Du 25 novembre 2012 au 11 février 2012, Nunudup..

Yapa around the world
Benmoussa Hicham
Sat 23 Feb 2013 14:25

Nous vivons dans le monde de Marwan. Et Marwan a son premier grand copain, José! José a 3 ans et vit avec sa famille sur l’île de Nunudup. Alors pendant presque trois mois, nous n’avons quasiment pas bougé. Il faut dire aussi, qu’à travers les enfants, cela nous a permis de lier des liens amicaux avec la famille kuna, ce qui est rare. Finalement, on s’est décidé à partir le jour où eux-mêmes ont dû rentrer sur Soledad Mandinga dans l’Archipel des Robensons.

Il a fallu du temps pour qu’ils entrent en contact mais maintenant, ils ne se quittent plus. C’est petit ours (Joseph) et petit tigre (Marwan), 2 grands amis, pour les parents qui connaissent les histoires de Janosch. Le jour de leur départ, on a fait une petite cérémonie kuna pour que leur amitié persiste malgré leur séparation: ils ont échangé un œuf et une banane plantain que chacun devait manger de son côté. Ils ont fait tous les 2 d’énormes progrès en’natation‘. Ils nagent sous l’eau avec masque de plongée sans aucun problème. Par contre, ils n’arrivent pas encore à sortir la tête de l’eau pour respirer tout en nageant. Ils font des roulades avant et arrière dans l’eau. Marwan plonge du bateau avec ses flotteurs et n’a aucune appréhension. Il a aussi appris quelques mots de kuna avec Joseph, tous en rapport avec la mer (eau, crabe, poissons, dauphins, sable…di, suca, wa,wagi,), le ciel (la lune, les étoiles…ni, nisqwa) la vie sur l’île (coco, oiseaux, pierre, cabanes, chiens, …okop, sikwi, akwa, nega, atchou) et quelques mots de politesse et de salut (bonjour, aurevoir, à demain…teguite,tegui malo, bani malo, …). Il impressione et fait beaucoup rire les kunas avec son vocabulaire. Marwan et Joseph partagent également de nombreux jeux imaginatifs, souvent en rapport avec la plongée. Quand ils ne sont pas dans l’eau, ils nagent dans le sable avec palmes, masque et tuba!!!

Sur l’île qui est toute petite, il n’y a qu’une seule famille. Nitzeiria, la maman de José et de Kelvin âgé de 10 mois, a fait des études à Panama et parle espagnol. C’est avec elle que nous avons pu communiquer et faire des progrès en espagnol. Elle nous a appris beaucoup de choses sur le mode de vie kuna et quelques spécialités locales comme le pain coco, le massi (plat traditionnel avec du poisson, de la banane verte dans du lait de coco), du chocolat au maïs, …. Elle nous a également cousu 2 beaux molas sur mesure pour nos hublots du carré. Son mari s‘appelle Igua. Il y a également Lydia qui s’occupe des enfants. Ici, les enfants en bas âge ne sont jamais seuls, ils sont toujours dans les bras de quelqu’un, ou dans le hamac avec une autre personne. Ils dorment avec leur maman dans le hamac quand ils sont bébé, puis avec un autre membre de la famille quand il y a des petits frères ou des petites sœurs. Inutile de dire qu’ils sont allaités très longtemps, jusqu’à ce que les enfants d’eux-mêmes ne veulent plus de la tétée.

Enfin, il y a le grand-père, le père d’Igua, Jeronimo. Agé de plus de 80 ans, il est dès l’aube sur son ulu (petite pirogue) et part en mer pêcher. Il remonte sans problèmes le courant avec sa petite rame et revient avec pleins de poissons. C’est un bon vivant qui a souvent la cigarette au bec et qui est de toutes les chichas (fête traditionnelle kuna où l‘on boit beaucoup d‘alcool). Il adore également les gâteaux. Ici, les gens vivent très longtemps. Il n’y a quasiment pas de nuisances, ils mènent une vie sans stress, en harmonie avec la nature. Ils se lèvent à l’aube et se couchent avec le soleil, car il n’y a pas d’électricité sur les îles. Les hommes pêchent, entretiennent les îles, s’occupent des cocoteraies ou cultivent les fincas dans les terres pour ceux qui vivent près de la ‘Terre Mère’. Les femmes s’occupent de l’intendance, des enfants et cousent des molas. C’est elles aussi qui gèrent les biens familiaux. La chef de famille, c’est la grand-mère. Nous sommes dans une société matriarchale où c’est l’homme qui va s’installer chez sa belle-famille.

Nous ne regrettons pas ce temps passé sans avoir beaucoup bougé. Je pense qu’on avait aussi besoin de se poser quelque part et de ‘cultiver notre jardin’ familial. On a acquis une certaine routine et une harmonie qu’on a eu du mal à rompre.

Mais il est temps de lever l’ancre (la chaine de mouillage est envahie par les algues).