Du 23 au 25 juillet 2011: Corazon de Jesus ; 09:26.80N 78:35.13W

Yapa around the world
Benmoussa Hicham
Wed 27 Jul 2011 02:06

Ici, il n’y a pas de problèmes, il y a que des solutions.

Deux semaines et demie sont déjà passées. Hind a son avion de Panama City pour Paris à 19 heures et le coucou qui devait partir de Corazon de Jesus à 06 heures 40 et l’emmener le jour même à Panama a été annulé la veille. Que faire ? On est dimanche, loin de toute civilisation, plus de deux cents kilomètres à parcourir à travers la jungle et les montagnes sans routes jusqu’à Panama et  le prochain port relié à Panama par la route, Carti, est à plus de six heures en bateau…Carti est à 3 heures de Panama en voiture…

Et c’est donc à 18 heures, la veille de son départ qu’on se met à chercher une solution. On parle de notre problème à une personne du village qui en parle à une autre et ainsi de suite pour apprendre qu’il n’y a aucun transport de prévu pour Carti le lendemain mais qu’il y a sur l’ile, un groupe de Digicel qui font leur promo dans les San Blas et qui devrait regagner Carti  en lancha (petite barque avec gros moteur). Je vais voir ces gens, je leur explique la situation et miracle, ils acceptent de nous prendre avec eux (moi et ma sœur) en nous expliquant qu’ils devront s’arrêter 2 heures sur une autre ile pour vendre des téléphones. Départ le lendemain 6 heures du matin.

Le temps d’embarquer tout leur matériel et les 8 personnes de leur équipe, il est 7 heures. Nous sommes au total 11 personnes sur cette frêle embarcation ! Le temps de se prendre tous la main et de faire une prière, Amen et nous sommes partis. Traduction approximative de l’espagnol :

Merci Dieu pour le pain que tu as bien voulu nous donner hier,

Merci Dieu pour la santé que tu as bien voulu nous accorder hier,

Merci Dieu pour cette nouvelle journée que tu as bien voulu nous offrir,

Nous sommes entre tes mains, fais que nous arrivons sains et saufs à bon port.

Amen

Et c’est ainsi que nous sommes partis à fond la caisse sur cette embarcation qui prenait l’eau et qu’il fallait écoper régulièrement. Hind me jetait de temps à autre un regard anxieux mais presque personne n’osait parler si ce n’est pour faire des blagues sur notre situation périlleuse. Il faut dire qu’on a quand même bien rigolé. Au bout de 2 heures et demie, nous sommes arrivés sains et saufs à bon port, tous trempés de la tête aux pieds par les embruns.

Nous débarquons sur Sugdup nous ne sommes plus qu’à une demi heure de Carti. Nous débarquons aussi tout leur matériel et les voici repartis dans les rues de Sugdup pour faire leurs promo, habillés tout de rouge et complètement trempés. Heureusement, les téléphones étaient bien protégés et n’ont subi aucun dommage. Etant donné qu’on va rester ici plus de six mois, j’en profite aussi pour acheter un téléphone et profiter de leur méga promo spéciale pour les indiens Kunas : 18 dollars le téléphone et 60 dollars offerts de crédit ! C’est assez extraordinaire de voir comment cette équipe Digicel  était accueillie avec enthousiasme par les indiens Kunas. Et bien sûr, leur promo ne dura pas deux heures mais  4 heures…ce qui nous laissa à Hind et moi amplement le temps de nous promener et discuter…

C’est ainsi qu’on a pu aussi longuement parler avec Rafael, le chef d’équipe, qui voyant notre inquiétude grandir à fur à mesure que les heures passaient nous proposa spontanément de prendre en charge Hind et de l’emmener à l’aéroport avec leur bus Digicel rouge qui devait les attendre à Carti pour les ramener sur Panama le soir même. Seulement, voilà, même quand la vie vous sourit,  rien n’est jamais aussi simple.

Le bus qui devait nous attendre à Carti est bloqué à plus de 50 kilomètres de là à cause des inondations qui ont détruit l’unique route menant à ce port. Que faire ? Tic tac, tic tac, Hind doit être à l’aéroport impérativement à 17 heures et les minutes défilent inexorablement.

Finalement, quelques coups de fils plus tard, on apprend qu’il faudra remonter le fleuve sur 4 kilomètres  et que de là, on pourra rejoindre le bus par la piste en 4x4. Et nous revoilà en train de charger la lancha de tout leur matos et c’est reparti ! Il est presque 14 heures.

A l’approche du fleuve, petite inquiétude, l’embouchure semble complètement bloquée par d’immenses troncs d’arbre qui ont dus être déracinés lors de la dernière pluie. Mais notre capitaine ne se démonte pas et à force de zigzag entre les troncs et les bancs de sables, on arrive à rejoindre la rivière.  On remontera tout doucement le Rio Carti Grande pendant 3 /4 d’heure entourés d’une forêt tropicale se densifiant au fur et à mesure de notre progression. Et c’est entouré de toutes sortes de cris d’animaux, d’oiseaux, de singes hurleurs, de crocodiles dont on devinait la présence, que nous sommes arrivés en plein milieu de la jungle à un promontoire composé d’une hutte devant laquelle nous attendait effectivement un gros 4x4 !

Il est un peu plus de 15 heures et c’est là, au milieu de la jungle que je quitte Hind et que je la confie aux bons soins de l‘équipe Digicel. Rafael ne semble pas inquiet et me garantit que Hind arrivera à l’heure pour prendre son avion, si Dieu veut. Maintenant que j’ai un téléphone, il me promet de m’appeler afin de me rassurer. On s’est échangé les numéros et on s’est promis de se revoir quand on viendra à Panama City.

Quant à moi, j’ai refait tout le chemin inverse et rejoint ma petite famille après cette longue journée tellement riche en sensations et rencontres. Ca a été une belle leçon de vie pour tous les deux et une sacrée aventure dont on se souviendra longtemps et dont on rigolera encore dans bien des années !

A 5 heures et quart, Rafael m’appelle pour me dire que Hind est bien arrivée à l’aéroport et que tout c’est bien passé.

Qu’est ce que j’aime cette vie !