. Ils avaient également auparavant une ferme perlière. Bref, les principales activités que l’on peut retrouver dans les Tuamotu. Les enfants, eux, sont partis sur Tahiti car les vacances sont bientôt finies. Ils sont partis sur le Cobia, un caboteur, qui transporte personnes et marchandises dans les atolls environnants jusqu’à Tahiti. C’est chaque fois un évènement quand il vient dans la baie. La vie des atolls est rythmée par la venue des caboteurs qui désenclavent les atolls comme la vie des îles était rythmée par l’arrivée de l’Aranui dans les Marquises. C’était impressionnant de voir ce gros bateau entrer de nuit dans cette petite baie. Pour l’occasion, Gaston sort de son parc à poissons une cinquantaine de poisson-perroquets destinés au marché de Papeete.

On prend ainsi nos petites habitudes et attendons que le vent baisse pour partir sur Tahiti.