Morondava, le récit

Arafura
Wed 9 Mar 2011 16:04
L’approche et l’arrivée à Morondava est peu habituelle. Nous avons la sensation de foncer sur une plage mais en fait nous visons la percée d’une rivière accessible par marée haute que nous avons eu le soin de bien estimer. La rivière bifurque brusquement sur notre gauche et serpente entre la plage et la ville. Parcourant ce canal de quelques centaines de mètres, nous longeons les berges où nombreux bateaux sortis d’une autre époque sont en train de s’échouer. Les habitants semblent tout aussi surpris que nous en nous voyant passer. Nous nous rendrons compte que cette rivière est utilisée à chaque mouvement de marée pour conduire pêcheurs sur de petites pirogues à balancier ou encore de passagers agglutinés sur le pont de grandes goélettes.

Le courant de marée dans ce canal est assez puissant et notre première tentative d’accostage à quai où Arafura se fait embarquer plein travers par le courant n’est pas sans émotion. Nous décidons finalement de nous mettre à couple d’une goélette pour éviter un mauvais appui sur le quai par marée descendante. C’est l’occasion pour nous de faire connaissance avec nos sympathiques nouveaux voisins, quelques hommes d’équipage qui vivent sur leur bateau de travail et qui effectue deux fois par mois des trajets sur Majanga. Nous comprenons mieux la musculature impressionnante de ces hommes lorsque nous les voyons grimer à force de bras aux mâts ou encore en luttant deux fois par jour avec leur pagaies dans des courants parfois violents.

Cette belle soirée de dimanche nous réserve une bonne surprise, en effet, des concerts sont organisés sur la plage – infrastructure digne d’un petit paléo – et les artistes venus de la capitale (Antananarivo) vont faire danser toute la ville (et nous !) du coucher du soleil à minuit. Rythmes endiablés alternants de sonorités locales ou encore de reggaes que nous proposent ces artistes et belles chanteuses localement réputés. Il fait chaud et pour se désaltérer, il faut se rendre à l’arrière d’un camion, au milieux de la cohue, où la bière THB locale est vendue par quatre personnes ; deux s’occupent d’encaisser, deux autres donnent les bières. L’organisation est délirante, parfois, après avoir payé, il faut s’acharner pour recevoir les bières et d’autres fois, à l’inverse, on reçoit directement les bières et impossible de payer … commerce à la locale, mais là encore tout le monde semble incroyablement honnête.

Morondava est une petite bourgade tranquille où tous semblent heureux d’y vivre. Le marché est, comme partout à Madagascar, très vivant et foisonnant de monde. Bien que carnivores, la vue de nuages de mouches sur la viande traînant sur les stands nous motive à se fournir uniquement de fruits et légumes. Nous mangerons probablement cette même viande, sans trop y penser, dans un magnifique et excellent restaurant situé sur la plage, ventilé par le vent du large et qui nous servira un peu de base pour cette escale.

Après deux nuits, il est temps de reprendre notre route vers le Sud. Mal informé des heures de marées, nous arrivons in extremis à appareiller, le bateau commence à s’échouer. Grâce au matossage humain vers la proue afin d’alléger l’arrière et en s’aidant de longs bambous pour s’appuyer sur le fond de la rivière, notre sortie sera possible. Le dernier passage étroit s’ouvrant sur la mer et son brisant est impressionnant.

21.44.558s 43.21.292e