Morondava 06 mars

Arafura
Sun 6 Mar 2011 11:25
Que d’eau a passé sur le pont avant d’atteindre cette petite ville perdue dans les lignes interminables de l’horizon malgache ! Cinq, dix ou quinze, on ne les compte plus ces explosions météorologiques locales qui vous saisissent presque par surprise et qui s’annoncent par quelques gouttes suivies par des vagues d’air froid qui dégringolent des sommets des cumulonimbus avec une force qui nous oblige à courber l’échine et à réduire la toile. Bref, notre navigation lors de cette étape, ressemble à un chassé croisé avec les coups de tabac locaux qui masquent l’horizon qui, de toute façon, ne se voient pas car les nuits sont d’encre et la lune absente (on l’attend avec une certaine impatience). Et ce qui est aussi étonnant, c’est le style vestimentaire du bord qui se décline en ceux camps : les traditionalistes (Michel et Stéphane) qui se protège des éléments avec la tenue vestimentaire règlementaire (cirés et harnais) et Laurent qui ne se s’habille que de son harnais et de sa lampe frontale. Deux écoles pour un résultat identique : tout le monde est encore en bonne santé et souriant.

Il y a deux jours, nous cherchions à mouiller pour la nuit dans un petit coin abrité, histoire d’éviter la litanie des orages nocturnes. Nous nous rapprochâmes donc de la côte (sans carte à l’échelle appropriée) et nous nous rendîmes compte que les îles décrites dans un guide nautique n’existaient plus ou du moins leurs positions étaient complètement erronées. Nous nous dirigeâmes vers une ligne plus noire que le noir ambiant, sur laquelle une petite lampe brillait de temps en temps, toujours espérant trouver un bon mouillage. Dans notre dos se gonflait un petit monstre plus noir que tous les noirs ambiants. Puis les premières gouttes, les premières rafales d’air froid et soudain l’explosion. Arafura se retrouvait au vent d’un îlot (avec ses copains les récifs) noyé dans un noir d’encre. Barre à tribord toute pour se sortir de ce mauvais pas, cap au nord, pour se retrouver nez à nez avec deux petites déferlantes brisant sur un haut fond... S’ensuit une fuite en avant, sous voilure réduite, à se crever les yeux à lire, déchiffrer les tons de noirs vers lesquels courait Arafura à cinq petits bons nœuds.

Une fois retrouvée la sécurité du large, cap au sud, vers un monde meilleur… et encore d’autres orages et une superbe nuit (très cliché, mais c’est vrai que les nuits sous la voie lactée sont superbes et donnent le vertige, à lire si nettement le passé dans les étoiles qui n’existent , pour certaines, plus… Et encore une autre nuit où la mer ressemble à un grand merdier de mauvaise humeur dans lequel Arafura trace sa route comme un forçat têtu. Et puis il y aussi cette arrivée sur Moromba au petit jour (après encore un orage teigneux qui faisait marcher le bateau à cinq nœuds avec trois mètres carré que l’artimon avait osé encore dérouler) où une goélette empruntait la passe d’entrée, à la voile. Image d’une époque qui n’existe plus en Europe. Ces hommes qui travaillent encore à la voile sont épatants et braves. Ils font tant avec si peu. Arafura les étonne et ils rêvent peut être d’avoir un outil semblable pour faire leur boulot. La rencontre des nantis (nous) et des apparents laissés pour compte demeure toujours un raccourci qui nous rappelle que notre niveau de vie demeure incroyable et nos principaux problèmes résident dans les innombrables choix que l’on peut faire chaque jour. On se sent un peu gâtés, c’est vrai, mais c’est bon !

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