J 35; 10:05.14S 138:13.31W

Yapa around the world
Benmoussa Hicham
Tue 28 May 2013 19:06
 
28 Mai 2013
 
19H00 GMT
 
Vent:ESE force 1 Cap: 300°  Vit.: 1,1 noeud Allure: GRAND LARGUE sous GV seul
 

TERRE!!!

Ce matin après avoir dormi comme un loir,
je sors dans le cockpit avec ma tasse de chocolat
et là sur bâbord je vois la terre!
Je distingue l’île de Fatu Hiva à 35 milles à l’ouest.
C’est encore une ombre derrière un nuage
mais je sais qu’elle est là.
J’ai le cœur qui bat la chamade car c’est comme si elle se matérialisait devant mes yeux.
Avant, elle n’était qu’un contour abstrait sur une carte marine et puis elle apparaît à l‘horizon.
Maintenant je sais que je suis bientôt arrivé.
 
La mer c’est comme le désert.
Tout comme il suffit de passer deux trois dunes pour avoir l’impression d’être au milieu du désert,
il suffit de parcourir 50 milles pour avoir l’impression d’être en plein milieu de l’océan.
 
Aujourd’hui, j’ai établi un nouveau record de lenteur, 45 milles nautiques en 24 heures!
Encore 50 mn jusqu’à destination; à ce rythme là je devrais arriver demain en milieu de journée.
Après tout pourquoi pas?
La mer est plate, le bateau est stable (je peux poser un verre sur la table sans avoir peur qu’il se renverse).
C’est une drôle de sensation que de se laisser dériver.
Cette lenteur a quelque chose d’enivrant, comme une sensualité lascive…
c’est tellement bon de se laisser aller…
Avant, jamais je ne me serais laisser dériver comme ça, je serais devenu fou! J’aurais mis le moteur sans hésitation!
 
C’est quand même drôle que le vent s’arrête comme ça, juste avant d’arriver.
C’est un peu comme si la mer me retenait encore deux jours de plus,
comme si elle ne voulait pas encore me laisser partir après ces 5 semaines passées ensemble…
Ou peut-être que c’est moi qui ne veux pas encore la quitter;
après tout, je pourrais mettre le moteur…mais j’aurais l’impression de casser le charme.
 
J’ai peut-être besoin de ces deux jours en plus pour préparer mon atterrissage en douceur.
La vue de la terre après une longue nav en solitaire est toujours accompagnée d’une sensation mixte,
une forme de joie extatique accompagnée d’une certaine appréhension.
 
Tout doucement…
Tout en douceur…