Le 15 décembre 2011: petite décharge d`adrénaline à Chichime ; 09:35.24N 78:52.86W.

Yapa around the world
Benmoussa Hicham
Mon 19 Dec 2011 00:43

Nous avons profité d`un relatif beau temps pour filer sur Porvenir, se mettre en règle auprès des autorités kuna, faire quelques courses à Wibchuala et arriver en milieu d`apres-midi à Chichime. C`était une très brève accalmie, car depuis le soleil se montre peu et il pleut, il pleut, ….

Ce matin, on a été réveillé par l`éolienne qui s`emballe et le vent qui hurle dans le gréement. Notre anémomètre  indique des rafales à plus de 35 nœuds. Ce n`est pas un petit grain comme d`habitude, il n`y a pas de pluie et ça n`a pas l`air de se calmer. On est un peu inquiet mais confiant en notre bonne ancre spad qui n`a jamais dérapé, même sous des rafales à plus de 40 nœuds au Cap Vert. On met notre nez dehors. Aie ! Le bateau de Marco dérape et file inexorablement vers la petite ile à 3 palmiers qui indique l`entrée du mouillage. Il ne peut rien faire, son moteur est en panne, nous non plus, il y a trop de vent pour s`aventurer en annexe dans la baie. Heureusement, le vent le pousse vers le banc de sable et non pas vers les coraux.

A notre tribord, un bateau suédois arrivé la veille lui aussi dérape. Le capitaine, un très vieux monsieur et sa dame sortent en panique, en slip et petite culotte. Monsieur est à la barre, moteur à plein régime et sa femme à l`avant, essayant de remonter la chaine à la main. Le voilier fait un étrange ballet autour de sa chaine. Il avance très vite rendant impossible la remontée de l`ancre et son capitaine contrôle mal la barre. A intervalles réguliers, il fait un tour complet autour de sa chaine. Le voilier derrière lui dérape aussi. On comprend plus tard que c`est certainement les suédois qui lui ont emporté leur ancre. Ils se réancrent, redécrochent, les suédois continuant leur ballet absurde devant leur proue. Finalement, ils prennent la décision de partir vers le large, sage décision, même si elle est inconfortable.

Le terrain de jeu des suédois s`agrandit, mais ils s`approchent de plus en plus de Yapa. On ne comprend pas ce qu`ils font, le monsieur à fond les manettes tournant autour de son ancre et la dame à l`avant tirant sans effet sur la chaine, aux risques de se faire très mal. Ils passent derrière nous, à notre babord. Hicham sort les pare-battes, au cas où. Clarisse est elle aussi en alerte, Marwan dans le porte-bébé. On suit anxieusement leur évolution. Tout d`un coup, Hicham dans une fureur noire s`écrie `Non, ils ne vont pas le faire !!!`. Mais si, ils le font. Ils passent à l`avant de Yapa en zigzaguant et ce qui devait arriver arriva, ils emportent notre ancre. Branle-bas de combat. Hicham file à l`avant en donnant ses instructions à Clarisse. Clarisse et Marwan sont à la barre jouant sur les gaz pour maintenir Yapa face au vent et lutter contre 30 nœuds de vent pour avancer lentement pendant qu`Hicham ramène la chaine. On se réancre plus loin, on sent un petit ressaut, Yapa se stabilise face au vent, on est réancré ! Le vent se calme un peu. Thomas qui suit depuis son bateau le ballet absurde des suédois en panique, va les aider. En 5 minutes, il règle le problème, les suédois se stabilisent sagement. Il nous racontera plus tard que dans la panique, ils avaient remonté la chaine en oubliant de détacher le bout accroché à la chaine qui permet de diminuer la tension de la chaine sur le guindeau. Le bout était coincé dans le barbotin et rendait impossible la remontée de la chaine. Madame ne voulait pas le couper, aller savoir pourquoi, et Thomas a du faire preuve d`autorité pour qu`elle lui apporte un couteau.

Le vent s`est calmé, on est tous réancrés. Il est temps d`aller porter secours à Marco, échoué sur sa petite plage. Les kunas sont les premiers sur les lieux et le ramène sur leur lancha. Il trouve refuge sur un bateau ami. Le vent se calmant, son bateau se déséchoue tout seul. Les copains viennent en force pour déplacer son bateau et le réancrer plus près de l`ile principale. Pas trop de casse, son safran est touché, mais réparable.